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Nigeria

Avis contradictoires sur une candidature

Le vice-président nigérian agite un balai, symbole de son parti Action Congress, durant un meeting à Abuja le 3 avril 2007. 

		(Photo : Reuters)
Le vice-président nigérian agite un balai, symbole de son parti Action Congress, durant un meeting à Abuja le 3 avril 2007.
(Photo : Reuters)

L’incertitude persiste sur la possibilité pour le vice-président Atiku Abubakar de se présenter à la présidentielle du 21 avril. Deux décisions de justice contradictoires viennent compliquer la donne. D’un côté, il a été débouté le 3 avril de son appel contre la Commission nationale électorale indépendante (Inec) qui avait écarté sa candidature. De l’autre, le même jour, la Cour fédérale, lui a donné raison en demandant à l’Inec de réinscrire le nom d'Atiku Abubakar dans la liste des candidats à la présidentielle.


«Non seulement la Commission électorale a le pouvoir d'examiner et de ne pas retenir des candidatures, mais elle peut enlever le nom de candidats sans avoir recours à la justice», a conclu la cour d'appel d’Abuja. Le 15 mars dernier, la Commission électorale avait écarté le vice-président Atiku Abubakar de la liste des 24 candidatures validées pour le scrutin du 21 avril, au motif qu’il était visé par une enquête sur des faits supposés de corruption. Vice-président du Nigeria depuis 1999, Atiku Abubakar s’est posé dès 2005 en successeur potentiel du président Olusegun Obsanajo. Exclu l’année suivante par celui-ci de la vice-présidence et du parti présidentiel, le Parti démocratique du peuple (PDP), Atiku Abubakar a pris la tête du Action Congress (AC), un nouveau parti politique qui rassemble des mécontents du PDP.

La présidence nigériane s’est réjouie du jugement de la cour d’appel confirmant les pouvoirs de l’Inec, qualifiant l'avis rendu d’«évènement marquant». Pour sa part, l’avocat du parti d’Atiku Abubakar a annoncé qu’il allait faire appel de cette décision. A 17 jours du scrutin présidentiel, le vice-président Atiku Abubakar espère encore faire valider sa candidature et s’appuit sur le jugement de la Haute cour fédérale en sa faveur.

En effet, mardi, la Haute cour fédérale d'Abuja a estimé que la Commission nationale électorale devait inclure Atiku Abubakar dans la liste des candidats, considérant que l'Inec n’avait pas le pouvoir d’écarter de candidatures. Lorsque le 20 mars, la Haute cour fédérale s'était réunie pour examiner en urgence la demande du vice-président Atiku Abubakar,  elle n’avait pas pu siéger en raison d’un avis d’expulsion immédiat sous menace de démolition du bâtiment. En effet, à la surprise générale, la Direction du développement de la capitale fédérale a envoyé, ce jour-là précisément, l'avis d'expulsion au moment où les juges arrivaient sur les lieux. L'avis d'expulsion «n'affectera pas notre affaire, mais bien plutôt la démocratie dans ce pays», avait déclaré alors Garba Shehu, le porte-parole du vice-président.

Le gouvernement accusé d' «ingérence»

Depuis des mois, le président Obasanjo et son vice-président Atiku Abubakar s’accusent mutuellement de fraudes et corruption. Au printemps 2006, Atiku Abubakar avait mené avec succès une fronde parlementaire contre une tentative de modification de la Constitution pour permettre au président Obasanjo de briguer un troisième mandat consécutif. En mai 2006, l’Assemblée nationale votait contre la révision de la Constitution en ce sens. Dans cette guerre ouverte entre les deux hommes, le président avait déclaré vacant le poste de vice-président après le départ de Atiku Abubakar du PDP. En février, la justice lui avait cependant donné tort.

L’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York, a dénoncé «l’ingérence» du gouvernement nigérian, dans le processus électoral, selon un rapport rendu public ce mercredi à Lagos. D'après Peter Takirambudde, directeur de HRW Afrique, quasiment tous les candidats inculpés ou empêchés de se présenter aux élections sont «soit membres de l'opposition soit des militants du parti au pouvoir considérés comme proches du vice-président Atiku Abubakar». L’organisation dénonce aussi la «réticence» du gouvernement à combattre la violence politique qui risque de miner les prochaines élections, le 14 avril (élection des députés, sénateurs et gouverneurs) et le 21 avril (la présidentielle). Depuis novembre, plus de cent personnes ont perdu la vie, victimes de violences liées aux élections, affirme Chris Albin-Lackey, responsable de HRW au Nigeria. Dans ce contexte, ce responsable de Human Rights Watch qualifie de «cruellement décevante» l’attitude passive de la communauté internationale, y compris des Etats-Unis et du Royaume-Uni.



par Elisa  Drago

Article publié le 04/04/2007 Dernière mise à jour le 04/04/2007 à 16:30 TU

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Atiku Abubakar

Vice-président du Nigeria

«Contrairement à la Commission électorale manipulée par Obasanjo, la justice l’a emporté aujourd’hui.»

[04/04/2007]

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