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Présidentielle 2007

Fillon : son ascension vers Matignon

François Fillon, ce jeudi 17 mai à la sortie de l'Elysée, après l'annonce de sa nomination au poste de Premier ministre. 

		(Photo : Reuters)
François Fillon, ce jeudi 17 mai à la sortie de l'Elysée, après l'annonce de sa nomination au poste de Premier ministre.
(Photo : Reuters)
François Fillon a été nommé Premier ministre par le nouveau président, Nicolas Sarkozy. Après son éviction du gouvernement en 2005, à l’arrivée de Dominique de Villepin, François Fillon prend sa revanche en lui succédant à Matignon. Député puis sénateur de la Sarthe, sa terre natale, président de la région, quatre fois ministre, son nom reste principalement associé à la réforme des retraites qu’il a fait passer lorsqu’il faisait partie du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Mais dans le cas de la nomination de François Fillon à Matignon, on aurait pu le faire à moindre risque. Son nom circule, en effet, depuis des mois comme celui du futur Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Bien sûr, d’autres candidats ont tenté de lui faire concurrence comme Jean-Louis Borloo ou Michèle Alliot-Marie. Sans succès. Leur méthode qui a plutôt consisté à se faire désirer et à monnayer leur ralliement au candidat à la présidentielle ne leur a pas permis de prendre l’avantage sur celui qui travaillait avec Nicolas Sarkozy depuis des mois.

L’ascension de François Fillon vers Matignon a, en fait, commencé par une déception. Celle qu’il a ressentie lorsque Dominique de Villepin ne l’a pas gardé dans l’équipe gouvernementale au moment où il a succédé à Jean-Pierre Raffarin en juin 2005. François Fillon a vécu cette décision comme une disgrâce et s’est alors rapproché du rival direct du Premier ministre, Nicolas Sarkozy. Il a choisi son cheval pour 2007 et a fait savoir à ceux qui l’avaient évincé qu’ils avaient commis une erreur : «En me virant, ils ont fait de moi le directeur de campagne de Sarko». A bon entendeur…

Des intérêts communs

Le parcours de François Fillon sur les trois dernières années ne doit donc pas grand chose au hasard. Le sénateur de la Sarthe s’est mis au service de Nicolas Sarkozy avec une petite idée derrière la tête. Et cela n’était certainement pas, au départ, une question d’affinités personnelles. Car ils n’en avaient pas a priori. On peut même dire qu’ils avaient plutôt un ou deux contentieux politiques en réserve. Par exemple, celui de 1999, quand François Fillon avait pris la décision de se présenter à la présidence du RPR contre Nicolas Sarkozy qui postulait pour succéder au dirigeant du parti démissionnaire, Philippe Séguin, lui-même mentor politique de François Fillon. Une initiative qui n’avait pas été du goût du futur président.

Mais bon… quand les intérêts particuliers deviennent des intérêts communs, les mésententes passées s’oublient et les nouvelles alliances politiques se nouent plus facilement. C’est ce qui s’est produit. Les deux hommes ont joué la carte du ticket pour la présidence : l’un à l’Elysée, l’autre à Matignon. Et François Fillon a intégré le cercle rapproché des collaborateurs de Nicolas Sarkozy à l’UMP puis dans l’équipe de campagne. François Fillon a notamment pris en charge l’organisation des conventions thématiques du parti majoritaire et surtout c’est lui qui a élaboré le projet législatif. Pendant la campagne, il a fait partie de toutes les réunions stratégiques et a participé aux meetings.

Le plus sarko-compatible des premiers ministrables

Le tandem s’est ainsi rôdé. D’autant mieux que François Fillon a réussi à devenir le plus sarko-compatible des premiers ministrables. Leurs tempéraments sont pourtant très éloignés : l’un ne peut vivre que sous le soleil, quitte à se brûler un peu parfois. L’autre préfère l’ombre, ce qui n’en fait pas pour autant un simple faire-valoir. L’un médiatise sa vie privée, l’autre préfère se retirer dans sa gentilhommière de la Sarthe avec sa famille, loin des caméras. Ils ont des personnalités différentes mais aucun n’en manque. Ils se complètent en se respectant. Et ils savent à quoi s’en tenir l’un sur l’autre. En acceptant Matignon avec Nicolas Sarkozy à la présidence, François Fillon sait qu’il devra travailler avec un chef de l’Etat omniprésent, que sa marge de manœuvre sera limitée. Il ne sera donc pas pris au dépourvu.

Le nouveau Premier ministre prend néanmoins ses fonctions avec l’ambition de réformer. Et notamment de s’attaquer à un pan de la réforme des retraites qu’il n’avait pas pu mener à bien en 2003 lorsqu’il était ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité dans le gouvernement Raffarin : celui des régimes spéciaux. L’alignement sur le régime général des retraites dans certaines branches comme celle des transports publics (SNCF), ou de l’énergie (EDF-GDF), notamment en terme de durée de cotisation, fait partie des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. Il s’agit d’un dossier très sensible sur lequel il devra faire preuve de beaucoup de prudence et de savoir-faire avec les syndicats. Mais François Fillon en a l’habitude. Il n’est d’ailleurs pas un adepte du passage en force. Au contraire, ce «gaulliste social» est plutôt considéré comme un homme qui préfère la négociation au conflit. A Matignon, il va certainement mériter encore plus son ancien surnom de «Courage Fillon».


Biographie de François Fillon

Né au Mans (Sarthe) le 4 mars 1954. Son père était notaire, sa mère universitaire.

Marié à Penelope Clarke (Galloise), père de cinq enfants (Marie, Charles, Antoine, Edouard, Arnaud).

Maîtrise de droit public (université du Mans), diplôme d’études appliquées en droit public et en sciences politiques (université René Descartes et Fondation nationale de Sciences politiques à Paris).

Carrière politique

Assistant parlementaire de Joël Le Theule (député de la Sarthe) 1976-77.

Chargé de mission au cabinet de Joël Le Theule (ministre des Transports 1978-80, puis de la Défense 1980-81).

Conseiller municipal de Sablé-sur-Sarthe (1983-2001).

Député de la Sarthe (1981-1993 puis 1997-2002, puis 2002-2004).

Membre du Conseil général de la Sarthe (1992-1998).

Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (1993-1995).

Ministre des Technologies de l’information et de la Poste (1995), Ministre délégué à la Poste, aux Télécommunications et à l’Espace (1995-1997).

Président du conseil général des Pays de Loire (1998-2002).

Ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité (2002-2004).

Conseiller municipal de Solesmes (depuis 2001).

Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (2004-2005).

Sénateur de la Sarthe (depuis 2004).

François Fillon consacre son temps libre à quelques passions : la course automobile, la tauromachie, l’alpinisme ou la lecture (son auteur préféré est Chateaubriand).

par Valérie  Gas

Article publié le 17/05/2007 Dernière mise à jour le 17/05/2007 à 09:36 TU