Proche-Orient
La fin de la trêve
(Photo : AFP)
Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement palestinien Hamas, ont rompu, ce mardi 24 avril, la trêve en vigueur depuis novembre 2006, en tirant des dizaines de roquettes sur le territoire israélien, en représailles à la mort de neuf Palestiniens, le week-end dernier. Cette vague d’attaques à la roquette est la première depuis l’entrée en fonction, le 17 mars dernier, d’un gouvernement palestinien d’union nationale et intervient le jour des célébrations du 59ème anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. Alors que le président palestinien Mahmoud Abbas effectue une tournée en Europe depuis le 17 avril, un journal palestinien, al-Qods , affirme que des responsables israéliens et palestiniens négocient secrètement, en Europe, pour tenter de parvenir à un accord sur la création d’un Etat palestinien indépendant fin 2008.
Les brigades de Ezzedine al-Qassam ont revendiqué le tir, dans la matinée de mardi, de quelque 28 roquettes artisanales et de 61 obus de mortier sur le sud d’Israël. «La trêve n’existe plus», a déclaré à l’AFP le porte-parole des brigades Ezzedine al-Qassam, Abou Obaida, accusant Israël de ne pas l’avoir respectée après la mort de neuf Palestiniens pendant le week-end : deux activistes et un adolescent palestinien ont été tués par l’armée israélienne dimanche en Cisjordanie, six autres Palestiniens ont été tués la veille pendant des opérations militaires israéliennes dans les Territoires palestiniens. Samedi fut la journée la plus sanglante depuis novembre dernier. En vertu de l’accord de cessez-le-feu fin novembre 2006, l’armée israélienne avait mis fin à ses opérations militaires dans la bande de Gaza et s’était engagée à ne pas y lancer d’attaques. De leur côté, les groupes palestiniens devaient s’abstenir d’attaques contre Israël.
«Israël voit avec gravité les tirs des roquettes par le Hamas sur les villes du sud en ce jour d'indépendance. Nous ne permettrons pas au gouvernement terroriste du Hamas, qui a revendiqué ces tirs, de définir l'avenir de la région», a réagi Miri Eisin, porte-parole du Premier ministre israélien Ehud Olmert. Israël affrontera «les terroristes tout en continuant à tenter de nouer un dialogue avec les Palestiniens modérés», a-t-elle ajouté, en n’excluant pas une opération israélienne d’envergure dans la bande de Gaza. Quelques heures après les tirs, le ministre de la Défense israélien Amir Peretz a tenu une réunion d'urgence à Jérusalem avec l'état major de l'armée. Israël promet de riposter «contre les personnes impliquées en temps voulu et avec les moyens adéquats», a affirmé un haut responsable de la sécurité israélienne.
Paris exprime sa «préoccupation». La France «condamne les opérations de l’armée israélienne qui ont fait neuf morts parmi lesquels deux adolescentes ce week-end en Cisjordanie» et appelle le Hamas et Israël «à ne pas entrer à nouveau dans une spirale de violence», a déclaré à la presse le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.
La présidence palestinienne avait vivement condamné dimanche l’escalade militaire israélienne dans les Territoires palestiniens. Dans un communiqué, le porte-parole de la présidence, M. Nabil Abou Roudeina a mis en garde contre les répercussions de cette escalade et accusé le gouvernement israélien de chercher à faire échouer le gouvernement palestinien d’union nationale et tous les efforts déployés par le président Mahmoud Abbas pour mettre un terme au boycott imposé aux Palestiniens.
Selon Al-Qods, les Etats-Unis et l’UE font pression sur Israël
Ce regain de tension intervient au moment même où le président palestinien effectue, depuis le 17 avril, une tournée en Europe à la recherche de soutiens pour le nouveau gouvernement palestinien d’union nationale regroupant le Hamas et le Fatah. Mahmoud Abbas est arrivé lundi soir en Italie en provenance d’Athènes où il a déclaré compter avec le soutien des Etats-Unis pour une percée dans les discussions de paix. Ce mardi, le président palestinien a été reçu en audience privée par le pape Benoît XVI. Dans un communiqué, le Saint-Siège a salué les efforts en cours pour relancer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
Pour sa part, avant de recevoir mardi soir le président palestinien, le chef du gouvernement italien Romano Prodi a déclaré que «Israël devra faire des sacrifices, en même temps que les pays arabes, et garantir aux Palestiniens un Etat indépendant, souverain, jouissant d'une continuité géographique, vivant à côté d'Israël, un Israël reconnu par ses voisins». Le responsable italien s’exprimait lors d’une cérémonie organisée par l’ambassade d’Israël, à Rome, pour célébrer le 59ème anniversaire de l’Etat d’Israël.
«Le président Bush a téléphoné au Premier ministre pour lui souhaiter une bonne fête d'indépendance. Ils ont aussi discuté de questions régionales, notamment de l'initiative de paix saoudienne», a indiqué dans un communiqué le bureau de Ehud Olmert. Washington a aussi appelé les Palestiniens à ne pas renoncer à la trêve conclue en novembre dernier. «Le chemin vers la Palestine passe par des négociations, non par l'utilisation de la violence», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, en soulignant que «les Palestiniens doivent décider s'ils veulent oui ou non créer un Etat palestinien».
Pour leur part, les partenaires au sein du Quartet pour le Proche-Orient (Union européenne, Russie, Etats-Unis, Onu) devraient se réunir début mai en Egypte, a annoncé mardi le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dont le pays préside l'Union européenne.
Selon le principal quotidien palestinien Al-Qods, des responsables israéliens et palestiniens négocient secrètement en Europe pour tenter de parvenir à un accord sur la création d’un Etat palestinien indépendant fin 2008, avant la fin du mandat du président américain Georges Bush, en janvier 2009. Citant des sources «informées», le journal affirme que ces négociations secrètes se tiennent dans une capitale européenne sous l’égide des Etats-Unis et de l’Europe et portent sur les questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien, notamment les frontières, le sort des réfugiés palestiniens, le statut de Jérusalem et des colonies juives. Al-Qods croit savoir que les Américains et les Européens ont fait pression sur les Israéliens pour qu’ils participent à ces réunions. Le gouvernement palestinien a démenti cette information. Tandis que, interrogé par l’AFP, le négociateur palestinien Saëb Erakat, tout en affirmant ne pas être au courant de telles négociations, a toutefois fait état de la tenue de rencontres «non officielles» entre Israéliens et Palestiniens.
par Elisa Drago
Article publié le 24/04/2007 Dernière mise à jour le 24/04/2007 à 16:00 TU