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Comores

Crise entre le gouvernement fédéral et Anjouan

Carte de l'Union des Comores. 

		(Carte: Marc Verney/RFI, base Géoatlas)
Carte de l'Union des Comores.
(Carte: Marc Verney/RFI, base Géoatlas)
Les forces loyales au président anjouanais Mohamed Bacar, dont des éléments de la gendarmerie locale, ont attaqué à l’arme lourde la représentation de l’Union fédérale à Mutsamdu, capitale de l’île autonome d’Anjouan. Les troupes fédérales ont dû battre en retraite et l’immeuble a été occupé par les soldats anjouanais. Les affrontements avaient été déclenchés suite au déploiement de troupes fédérales dans plusieurs zones sensibles de cette ville, une décision prise par le gouvernement central qui veut remplacer le président d’Anjouan. On ignore le nombre de victimes de ces incidents qui illustrent le climat d’instabilité qui persiste dans cet archipel de l’Océan Indien. L’Union africaine (UA) a condamné les violences et a manifesté son soutien au gouvernement fédéral de Moroni.

Les autorités fédérales comoriennes ont confirmé, jeudi à Moroni, que leur représentation à Anjouan avait été occupée par des troupes fidèles au président anjouanais. «La trentaine de militaires représentant la branche de l’armée comorienne ont dû battre en retraite faute de moyens et de munitions» a affirmé jeudi, à l’AFP, le premier vice-président de l’Assemblée nationale de l’Union des Comores, Youssouf Saïd.  Les éléments des forces de gendarmerie d’Anjouan (FGA), fidèles au président sortant, Mohamed Bacar, ont utilisé des lance-roquettes lors de l’attaque contre la représentation des autorités fédérales de l’Union des Comores. Le représentant de l’Union des Comores a Anjouan, Anissi Chamsidine, a déclaré que les gendarmes avaient attaqué avec des «obus» et que l’armée comorienne était intervenue pour évacuer les personnes qui se trouvaient dans cette délégation du gouvernement fédéral. Selon des témoins, le bâtiment a été endommagé, ainsi que des véhicules de l’armée comorienne.

Les affrontements ont éclaté après le déploiement de l’armée comorienne dans des sites stratégiques de Mutsamudu, notamment devant les bâtiments abritant le ministère de l’Intérieur et le ministère des Finances d’Anjouan. Les écoles, magasins et l’aéroport d’Anjouan ont été fermés. Le gouvernement de l’Union des Comores a affirmé jeudi qu’il «n’a jamais opté pour un affrontement, dans le souci d’épargner à la population anjouanaise de nouvelles souffrances».

Ces incidents ont eu lieu après que la Cour constitutionnelle de l’Union a déclaré, la semaine dernière à Moroni, que le mandat du président anjouanais avait expiré. Le président de l’Union, Ahmed Abdallah Sambi, a ensuite nommé un président intérimaire pour Anjouan, Kaambi Houmadi, une décision qui a été vivement rejetée par le président sortant Mohamed Bacar, lequel a reçu le soutien du gouvernement de l’île de la Grande-Comore. Le président Bacar est arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en 2001. Il avait été ensuite élu en mars 2002. De nouvelles élections étaient prévues pour juin prochain. La Présidence fédérale accuse le président anjouanais de mauvaise gestion et de saper le processus de réconciliation dans l’archipel.

La  Lettre de l’Océan Indien affirme dans son dernier numéro, publié à Paris le 28 avril dernier, que le président de l’Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi a manifesté récemment  à Moroni «son désir de réviser la Constitution pour en finir avec l’existence de quatre gouvernements et présidences des îles autonomes». Dans une interview radiodiffusé le 20 avril il a estimé «aberrant» qu’un petit pays comme les Comores «soit géré par quatre présidents, quatre Parlements et comporte quatre armées distinctes». Selon le même bimensuel, le président Sambi a violement dénoncé le pouvoir anjouanais «surarmé» qui, selon lui, «génère une paralysie de l’Etat et obère les initiatives du gouvernement de l’Union». La Lettre de l’Océan Indien affirme également que le président  de l’Union des Comores a «menacé de procéder lui-même au désarmement du président d’Anjouan, Mohamed Bacar, si la communauté internationale ne s’en chargeait pas elle-même».

L’archipel des Comores, 1 850 kilomètres carrés et 600 000 habitants, regroupe les îles de Grande-Comore, Anjouan et Mohéli. La quatrième île de l’archipel, Mayotte, est une collectivité territoriale rattachée à la France. Depuis leur indépendance, en 1975, les Comores ont connu une vingtaine de coups d’Etat. L’Union des Comores a été instaurée en décembre 2001, mais le régime n’a pas été en mesure de régler les problèmes des rivalités insulaires et des conflits de compétences. L’archipel est l’un des pays les pauvres du monde avec un produit national brut d’à peine 560 par habitant, selon les chiffres établis par la Banque mondiale en 2004.    



par Antonio  Garcia

Article publié le 03/05/2007 Dernière mise à jour le 03/05/2007 à 17:41 TU