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Nigeria

Le scrutin du 21 avril maintenu

Trois jours après le scrutin du 14 avril, dix-huit partis d’opposition, de nombreuses organisations non gouvernementales et des syndicats s’étaient retrouvés, à Abuja, dans des réunions différentes, pour tirer les enseignements du scrutin du samedi 14 avril. Ils étaient tous convenus du mauvais déroulement des opérations de vote pour l’élection des gouverneurs et des Parlements régionaux. Les contestataires avaient alors menacé de boycotter de la présidentielle et des législatives du 21 avril si la consultation du 14 avril n’était pas purement et simplement «annulée». La menace a fait long feu.
Atiku Abubakar, candidat du parti Action Congress. 

		(Photo : Reuters)
Abubakar Atiku, candidat du parti Action Congress, renonce au boycott de la présidentielle du 21 avril.
(Photo : Reuters)

L’unanimité avait été faite dans l’opposition pour constater les fraudes et autres violences qui avaient émaillé l’élection des gouverneurs et des Parlements régionaux. Mais sur le thème du boycott, cette unanimité a eu du mal à se consolider. Les organisations politiques, syndicales et autres associations avaient mis la barre très haut en exigeant du gouvernement un report de la présidentielle et la dissolution de la Commission électorale (INEC), soupçonnée de truquer les résultats en faveur du parti au pouvoir, le Parti démocratique du peuple (PDP). La forte mobilisation autour du désaveu de l’INEC avait servi d’argument massue aux contestataires pour exiger la reprise totale du processus électoral entamé le 14 avril. Faire pression était leur mot d’ordre d’autant qu’ils avaient reçu des appuis des observateurs internationaux, eux-mêmes, très réservés sur la poursuite en l’état du processus.

Mais dès la publication des communiqués de protestation et de demande de report de la consultation du samedi 21 avril, le pouvoir a montré son intransigeance en prenant le contre-pied de toutes les conclusions de fraudes établies par les observateurs. Une déclaration par-ci une autre par-là, toutes savamment dosées, ont d’abord été à la charge des porte-parole du PDP qui ont jugé les élections du 14 avril «libres, équitables et transparentes». «Nous n’allons pas stopper le processus démocratique à cause de l’ambition personnelle d’un ou de deux candidats», avait déclaré John Odey, le secrétaire national aux relations extérieures du PDP. Après que ce parti, vainqueur pour l’instant des élections régionales du 14 avril, a occupé le terrain médiatique, la très contestée Commission électorale a repris la main en annonçant le 19 avril, que «l’élection est maintenue».

Oui à la participation

Très rapidement, le camp du boycott s’est fissuré. La fragilisation a été accentuée par un communiqué de Washington qui, tout en condamnant le mauvais déroulement des élections du 14 avril, a invité l’opposition à revenir sur sa décision de boycott. Pour faire bonne mesure, Washington a également demandé au pouvoir nigérian de prendre toutes les dispositions utiles pour éviter «les irrégularités relevées lors des élections des gouverneurs et des Parlements locaux le 14 avril». Par ailleurs, les partis politiques signataires du boycott avaient pris la décision de se retrouver le 19 avril pour «analyser» la situation. Cette précaution préparait déjà une sortie dont personne ne doutait au Nigeria.

Buhari, le principal opposant candidat à l'élection présidentielle. 

		(Photo : Reuters)
Muhammadu Buhari, candidat de l'ANPP.
(Photo : Reuters)

En effet, à l’issue de la réunion «d’analyse de la situation», le couperet est tombé. Non au boycott. Nous allons aux élections. Les partis politiques, à l’inverse des associations et syndicats, ont jugé qu’ils avaient plus à perdre en boycottant le scrutin du samedi 21 avril. Le «All Nigeria Peoples Party (ANPP)», du candidat et ancien président Muhammadu Buhari a renoncé au boycott en motivant sa décision, «en tant que démocrates authentiques et patriotes», d’empêcher le PDP de «prolonger son maintien en fonction». Même son de cloche à Action Congress (AC) du candidat, vice-président, Abubakar Atiku, dissident du parti au pouvoir et qui veut prendre une revanche sur ses anciens amis.



par Didier  Samson

Article publié le 19/04/2007 Dernière mise à jour le 19/04/2007 à 17:00 TU