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Irak

Soutien mondial pour un pays dans le chaos

Vue générale de la conférence internationale de Charm el-Cheikh sur l'Irak.  

		(Photo: AFP)
Vue générale de la conférence internationale de Charm el-Cheikh sur l'Irak.
(Photo: AFP)
Les hauts responsable de plus de 50 pays et organisations ont adopté ce jeudi le Contrat international d’objectifs pour l’Irak. C’est l’effort économique et diplomatique le plus important, fait pour ce pays, depuis son invasion en 2003. La conférence internationale dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, a également permis à l’Américaine Condoleezza Rice de rencontrer ses homologues d'Iran et de Syrie.

«Nous avons tous dit, à un moment ou à un autre, qu'un Irak stable était dans notre meilleur intérêt», a rappelé, ce jeudi, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, à l’ouverture de la conférence internationale sur l’Irak à Charm el-Cheikh. Seulement voilà : l’Irak est  tout sauf stable. Désormais, pour sortir ce pays du chaos et de la banqueroute, toutes les solutions ne sont plus seulement envisageables mais envisagés :

Que les Etats-Unis s’entretiennent avec la Syrie ou avec l’Iran, était, il y a encore quelques mois, chose absolument inconcevable pour Washington. Depuis, le gouvernement américain a été contraint de revoir sa position : il y a eu les élections de mi-mandat, à l’occasion desquelles l’administration du président Bush a perdu sa majorité parlementaire. Il y a eu aussi le désormais fameux «rapport Baker» : le groupe d’étude sur l’Irak, conduit par l’ancien secrétaire d’Etat James Baker, avait, en décembre dernier, recommandé au gouvernement Bush d’inclure les voisins directs de l’Irak dans les discussions pour stabiliser la situation de ce pays.  

Ce jeudi, lors de la première journée de la conférence internationale sur l’Irak à Charm el-Cheikh, l’Arabie Saoudite et l’Iran ont pris les devants. Riyad et Téhéran se sont engagés à contribuer à mettre fin aux violences confessionnelles qui déchirent l’Irak. Condoleezza Rice, également présente dans la station balnéaire égyptienne, n’avait alors plus de temps à perdre. A l’occasion du déjeuner, elle a pris place non loin de son homologue iranien, Manouchehr Mottaki. Non, ils ne se sont pas assis l’un à coté de l’autre, a-t-on précisé après ce déjeuner, dans l’entourage de la chef de la diplomatie américaine, mais «la table était petite». Et même si le porte-parole du département d’Etat américain, Sean McCormack, a insisté sur le fait que l’échange entre Mme Rice et M. Mottaki n’aurait pas dépassé les formules de politesse d’usage, ce simple «bonjour» a créé l’évènement ce jeudi à Charm el-Cheikh. Il laisse espérer une autre rencontre, plus substantielle cette fois, entre les hauts représentants de Washington et de Téhéran avant la fin de la conférence, vendredi soir.

Ce que Condoleezza Rice n’a pas encore entrepris avec l’Iran, elle l’a déjà réalisé avec un autre pays, la Syrie. La Syrie, accusée par le président américain George W. Bush, comme l’Iran d’ailleurs, de faire partie de «l’axe du mal».    

Pour les Etats-Unis, des «discussions»

Cette rencontre entre Condoleezza Rice et son homologue syrien, Walid Mouallem, était la première au niveau des ministres des Affaires étrangères depuis l’assassinat, en février 2005, de Rafik Hariri, l’ancien Premier ministre libanais. Condoleezza Rice a donc préféré ne pas aborder les sujets qui fâchent, notamment la création d’un tribunal international pour juger les assassins de Hariri – création à laquelle les Syriens sont farouchement opposés. En revanche, Mme Rice et M. Mouallem ont parlé des questions sécuritaires à la frontière syro-irakienne. L’entretien, qui a duré environ une demi-heure, a été «franc et constructif», a déclaré M. Mouallem - tout sourire après la rencontre - avant d’ajouter : «Nous avons discuté de la situation en Irak et des moyens de réaliser la stabilité et la sécurité et nous avons convenu de poursuivre les négociations sur ce sujet».   

Des «discussions» se sont également déroulées entre la Grande-Bretagne et l’Iran. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, s’est en effet entretenu avec son homologue britannique, Margaret Beckett. Cette dernière a déclaré après cette entrevue : «Nous avons eu des discussions utiles qui ont simplement abouti à la reconnaissance mutuelle qu'il existe une possibilité pour une meilleure relation entre l'Iran et le Royaume-Uni»

Un contrat d’objectifs

Autre moment fort de cette journée : l’adoption,  à l’unanimité, du Contrat international d’objectifs pour l’Irak (ICI). Ce document est le résultat d’un processus de réflexion, lancé il y a un an, en juillet 2006, par Bagdad et les Nations Unies et soutenu par la Banque mondiale. Cette feuille de route, en quelque sorte, contient des mesures pour redresser, aux cours des cinq prochaines années, l’économie irakienne, tout en instaurant ce qui manque aujourd’hui le plus cruellement : une politique stable et une sécurité durable. Pour y parvenir, le Contrat d’objectifs propose avant tout des idées précises - comme par exemple la répartition des revenus du pétrole entre les différentes communautés - ce qui devrait permettre au Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, de se lancer dans un programme de réconciliation nationale entre sunnites, kurdes et chiites.

De plus, le chef du gouvernement irakien a posé, à ses créanciers, comme préalable à tout investissement, l’annulation de la dette irakienne (qui s’élève à quelque 50 milliards de dollars). «Il n'y a pas de progrès économique sans stabilité sécuritaire. La sécurité et l'économie doivent bénéficier du même intérêt», a ajouté Nouri al-Maliki.



par Stefanie  Schüler

Article publié le 03/05/2007 Dernière mise à jour le 03/05/2007 à 18:01 TU