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Mali

La campagne tarde à démarrer

Près de sept millions d’électeurs maliens sont appelés à participer au scrutin présidentiel. La campagne électorale, qui a démarré le lundi 9 avril, n’arrive pas à mobiliser la population, ce qui n’était pas le cas lors des scrutins présidentiels précédents. Le président sortant Amadou Toumani Touré (dit ATT) semble être en bonne position pour assumer un second quinquennat.

(Photo : M. Mas / RFI)
(Photo : M. Mas / RFI)

Le Mali vit une campagne discrète, ce qui peut être expliqué par le manque de moyens de la plupart des candidats en lice. Le président sortant, Amadou Toumani Touré, est le seul des huit candidats en lice qui peut se permettre de réaliser une véritable campagne dans l’ensemble du pays et même auprès de la diaspora immigrée dans les Etats voisins. Les observateurs à Bamako considèrent que la caution de 10 millions de francs CFA (15 000 euros) demandée à chaque candidat, ainsi que le système de parrainage de députés et d’élus régionaux, peut expliquer le nombre réduit de prétendants à la magistrature suprême. Lors de l’élection de 2002 il y avait eu pas moins de 24 candidats. Plus d’un millier d’observateurs étrangers sont attendus pour suivre le déroulement du scrutin, après avoir demandé leur accréditation auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Amadou Toumani Touré, 59 ans, qui se présente comme candidat indépendant est appuyé par 44 partis politiques, réunis au sein de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) qui parient sur une victoire dès le premier tour de l’élection. L’opposition radicale regroupe 16 partis qui font partie du Front pour la démocratie et la République (FDR). Cette opposition a décidé de présenter quatre candidats : Ibrahim Boubacar Kéita (dit IBK) président de l’Assemblée nationale, Mamadou Sangaré, dit Blaise, Tiébilé Dramé et Soumylou Boubeye Maïga. Le FDR pense que la présence de plusieurs candidats, le 29 avril, est justifiée en prévision du transfert de voix lors d’un second tour. Deux candidats de l’opposition modérée, Oumar Mariko et Madiassa Maguiriraga, seront également présents au premier tour ainsi que Sidibé Aminata Diallo, la seule femme candidate qui se présente comme indépendante.

Les observateurs pensent que les candidats de l’opposition ont une marge de manœuvre assez limitée, étant donné que le président sortant a mis en place, depuis son élection en 2002, un régime de «consensus» avec la plupart des forces politiques du pays représentées au gouvernement, faute de majorité parlementaire. Plusieurs candidats de l’opposition radicale et modérée vont participer également aux élections législatives de juillet.

Appui des touaregs

Il faut noter qu’Amadou Toumani Touré bénéfice aussi de l’appui des ex-rebelles touaregs. En mai 2006 plusieurs centaines de touaregs avaient attaqué trois camps militaires de la ville de Kidal, dans le nord-est du pays, faisant six morts. Un accord de paix a été signé en juillet à Alger, aux termes duquel 2 000 rebelles ont rendu leurs armes. Bamako s’est engagé à aider la réinsertion économique et sociale des touaregs. L’opposition a critiqué cet accord, et a accusé le président de «faiblesse». Dans un entretien à Jeune Afrique, ATT a refusé ces critiques, soulignant que «favoriser le dialogue politique plutôt que celui des armes est toujours le meilleur choix».

(Carte : RFI)
(Carte : RFI)

En mars 1991, le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré avait conduit un coup d’Etat contre le président Traoré et a remis le pouvoir aux civils en 1992, lors de l’élection d’Alpha Moussa Konaré.

Avec une population évaluée à près de 12 millions d’habitants, le Mali est un des pays les plus pauvres du monde, disposant d’un produit intérieur brut d’à peine 380 dollars par habitant. En termes de développement humain, le pays figure en 175ème position sur la liste des 177 Etats étudiés par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). La culture du coton est la principale activité économique du Mali, qui en est devenu le deuxième plus grand exportateur africain après l’Egypte. Le pays est très vulnérable aux problèmes météorologiques, notamment les sécheresses. Près d’un million de Maliens ont émigré vers les Etats voisins, notamment le Gabon, la Côte d’Ivoire et le Niger. Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue de 50% le 28 avril, un second tour aura lieu le 13 mai.

par Antonio  Garcia

Article publié le 19/04/2007 Dernière mise à jour le 19/04/2007 à 17:40 TU

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La campagne électorale malienne vue de Kayes

«Les portraits des candidats dans la ville sont rares.»

[19/04/2007]

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