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Etats-Unis – Irak

Bush défie les critiques démocrates

Alors que le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, juge la guerre en Irak «perdue», George Bush se dit, au contraire, «optimiste» sur l’issue du conflit. Deux jours après le carnage provoqué par les attentats de mercredi dans la capitale irakienne (190 morts), le président américain a dépêché à Bagdad, jeudi et vendredi, son secrétaire à la Défense, Robert Gates. Celui-ci, lors de ses rencontres avec les dirigeants irakiens, a préconisé des «progrès plus rapides» dans les efforts de réconciliation entre sunnites et chiites.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a pressé son homologue irakien Abdel Qader al-Obeidi d'accélérer le processus de réconciliation. 

		(Photo : AFP)
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates (droite) a pressé son homologue irakien Abdel Qader al-Obeidi d'accélérer le processus de réconciliation.
(Photo : AFP)

«Notre engagement en Irak est sur le long terme, mais ce n'est pas un engagement à avoir nos jeunes hommes et femmes patrouillant sans fin dans les rues irakiennes», a déclaré, vendredi à Bagdad, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki. L’entretien s’est déroulé dans la Zone verte, le secteur de Bagdad sécurisé par l’armée américaine. Le secrétaire américain a affirmé à l’AFP avoir demandé au Premier ministre chiite de «tendre la main aux sunnites», dans le cadre du processus de réconciliation nationale.

La veille, dès son arrivée à Bagdad, Robert Gates avait tenu le même langage de fermeté. Une façon d’accentuer la pression sur ses interlocuteurs pour les inciter au dialogue, alors que les violences interconfessionnelles se poursuivaient après avoir connu un nouveau sommet, mercredi. Des attentats sanglants ont fait quelque 190 morts dans la capitale irakienne, dont au moins 140 sur le marché d’al-Sadriyah, un quartier du centre à forte majorité chiite.

Aussi Robert Gates, dont la tournée l’a d’abord conduit en Jordanie et en Egypte, a-t-il préconisé des «progrès plus rapides» dans les efforts de réconciliation entre les communautés. Selon lui, la réconciliation passe par l'adoption urgente de lois sur la réintégration des responsables de l'ancien parti Baas, au pouvoir sous Saddam Hussein, sur les hydrocarbures et la redistribution des revenus du pétrole. «Je sais que c'est difficile (…) mais il est très important qu'ils fassent tous les efforts» nécessaires, a souligné le secrétaire américain, dont c'est la troisième visite en Irak depuis son entrée en fonctions fin 2006.

«L'envoi de renforts n’aboutit à rien»

L’administration Bush se montre, auprès des autorités irakiennes, d’autant plus pressante que le Congrès, désormais dominé par une majorité démocrate hostile à la guerre, multiplie les critiques. Jeudi, le leader démocrate du Sénat, Harry Reid, a estimé que «cette guerre est perdue, et que l'envoi de renforts n’aboutit à rien, comme le montre l'extrême violence qu'on a vue en Irak cette semaine». Et d’ajouter : «Ce conflit ne peut être gagné que diplomatiquement, politiquement et économiquement».

Au même moment, George Bush s’exprimait devant des électeurs de l’Ohio, se disant, au contraire, «optimiste» sur l’issue de la guerre. «Le principal champ de bataille dans cette guerre mondiale [contre le terrorisme], c'est l'Irak (…) Nous tentons d'aider une jeune démocratie à survivre au cœur du Moyen-Orient et en même temps d'empêcher nos ennemis déclarés d'établir des sanctuaires pour nous attaquer à nouveau», a-t-il expliqué.

Veto présidentiel

Une porte-parole de la Maison Blanche a, de son côté, mis Harry Reid au défi de joindre le geste à la parole. S’il estime que la guerre est perdue, a déclaré Dana Perino, «si c'est véritablement son sentiment, on est forcé de se demander s'il a le courage de ses convictions et s'il va décider de refuser le financement de la guerre».

C’est, en effet, la semaine prochaine que le Congrès américain doit adopter définitivement la rallonge budgétaire sur l’Irak et l’Afghanistan pour l’année 2007. Les parlementaires continuaient de mettre au point, vendredi, les derniers détails du texte. Sénateurs et représentants divergent encore légèrement sur la date devant être fixée pour un retrait américain : 31 août 2008 pour la Chambre des représentants, mars 2008 pour le Sénat.

Cette loi de finances, qui devrait se voir opposer un veto présidentiel et donc être ensuite remaniée, marquera, en tout cas, une nouvelle étape dans le bras de fer entre le Congrès et la Maison Blanche à propos de la guerre en Irak.

par Philippe  Quillerier

Article publié le 20/04/2007 Dernière mise à jour le 20/04/2007 à 16:01 TU