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Soudan

Des avions siglés Onu ont bombardé le Darfour

Des appareils peints en blanc ont effectué des missions à partir des trois principaux aéroports du Darfour : El Geneima, Nyala et El Fasher. 

		(Carte : RFI)
Des appareils peints en blanc ont effectué des missions à partir des trois principaux aéroports du Darfour : El Geneima, Nyala et El Fasher.
(Carte : RFI)

Un comité d'experts de l'Onu affirme dans un rapport confidentiel, cité mercredi par le New York Times, que les autorités soudanaises ont décidé de peindre frauduleusement des avions en blanc, avec des marques d’identification des Nations unies. Ces avions ont ensuite été utilisés dans des opérations de bombardement au Darfour. Le rapport accuse également les rebelles d’avoir violé des résolutions de l’Onu et recommande le renforcement de l’embargo des armes à destination du Soudan.


Selon ce rapport confidentiel des Nations unies, le gouvernement du Soudan est en train de transporter par voie aérienne des armes et des équipements militaires lourds en violation des résolutions du Conseil de sécurité. Des avions militaires soudanais ont été peints en blanc, déguisés en appareils des Nations unies ou de l’Union africaine.  Le quotidien new-yorkais publie une photo incluse dans ce rapport, montrant notamment l’un des appareils portant le sigle «UN» (Onu) sur l’une des ailes.

Le même rapport affirme que, en dépit des démentis du gouvernement de Khartoum aux enquêteurs de l’Onu, ces appareils peints en blanc ont effectué des missions à partir des trois principaux aéroports du Darfour (El Geneima, Nyala et El Fasher). Outre le transport d’équipements, ces avions ont participé à des opérations de surveillance aérienne et à des bombardements de villages dans cette province soudanaise. Le New York Times affirme que ce rapport a été établi par une commission composée de cinq personnes liées au Comité des sanctions, en vue de l’application des sanctions adoptées auparavant par le Conseil de sécurité. Ce rapport a été communiqué par un diplomate appartenant à l’un des 15 pays membres de ce conseil, lequel a jugé utile de rendre publiques ces informations.

Khartoum sévèrement accusé

Le comité d’experts de l’Onu a fait son enquête de septembre 2006 à mars 2007, soulignant que le gouvernement soudanais avait fait transporter vers le Darfour, dans des avions cargo, des armes lourdes et légères, ainsi que des pièces d’artillerie. Un de ces avions a dû faire un atterrissage d’urgence, le 24 février dernier, lors d’un vol de Khartoum à El Geneina. Des militaires soudanais ont gardé cet appareil pendant une semaine, d’où ils ont retiré 50 caisses en bois que le comité soupçonne contenir des armes et des munitions.

Les experts des Nations unies pensent que «l’utilisation d’avions peints en blanc par le gouvernement du Soudan constitue une tentative délibérée de dissimuler l’identité de ces appareils». En procédant au déguisement de ses avions, le gouvernement soudanais est accusé de mettre en danger le travail et le personnel des Nations unies et de l’Union africaine. Khartoum a refusé de fournir des explications qui lui ont été demandées par le Conseil de sécurité, concernant l’introduction d’armement au Darfour.

Les autorités soudanaises sont également accusées d’avoir fait peu d’efforts en vue de la dispersion des groupes armés, notamment des milices janjawid appuyées par le gouvernement de Khartoum. Le rapport décrit une attaque menée de nuit par des hommes portant des uniformes de l’armée soudanaise, contre un village au Darfour qui a été brulée, utilisant pour cela 60 véhicules tout-terrain avec des mitrailleuses. Un habitant âgé de 105 ans a été brulé vif et trois filles ont été enlevées et violées.

Les rebelles du Darfour également condamnés

Ce rapport est particulièrement sévère vis-à-vis des autorités soudanaises, mais il signale également que plusieurs groupes rebelles qui combattent le gouvernement de Khartoum transportent aussi de l’armement, en violant les contrôles frontaliers entre le Soudan et le Tchad, tout en augmentant la criminalité dans cette région, où les forces de maintien de la paix et les agents humanitaires sont victimes d’attaques. Le rapport souligne que «le crime organisé et les actes de banditisme sont devenus des moyens d’existence pour plusieurs groupes qui opèrent au Darfour et dans d’autres Etats voisins». Les organisations humanitaires affirment que la guerre civile au Darfour, opposant notamment des rebelles noirs et des milices arabes, a provoqué 200 000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis quatre ans. Le gouvernement soudanais affirme que ces chiffres sont exagérés.    

Le journal américain souligne que ce rapport des experts de l’Onu a été rendu public le lendemain de la décision prise par Khartoum de permettre un renforcement des effectifs des troupes de maintien de la paix de l’Union africaine au Darfour, avec le déploiement de 3 000 agents de la police militaire et de six hélicoptères de combat. Le ministre soudanais des Affaires étrangères Lam Akol a pressé mercredi l’Onu de trouver les financements nécessaires à cet effet. Khartoum refuse que les soldats de l’UA, pourtant en nombre limité et mal financés, soient remplacés par des forces des Nations unies. Le Conseil de sécurité va entamer jeudi des discussions, à la demande des Etats-Unis et du Royaume-Uni, en vue de l’adoption de nouvelles sanctions contre le Soudan.



par Antonio  Garcia

Article publié le 18/04/2007 Dernière mise à jour le 18/04/2007 à 15:46 TU