Vol Abidjan-Nairobi
La pénible extraction des corps
(Photo : Reuters)
La polémique sur le retard dans la localisation du site de l'accident s'apaise mais des questions restent posées.
Le site de l’accident de l’avion «vous serre le cœur». C’est par ces propos que Titus Naikuni, directeur général de la Kenya Airways, a rendu compte de sa visite à Mbanga-Pongo, au Cameroun, aux journalistes de Nairobi (Kenya). «Les restes des corps sont éparpillés partout dans la vase. L’odeur est pestilentielle. C’est difficile pour les sauveteurs de recomposer les corps», a-t-il précisé.
81 corps sur les 114 victimes ont pu être reconstitués après quatre jours de macabres recherches. Mais les autres sont vraisemblablement restés dans la carlingue enfouie dans la boue. Une moto-pompe a été installée pour aspirer l’eau du cratère, formé par la chute de l’avion. Cependant, l’épave n’est toujours pas apparue. Selon les estimations des militaires arrivés en renfort, elle pourrait se trouver à 15 m sous terre.
Deux députés équato-guinéens, Maria Del Pilar Duetoyao Boseka, membre du Parti démocratique de Guinée équatoriale, et José Manuel Akono Monsuy de l’Union démocratique et sociale étaient parmi les passagers.
La compagnie kenyane n’a toujours pas réussi à prendre contact avec les familles de 13 victimes.
Un mauvais fonctionnement de la balise
La polémique, soulevée par la presse nationale sur la lenteur des autorités camerounaises à repérer le lieu exact de l’accident, s’est éteinte ce jeudi.
L’appareil est tombé à 5,4 km de la fin de la piste de l’aéroport de Douala, et non pas, à 150 km comme l’indiquait le signal d’une balise, initialement repéré.
«La balise de l’avion a arrêté d’émettre quelques minutes après le crash» a expliqué le directeur de l’aviation civile camerounaise, Ignatius Sana Juma à RFI. «Si une balise de détresse n’émet pas régulièrement, et elle peut le faire au moins pendant 8 heures, l’information sur sa localisation n’est pas précise».
Mercredi, le ministre camerounais de la Communication Elihezer Njoh Mouellé avait expliqué que les secours s’étaient dirigés dans l’extrême sud-ouest du pays sur la foi d’informations fournies par un centre de missions de recherches par satellite, basé à Toulouse (France). La tour de Douala avait sollicité cinq autres appareils qui volaient dans son espace aérien pour retrouver le Boeing du vol KQ507. Sans succès. C’est un chasseur qui a repéré l’avion, deux jours après sa disparition.
La commission d’enquête
«Vu le cratère creusé, on peut supposer que l’avion est descendu d’un seul bloc, donc il n’y a pas eu d’explosion», explique Ignatius Sana Juma., directeur de l’Aviation civile camerounaise. C’est la seule précision que les autorités ont donnée jusqu’à présent.
D’après les calculs de l’un des chefs pilotes de la Kenya airways qui connaît la liaison Abidjan-Nairobi, l’appareil a dû s’écraser «30 secondes après le décollage».
La boite noire contenant les paramètres de vol a été récupérée mardi. Elle est actuellement sous scellée. Apparemment, elle serait encore en bon état. La seconde boite noire avec les enregistrements dans le poste de pilotage n’a toujours pas été retrouvée.
La commission d’enquête sur l’accident du Boeing a été constituée. C’est le Cameroun qui la préside. Des experts de la compagnie kenyane y participent. Ils ont été rejoint par une équipe américaine du Conseil national de la sécurité des transports ainsi que des enquêteurs de la société Boeing.
Le Boeing 737-800 de la Kenya Airways avait été livré par Boeing à une société de location-vente basée à Singapour (Indonésie), qui l’avait immédiatement reloué à la Kenya Airways en octobre 2006.
Il faisait partie d’une nouvelle génération d’appareil, à sécurité renforcée.par Marion Urban
Article publié le 10/05/2007 Dernière mise à jour le 10/05/2007 à 12:46 TU