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Nigeria

Menaces sur la présidentielle

Des incertitudes planent sur la tenue de l’élection présidentielle du 21 avril.  

		(Photo : AFP)
Des incertitudes planent sur la tenue de l’élection présidentielle du 21 avril.
(Photo : AFP)
L’élection des gouverneurs et des Parlements locaux, le 14 avril dernier, «est entachée d’irrégularités», remarquent la plupart des observateurs internationaux dépêchés au Nigeria pour l’occasion. Mais la Commission nationale électorale (INEC) juge les faits reprochés marginaux dont la nature ne pouvait modifier les résultats. Les partis de l’opposition pensent tout le contraire et menacent de boycotter la présidentielle du 21 avril.

La Commission nationale électorale (INEC) est accusée d’avoir manqué à sa mission. En premier lieu, c’est la Cour suprême qui lui conteste le pouvoir de disqualifier un candidat. En effet, le vice-président Atiku Abubakar avait été empêché de faire acte de candidature à la présidentielle. La cour d’appel d’Abuja avait jugé recevable l’obstruction faite par l’INEC avant d’être désavouée par la Cour suprême. Atiku Abubakar est donc officiellement candidat, depuis le 17 avril, mais il ne dispose que de trois jours pour faire campagne. Les délais sont courts, aussi de nombreux cadres de son parti, Congress Action (AC) ont-ils rejoint le camp de ceux qui demandent un report du scrutin présidentiel du 21 avril. Mais le parti au pouvoir, celui du président Olusegun Obasanjo, le Parti démocratique du peuple (PDP) a déjà fait savoir qu’il s’opposerait à tout report de la consultation de samedi.

Par ailleurs, les incertitudes qui planent sur la tenue de l’élection présidentielle et des législatives du 21 avril découlent également du cafouillage constaté la semaine dernière lors des élections régionales de gouverneurs et des Parlements. Selon les résultats partiels, le PDP au pouvoir aurait remporté 26 Etats sur les 33 dépouillés (le Nigeria est un Etat fédéral qui compte 36 Etats). «Nos préoccupations sont graves», déclare le chef de la mission de l’Union européenne, le Néerlandais Max van den Berg, rapporté par l’AFP. Il cite quelques faits, la plupart imputables au PDP, le parti présidentiel, pour illustrer ses propos : «Alors qu’il a perdu toutes les circonscriptions, le PDP a été déclaré vainqueur» dans l’Etat d’Oyo (sud-ouest) ; «Les résultats ont été changés sous les yeux d’observateurs européens» dans l’Etat de Kwara (ouest). «Il faut de substantielles améliorations si l’on veut élections présidentielles et législatives crédibles le 21 avril», a-t-il fait remarquer.

Les observateurs accusent

L’organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch cite aussi des exemples où ses observateurs auraient été témoins de «bourrage d’urnes en faveur du PDP». Selon l’ONG, certains bureaux de vote n’ont pas ouvert leurs portes et d’autres n’avaient pas de bulletins. Pour elle, trois mots qualifient ce scrutin : «Fraude, intimidation et violence». Des Etats-Unis, la Maison Blanche déclare «prendre au sérieux» les irrégularités et violences pointées et demande aux autorités nigérianes d’y «remédier». Mais, le président Olusegun Obasanjo et le PDP au pouvoir ont jugé le scrutin du 14 avril d’une assez bonne tenue.

Les protestations sont également venues de 18 partis d’opposition réunis à Abuja le 17 avril. Ils ont exigé «l’annulation totale du scrutin du 14 avril», «le démantèlement de l’actuelle  Commission électorale (INEC)», et son remplacement par une nouvelle structure «qui garantisse un processus électoral juste et transparent à tous les candidats». Les signataires du document se sont engagés à boycotter la consultation du 21 avril. La lecture de ce document a été faite en présence des candidats Atiku Abubakar et le général Mohuammadu Buhari. Par ailleurs, des ONG, des syndicats et des associations de défense des droits de l’homme, réunis à Abuja le 17 avril ont demandé l’annulation des résultats de samedi dernier dans 10 Etats : Anambra, Adamawa, Delta, Edo, Enugu, Kogi, Nasarawa, Ogun, Ondo, et Rivers. Ce groupe accuse aussi l’INEC de modifier les résultats en faveur du PDP. Pour causes de violence, l’INEC avait pris de lui-même l’initiative d’annuler l’élection dans l’Etat d’Imo au sud du Nigeria.

Ces violences se poursuivent également dans le nord du pays, où 12 policiers et un civil auraient été tués, le 17 avril, dans un commissariat dans la banlieue de Kano. Cette attaque est attribuée à des groupes islamistes. Mais le porte-parole de l’armée nigériane, le colonel Ayo Olanyan, parle de «groupe criminel qui terrorise Kano. L’opération en vue de leur élimination est toujours en cours», a-t-il précisé. Selon un bilan publié par l’armée 25 membres de ce groupe auraient déjà été tués.



par Didier  Samson

Article publié le 18/04/2007 Dernière mise à jour le 18/04/2007 à 15:33 TU