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Irak

Conférence internationale sur fond de violences

Au moins 58 personnes ont été tuées dimanche en Irak, dont 43 dans des attentats à Bagdad, le plus meurtrier desquels a visé des pélerins chiites de retour de la ville sainte de Kerbala, à l'issue des commémorations du 40e jour après la mort de l'imam Hussein tué en 680 par la dynastie sunnite des Omeyyades et dont le mausolée se trouve à Kerbala, à 110 km au sud de Bagdad. Ces attentats sanglants interviennent le lendemain de la conférence internationale sur la sécurité en Irak, qui a rassemblé les délégations de 17 pays et organisations internationales, dont les Etats-Unis, l'Iran et la Syrie. Cette conférence, la première du genre, s'est tenue quatre ans, presque jour pour jour, après l’invasion de l’Irak par la coalition menée par les Etats-Unis et au moment où Washington semble incapable d'enrayer les violences malgré la présence en Irak de 141 000 militaires américains. Selon l’Onu, quelque 34 000 irakiens ont été tués en Irak en 2006. Les Etats-Unis ont directement reproché samedi à l'Iran des ingérences sur le territoire irakien, des accusations que Téhéran a rejetées.

Les représentants de dix-sept pays et organisations internationales réunis à la conférence internationale de Bagdad. 

		(Photo : Reuters)
Les représentants de dix-sept pays et organisations internationales réunis à la conférence internationale de Bagdad.
(Photo : Reuters)

Les responsables irakiens se sont déclarés satisfaits, estimant «positifs et constructifs» les résultats de la conférence de Bagdad. Parmi les avancées majeures, le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari a cité la création de «trois commissions de travail» sur la coopération en matière de sécurité, les réfugiés, l'énergie et le pétrole. D'autre part, tous les participants sont tombés d'accord pour une nouvelle réunion «au niveau ministériel», sans toutefois arriver à déterminer la date et le lieu de la prochaine rencontre. Les autorités irakiennes souhaitaient que la réunion ministérielle se tienne en Irak, l'Egypte et la Turquie ont, pour leur part, proposer de l'organiser.

Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki a exhorté ses voisins à cesser leurs ingérences présumées dans les affaires irakiennes. «Nous demandons que les pays de la région et d'ailleurs cessent leurs ingérences et leurs tentatives pour influencer la situation politique en Irak, en soutenant certaines confessions, ethnies ou groupes», a notamment déclaré le Premier ministre irakien, à l’ouverture de cette conférence qui comptait la présence de diplomates de 17 pays et organisations internationales notamment la Syrie et l’Iran, les deux «bêtes noires» des Etats-Unis.

Etats-Unis et l'Iran ont eu des discussions «constructives»

L'ambassadeur américain en Irak Zalmay Khalilzad a qualifié de «constructives et efficaces» les discussions avec les Iraniens à propos de la sécurité en Irak. Le diplomate américain a indiqué qu'il avait parlé à son homologue iranien durant quelques minutes à l'ouverture de la conférence sur la sécurité en Irak. Même s'il a reconnu qu'il n'y avait pas eu d'entretiens directs «substantiels» entre l'Iran et les Etats-Unis, il a affirmé qu'il avait soulevé auprès de son interlocuteur la question

de la fourniture présumée d'armes par l'Iran aux insurgés irakiens.

Cette conférence de Bagdad constituait, en effet, une première diplomatique, avec la présence, à la même table, de diplomates américains et iraniens alors que les Etats-Unis et l’Iran n’ont plus de relations diplomatiques depuis la crise des otages en 1980 et que la tension est élevée entre les deux pays sur la question du nucléaire iranien. Ces dernières semaines, les Etats-unis sont apparus plus

ouverts à une communication directe avec l'Iran. Zalmay Khalilzad a toutefois minimisé l'idée d'un changement dans la politique américaine envers l'Iran. Les Etats-Unis accusent l’Iran de fournir des armes et du soutien logistique aux milices chiites qui opèrent en Irak et accusent la Syrie de faciliter le passage et l’infiltration en Irak d’extrémistes sunnites qui veulent rejoindre l’insurrection.

Un «bon premier pas»

L'Iran a jugé dimanche que la conférence sur la sécurité en Irak qui s'est tenue samedi était un «bon premier pas», mais sans évoquer les échanges qui y ont eu lieu entre Américains et Iraniens. Selon le porte-parole de la diplomatie iranienne, Mohammad Ali Hosseini, le départ des forces américaines est la première condition au rétablissement de la sécurité en Irak.

Pour Paris, cette conférence de Bagdad constitue «un premier pas vers un réengagement concret de tous en faveur de la stabilité de l'Irak et, bien entendu, la France est prête à y apporter sa contribution», a

déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, dans une interview à l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche. Mais, pour le chef de la diplomatie française «cette mobilisation internationale doit impérativement aller de pair avec une relance des efforts de réconciliation nationale entre Irakiens».

La conférence internationale de Bagdad était la plus importante organisée dans la capitale irakienne à Bagdad depuis le sommet de la Ligue arabe en 1990, trois mois avant l'invasion du Koweït sur l'ordre de l'ancien président Saddam Hussein. Même si les observateurs ne s’attendaient pas à ce que cette conférence internationale aboutisse à des résultats concrets, les Etats-Unis ont affirmé qu’il ne s’agissait pas d’un événement isolé mais qu’elle représenterait le «début d’un processus» qui pourrait donner lieu à plusieurs réunions ministérielles.



par Elisa  Drago

Article publié le 10/03/2007 Dernière mise à jour le 11/03/2007 à 14:24 TU