Irak
Réunion décisive en Egypte
(photo : AFP)
La conférence sur l’Irak qui s’ouvre ce jeudi 3 mai à Charm el-Cheikh doit être consacrée au pacte international pour l’Irak, le plan quinquennal prévoyant que ce pays puisse recevoir un soutien financier, politique et technique global en échange de la mise en place d’un vaste plan de réformes. Les Etats-Unis souhaitent que l’Irak applique rapidement des lois sur le partage des revenus pétroliers. Le gouvernement de Bagdad, qui est représenté par le Premier ministre Nouri al-Maliki et par le chef de la diplomatie Hoshyar Zebari, a appelé mercredi la communauté internationale à annuler sa dette. Le gouvernement irakien va tenter d’obtenir des engagements des Etats voisins en vue de la stabilité du pays. Une rencontre préparatoire avait eu lieu le 10 mars dernier à Bagdad.
Les voisins de l’Irak sont inquiets
La conférence de Charm el-Cheik est organisée au moment où les violences à caractère politique font chaque jour des dizaines de morts en Irak et tout particulièrement les confrontations entre les milices sunnites et chiites. Le danger du terrorisme est en augmentation et s’étend au-delà des frontières de l’Irak, a déclaré mercredi le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, à son arrivée à la station balnéaire égyptienne. Une rencontre restreinte consacrée essentiellement à la sécurité réunira vendredi les représentants de Bagdad et des Etats voisins, notamment l’Arabie saoudite, le Koweït, la Syrie, la Jordanie, la Turquie et l’Iran. Le Bahreïn, l’Egypte, la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et les Nations unies vont participer également à cette réunion.
Le gouvernement de Bagdad, ainsi que les Etats-Unis, souhaitent que les voisins de l’Irak s’engagent concrètement dans une voie qui conduise à la stabilisation du pays. Mais les observateurs doutent que cette conférence puisse aboutir à un changement profond de la présente conjoncture. Plusieurs Etats, dont la Syrie et l’Iran, considèrent que la vague de violence en Irak est en grande partie provoquée par l’opposition à la présence militaire américaine et britannique. Pour sa part, Washington accuse l’Iran et la Syrie d’armer les milices chiites irakiennes. Condoleezza Rice a prévenu les voisins de l’Irak qu’ils avaient «tout à perdre» s’ils ne participaient pas à la stabilisation du pays. Le porte-parole du gouvernement de Bagdad a écarté la possibilité que le retrait des troupes américaines de son pays soit décidé lors de cette réunion.
Les autorités américaines ne s’attendent pas à des résultats spectaculaires à Charm el-Cheikh, vu la conjoncture actuelle. Pour Condoleezza Rice, «un Irak stable, unifié et démocratique sera le pilier de la stabilité au Moyen-Orient, tandis qu’un Irak instable sera une source d’instabilité pour la région». Or les relations entre le gouvernement américain et les autorités irakiennes traversent actuellement des difficultés. Washington a demandé des explications à Bagdad au sujet du limogeage de généraux sunnites qui étaient engagés dans la lutte contre des milices chiites, tandis que le principal bloc sunnite menace de quitter le gouvernement irakien dominé par les chiites. Cette question a provoqué aussi des réactions négatives en Arabie Saoudite, pays majoritairement sunnite, où les autorités se méfient des intentions du Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, qui est chiite.
La présence à Charm el-Cheik de Condoleezza Rice et du ministre iranien des Affaires étrangères Manoucher Mottaki a provoqué une vague de spéculations concernant un éventuel entretien entre les responsables des diplomaties des Etats-Unis et de l’Iran. Ce serait la première rencontre à ce niveau entre représentants des deux pays depuis vingt-sept ans, lors de la révolution islamique qui a mis fin au régime du Shah en Iran, allié des Etats-Unis. Le ministre iranien a déclaré qu’une rencontre avec Condoleezza Rice était «à l’étude». La secrétaire d’Etat américaine n’a pas exclu la possibilité de rencontrer son collègue iranien, soulignant qu’elle était disposée à répondre à «n’importe quelle question», y compris sur le programme nucléaire de l’Iran.
Une précédente conférence sur l’Irak s'était tenue sans grand succès en 2004, à Charm el-Cheikh, la ville du Sinaï frappée par des attentats meurtriers en 2005. Pour cette réunion, les autorités égyptiennes ont mis en place un dispositif de sécurité exceptionnel pour assurer la protection des représentants de près de cinquante pays, dont les pays du G8, de l’Union européenne, et du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
par Antonio Garcia
Article publié le 02/05/2007 Dernière mise à jour le 02/05/2007 à 18:02 TU