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Maghreb

La crainte d’un axe terroriste

Le ministre algérien de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, visite une victime des attentats du 11 avril 2007. 

		(Photo : Reuters)
Le ministre algérien de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, visite une victime des attentats du 11 avril 2007.
(Photo : Reuters)
L’Algérie restait sous le choc, jeudi, au lendemain des attentats d’Alger qui ont fait 33 morts et des dizaines de blessés, provoquant l’inquiétude d’un retour à la période noire des années 90. Au Maroc, la police poursuivait sa chasse à l’homme et interpellait deux suspects, jeudi à Casablanca, 48 heures après que des kamikazes eurent fait exploser leurs charges, dans le quartier populaire d'al-Farah. La quasi simultanéité des deux événements, combinée à une recrudescence des activités terroristes en Tunisie et en Mauritanie, fait redouter une consolidation des liens entre les jihadistes maghrébins, sous l’égide d’al-Qaïda.

Le regain d’activité des groupes islamistes au Maghreb se confirme. La capitale algérienne était, jeudi, très éprouvée au lendemain des attentats suicide commis contre le Palais du gouvernement et un commissariat de police dans un quartier à l'est d’Alger, faisant 33 morts et des dizaines de blessés. Des actions sanglantes revendiquées par al-Qaïda au Maghreb (ex-GSPC, Groupe salafiste pour la prédication et le combat). Au Maroc voisin, deux suspects ont été arrêtés, jeudi à Casablanca, dans le quartier d'al-Farah, où des kamikazes s'étaient fait exploser 48 heures plus tôt. La police marocaine a renforcé ses mesures de sécurité sur place.

La Tunisie, elle aussi limitrophe de l'Algérie, a récemment annoncé avoir démantelé un groupe terroriste ayant des liens avec le GSPC, à la suite d'accrochages entre forces de sécurité et islamistes armés qui ont fait quatorze morts près de Tunis, en décembre et janvier derniers. En Mauritanie, mercredi, cinq Mauritaniens et un Marocain, arrêtés fin mars à Nouakchott et Nouadhibou (nord de la Mauritanie), ont été inculpés pour participation à des activités liées au terrorisme et préparation «d'actes visant l'atteinte à la sécurité du pays», selon des sources judiciaires mauritaniennes.

«Augmenter leurs capacités de frappe»

Ces groupes entretiennent-ils des liens étroits ? Leurs actions sont-elles coordonnées ou commanditées par la nébuleuse terroriste al-Qaïda, en particulier par le bras droit d'Oussama ben Laden, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri ? De nombreux spécialistes sont convaincus, en tout cas, qu’il existe des relations très fortes entre les jihadistes maghrébins, avec le soutien d’al-Qaïda.

Claude Moniquet

Directeur de l'ESISC (European Strategic Intelligence and Security Center)

«Al-Zawahiri et ben Laden confient au GSPC la mission d'être un foyer du jihad pour l'ensemble du Maghreb.»

Certains experts, toutefois, s’interrogent sur le degré d’imbrication des groupes islamistes maghrébins et le caractère structurel de leurs liens. Ainsi, selon Dominique Thomas, spécialiste des mouvement islamistes et auteur des Hommes d’al-Qaïda (éditions Michalon), la concomitance entre les attentats d’Alger et l’affaire des kamikazes de Casablanca ne signifie pas qu’il y ait eu planification des deux événements. «On ne peut pas mettre sur un pied d’égalité ce qui s’est passé en Algérie et au Maroc. Je dissocie les deux événements. Il y a, bien sûr, une grande proximité idéologique, les auteurs appartiennent à la même mouvance, il y a aussi la quasi simultanéité des actions, mais je ne vois pas de coordination. Malgré la revendication commune par un communiqué diffusé sur internet, il n’y a pas de texte susceptible d’être authentifié».

On ne pourrait donc pas, ou pas encore, parler de véritable organisation commune aux jihadistes algériens et marocains. Leur profil semblent très différents. Au Maroc, les cellules islamistes en resteraient, pour l’instant, à un stade d’implantation purement local. Il s’agit d’activistes très jeunes, peu formés, issus de quartiers déshérités et dont la motivation serait nourrie par l’exaspération sociale et le manque de perspectives économiques. «En revanche, explique Dominique Thomas, les maquisards algériens – entre 500 et 1000, selon les estimations – sont, en général, aguerris et bien entraînés. D’autant qu’ils peuvent recevoir un soutien encore plus important d’al-Qaïda, par l’apport de jihadistes revenus d’Irak. Ils œuvrent, donc, à augmenter leurs capacités de frappe (…) Leur but est de reproduire des actions meurtrières, spectaculaires et médiatiques comme celles d’Alger».



par Philippe  Quillerier

Article publié le 12/04/2007 Dernière mise à jour le 12/04/2007 à 15:20 TU

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Hasni Abidi

Directeur du Cernam

«Cet attentat signifie la naissance officielle d'al-Qaïda Maghreb.»

[12/04/2007]

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