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Guerre en Irak

Bush attaqué de toutes parts

Sur l'Irak, le président Bush est maintenant critiqué par sa famille politique. 

		(Photo : AFP)
Sur l'Irak, le président Bush est maintenant critiqué par sa famille politique.
(Photo : AFP)
Alors que la Chambre des représentants vote ce jeudi une nouvelle loi concernant le financement de la guerre en Irak, la pression sur le président américain monte à présent, aussi au sein de sa propre famille politique. Les républicains au Congrès craignent que la politique menée par l’administration Bush en Irak puisse leur coûter des voix lors des élections présidentielles, en 2008.

Le bras de fer entre la Maison Blanche et le Capitole à Washington concernant le financement de la guerre en Irak entre dans une nouvelle phase. Ce financement est bloqué depuis le veto présidentiel de George W. Bush. Le chef d’Etat américain refuse en effet d’inclure un calendrier de retrait d’Irak dans le projet de loi finançant ces opérations.

C’est pourquoi, ce jeudi, la Chambre des représentants s’apprêtait à adopter un nouveau projet de loi. Le texte, soumis par les démocrates, prévoit de débloquer une partie seulement des quelque 100 milliards de dollars demandés pour financer la guerre durant cette année. En juillet, le Congrès devrait voter à nouveau pour décider ou non d’octroyer le reste des fonds nécessaires, et ceci en fonction des progrès accomplis en Irak.

Puisque les démocrates détiennent la majorité à la Chambre des représentants comme au Sénat, l’adoption, ce jeudi, de ce financement «par tranche» de la guerre est très probable. La Maison Blanche avait d’ailleurs annoncé que le président s’opposerait à ce nouveau vote avec un deuxième veto.

Si George W. Bush avait jusqu’à présent essayé de gagner du temps pour que sa nouvelle stratégie en Irak puisse porter ses fruits, les semaines à venir risquent de passer plus vite qu’il ne le souhaiterait. Car désormais, le chef d’Etat ne doit plus seulement défendre sa politique de guerre devant ses adversaires démocrates et des députés indépendants mais aussi au sein de sa propre famille politique.    

Les députés républicains prennent leur distance

Alors qu’ils avaient suivi jusque là leur président à pas cadencé, soutenu le renforcement des troupes américaines et une prolongation de leur présence en Irak, les républicains commencent maintenant à s’inquiéter sérieusement. La raison de leur angoisse porte un nom : l’élection présidentielle à l’automne 2008. Car les députés républicains savent pertinemment, que la course à la Maison Blanche va être dominée par un sujet : la guerre en Irak.

Après leur échec cuisant aux élections de mi-mandat à la fin de l’année dernière, à l’issue desquelles les républicains avaient dû céder leur majorité au Congrès au camp démocrate, les républicains montrent peu d’enthousiasme pour renouveler l’expérience.

A l’instar de Jack Kingston, qui explique que «trente de nos députés ont perdu leurs sièges l’année dernière, dont beaucoup à cause de la guerre». 

Face à une opinion publique de plus en plus hostile à la présence américaine en Irak et un président qui dégringole dans les sondages vers des gouffres jamais connus aux Etats-Unis (le dernier sondage du magazine Newsweek datant du 5 mai, faisait état de seulement 28% d’opinions favorables), les républicains se posent aujourd’hui ouvertement la question de savoir, quel pourrait être le prix à payer dans les urnes pour avoir soutenu une telle débâcle.

Certes, quelques membres du parti campent encore sur des principes de morale - comme par exemple John Boehner, le leader de la fraction républicaine à la Chambre des représentants : «Quand je pense à ce que l’Irak signifie pour notre nation, et à ce qu’une défaite signifierait pour nous, ceci est vraiment beaucoup plus important que n’importe quelle élection». Mais de plus en plus nombreux sont ceux, chez les républicains, qui refusent un suicide collectif avec le gouvernement en place.  

Au lieu de ruminer ces appréhensions dans les couloirs du Capitole à Washington, onze députés républicains de la Chambre des représentants ont pris une décision : exposer leurs craintes directement au président en personne.

C’est ainsi que George W. Bush s’est vu confronté, mardi après-midi, à un discours d’une franchise tout à fait inhabituelle : la situation en Irak devrait s’améliorer rapidement sans quoi le chef d’Etat risquerait fortement de perdre des soutiens au sein de son propre parti. Car le soutien de l’opinion à la guerre était en recul dans des circonscriptions sensibles pouvant basculer aussi bien d’un côté que de l’autre. Telle était la mise en garde exprimée par les onze républicains ayant participé à la réunion privée avec le président.

Si les députés n’ont pas hésité à communiquer sur le contenu de leur discussion avec George Bush, la Maison Blanche, de son côté, s'est refusée à tout commentaire : «Je ne vais pas commenter ce que le président a pu dire ou ne pas dire dans une réunion avec des parlementaires. Il rencontre régulièrement des membres du Congrès et leur demande leur opinion sans fard et leurs conseils, en toute franchise», a déclaré son porte-parole, Tony Fratto.

La normalité affichée dans le «bureau ovale» n’arrive plus à masquer une réalité qui ne peut échapper à l’administration Bush : si les républicains mettaient vraiment un terme à leur solidarité envers le président, les efforts des démocrates pour commencer le rapatriement des troupes américaines envoyées en Irak pourrait connaître une accélération inespérée.

Pourtant, une autre variable reste à définir : une désolidarisation avec la politique de l’administration Bush en Irak, peut-elle encore sauver le Parti républicain ? Le député Tony Fabrizio voir des choses différemment : «Le parti est de toute façon enfermé dans sa réputation d’être le parti de la guerre. Notre seule rédemption consiste en un succès en Irak». 



par Stefanie  Schüler

Article publié le 10/05/2007 Dernière mise à jour le 10/05/2007 à 15:37 TU