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Commerce mondial

APE dans l’impasse, les ONG se mobilisent

La résistance internationale contre les accords de partenariat économique (APE) se poursuit. 

		(Source : www.oxfam.org)
La résistance internationale contre les accords de partenariat économique (APE) se poursuit.
(Source : www.oxfam.org)
Les négociations concernant les accords qui libéraliseront à partir de 2008 les échanges commerciaux entre les pays ACP, Afrique-Caraïbes-Pacifique, et l'Union européenne s’enlisent. A l'appel de différentes ONG, plusieurs manifestations devaient avoir lieu devant les ambassades allemandes à travers le monde. L'objectif est de faire pression sur la présidence allemande de l’UE pour faire reporter la date butoir de l’accord ou le rendre plus favorable aux pays ACP.

La tension monte au fur et à mesure que l’échéance approche. Le 31 décembre 2007 marquera la fin des préférences commerciales accordées depuis plus de trente ans par l’Europe à ses anciennes colonies. Les accords de partenariat économique (APE) actuellement en négociation devraient remplacer ce régime préférentiel. Ainsi en a décidé l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) suite à plusieurs plaintes des pays latino-américains. Le dispositif actuel qui autorise les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique à exporter plus de 95% de leurs produits sans droits de douane sur le marché européen tout en taxant les importations provenant d’Europe, est régi par l’Accord de Cotonou, signé le 23 juin 2000.

Début 2008 devraient s’instaurer progressivement des zones de libre-échange entre l’Union européenne et les 77 pays ACP regroupés en six blocs régionaux (Afrique de l’ouest, orientale, centrale, australe, Caraïbes et Pacifique) sur le principe de la réciprocité. Certains produits sensibles, dont le sucre et le riz, continueront à être protégés durant une période transitoire. Reste que la négociation n’est pas prête d’aboutir. De nombreuses divergences demeurent. Les ACP s’inquiètent de la disparition des protections dont bénéficient leurs produits sur les marchés européens. Selon eux, la mise en œuvre des APE présente des risques majeurs pour leurs économies fragiles.

Les filières agricoles et industrielles menacées d’effondrement

Plusieurs ONG, dont l'association britannique Oxfam, ont organisé, jeudi 19 avril, une journée de mobilisation devant les ambassades allemandes à travers le monde, afin d’exercer une pression sur la présidence allemande de l’Union européenne. Pour ces ONG, «l’échéance de la fin 2007 ne doit pas être imposée, si les pays concernés ne sont pas prêts à signer. L’ Union doit s’engager à continuer d’appliquer le système actuel de préférences généralisées, jusqu’à ce que des accords commerciaux équitables soient mis en place». Selon Oxfam, la libéralisation des échanges vers laquelle on s’achemine actuellement risque d’avoir des conséquences désastreuses pour l’Afrique. En cas d’ouverture des marchés aux produits européens compétitifs, les filières agricoles et industrielles sont menacées d’effondrement. Des effets dévastateurs qui toucheront tout le tissu industriel et les populations de ces pays.

Même la dernière offre de Bruxelles, début avril, a été largement critiquée. Le 4 avril dernier, l’Union européenne a ainsi proposé la suppression de tous les droits de douanes et quotas pour les exportations de tous les pays ACP, à l’exception de l’Afrique du Sud. Cette proposition ne change rien aux inquiétudes des ACP. Ils dénoncent toujours les dangers que représentent, pour eux, les importations venus des pays du nord. Mais aussi, la modestie des aides financières qui doivent accompagner ces nouvelles dispositions. Et notamment, dans les secteurs dans lesquels les barrières douanières devront tomber. L’UE s’est engagée à augmenter son aide au commerce pour atteindre 2 milliards d’euros, par an, d’ici 2010 (1 milliard de la Commission, 1 milliard des Etats membres). Mais la Commission, qui a déboursé 840 millions d'aide au commerce en 2005, craint qu'au rythme actuel, les Vingt-sept ne tiennent pas cet engagement. Ils n’ont pour l’instant dégagé que 300 millions d’euros.



par Myriam  Berber

Article publié le 19/04/2007 Dernière mise à jour le 19/04/2007 à 14:43 TU