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Etats-Unis

Nancy Pelosi au Proche-Orient

Nancy Pelosi, a affirmé, lundi à Beyrouth, que sa visite en Syrie était «importante» pour «engager le dialogue». 

		(Photo : Reuters)
Nancy Pelosi, a affirmé, lundi à Beyrouth, que sa visite en Syrie était «importante» pour «engager le dialogue».
(Photo : Reuters)
Avec une visite d’une semaine au Proche-Orient, la présidente de la Chambre des représentants rompt notamment avec la ligne d’isolement de Damas. Nancy Pelosi rappelle également, aux Etats-Unis, que la majorité démocrate au Congrès a aussi son mot à dire en matière de politique étrangère.

De notre correspondante aux Etats-Unis

«Miss Syrie». La semaine dernière, une écharpe imprimée digne d’un concours de beauté était rajoutée sur une photo de Nancy Pelosi à la une du New York Post. La photo truquée, étalée à la une du quotidien conservateur, accompagnait les foudres des républicains purs et durs, scandalisés à l’idée que la présidente de la Chambre des Représentants ait prévu d’aller à Damas rencontrer le président Bachar al Assad.

La Maison Blanche n’a à peine pris plus de gants pour critiquer la visite du numéro trois du gouvernement américain au président syrien, la plus haute responsable américaine à se rendre à Damas depuis Bill Clinton. «Je crois que la plupart des Américains ne pensent pas que la chef de file du parti démocrate au Congrès doive rencontrer le dirigeant d’un Etat qui soutient le terrorisme», a déclaré le conseiller de la Maison Blanche Dan Bartlett, dimanche, sur la chaîne CBS, laissant entendre que la démarche de Pelosi ne représentait que les démocrates.  «Une très mauvaise idée», a résumé la porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino selon qui Pelosi devrait réfléchir au message qu’envoie une rencontre avec un pays qui «soutient le terrorisme, cherche à mettre des bâtons dans les roues du gouvernement Siniora au Liban et autorise les combattants étrangers à passer sa frontière pour se rendre en Irak». 

Une recommandation du rapport Baker

Le président George W. Bush a toujours revendiqué son refus des contacts avec Damas. Depuis l’assassinat du Premier ministre libanais Rafik Hariri en février 2005, l’administration Bush a fait rentrer son ambassadeur en Syrie pour le remplacer par un chargé d’affaires. Remise en cause par des anciens des administrations précédentes (l’ancien secrétaire d’Etat Warren Christopher, l’ex conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski), cette politique a été sévèrement critiquée par la Commission bipartite du Groupe d’études sur l’Irak : parmi ses recommandations de décembre, elle enjoignait l’administration Bush de reprendre des contacts avec la Syrie. Pendant son étape libanaise, Nancy Pelosi a rappelé qu’elle ne faisait qu’appliquer ces conclusions.

Alors que l’équipe de Bush a, jusque là, ignoré cette partie du rapport co-présidé par l’ancien secrétaire d’Etat James Baker, plusieurs parlementaires avaient déjà pris l’initiative de se rendre en Syrie, dont le sénateur démocrate John Kerry, ancien candidat à la présidentielle 2004. La ligne dure de la Maison Blanche face à Damas semble même remise en question au sein du parti du président : une délégation de trois élus du parti républicain était dimanche à Damas pour rencontrer Bachar al Assad. Nancy Pelosi a fait remarquer, lundi, que cette dernière visite n’avait pas eu l’air de déranger le gouvernement Bush.

Les démocrates aux affaires étrangères

Le courroux qu’a provoqué l’annonce de la visite de Pelosi à Damas a d’autres motifs que la relation américano-syrienne. La Maison Blanche cache mal son agacement vis-à-vis des prétentions de la nouvelle majorité démocrate au Congrès en matière de politique étrangère. Jusqu’à présent, les démocrates s’étaient cristallisés sur l’Irak et sur l’affaire de la purge des procureurs. Avec cette tournée d’une semaine au Proche-Orient, Nancy Pelosi, qui était déjà allée en Irak et en Afghanistan en janvier, annonce que c’est sur l’ensemble de la politique étrangère que le nouveau Congrès compte faire entendre sa voix. La présidente de la Chambre a d’ailleurs emmené un groupe de six parlementaires dont trois républicains. Parmi ceux qui l’accompagnent, le démocrate Keith Ellison, premier élu musulman au Congrès, Nick Rahall, deputé de Virginie orientale et petit-fils de libanais, et Tom Lantos, seul survivant de l’Holocauste au Congrès, démocrate de Californie, qui préside le comité des affaires étrangères.

Pendant son voyage, Nancy Pelosi a aussi réaffirmé les grandes lignes de la politique américaine. Devant le Parlement israélien, Nancy Pelosi a assuré que les liens des Etats-Unis avec Israël étaient «inébranlables». Elle a promis qu’elle interrogerait le président syrien sur la disparition de deux soldats israéliens aux mains du Hezbollah et d’un troisième par le Hamas l’été dernier. Alors qu’elle avait prévu de rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, elle a assuré aux élus israéliens que de parler avec des «partenaires palestiniens est un investissement sage».  Lundi à Beyrouth, elle s'est rendue au mausolée de Rafik Hariri. Nancy Pelosi a aussi prévu de se rendre en Jordanie et en Arabie Saoudite.



par Guillemette  Faure

Article publié le 02/04/2007 Dernière mise à jour le 02/04/2007 à 18:17 TU