Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Présidentielle 2007

Vent nouveau à l’Elysée

Le président français Nicolas Sarkozy, dans les jardins de l'Elysée, le 16 mai 2007. 

		(Photo: AFP)
Le président français Nicolas Sarkozy, dans les jardins de l'Elysée, le 16 mai 2007.
(Photo: AFP)
La cérémonie de passation de pouvoir entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy s’est déroulée dans une ambiance détendue et chaleureuse, où l’émotion a tout de même finalement pointé son nez. Le président sortant et son successeur ont donné l’image d’une transition tranquille et sereine. Leurs derniers échanges dans la cour de l’Elysée ont été souriants et ostensiblement aimables. Lors de l’allocution qui a suivi son investiture officielle comme président de la République dans la salle des fêtes de l’Elysée, Nicolas Sarkozy est en revanche apparu plus grave et ému. Il s’est engagé devant les Français à ne pas les décevoir.

Le ton est donné. L’investiture de Nicolas Sarkozy a montré que la France était bien entrée dans une autre ère. Le protocole a été scrupuleusement respecté mais une brise de nouveauté a soufflé sur la cérémonie. La présence de la famille du nouveau président, son épouse Cécilia en robe dorée, les deux fils nés de son premier mariage, ses deux belles-filles et surtout, le petit dernier, Louis, ont participé à donner un caractère inhabituel, plus décontracté et plus spontané, à cet événement. L’image de Louis admirant la décoration de grand maître de la Légion d’honneur qui attendait son père sur une table dans la salle des fêtes de l’Elysée, restera certainement dans les archives comme le symbole de l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir.

Tout comme celle du nouveau président de la République applaudissant Jacques Chirac lorsque celui-ci quittait la cour de l’Elysée. Après s’être entretenu longuement, environ 35 minutes, les deux hommes sont en effet apparus sur le perron du palais présidentiel et ont continué leur échange en se rapprochant de la voiture qui attendait le président sortant. Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac ont semblé très proches, très bienveillants l’un envers l’autre. Ils ont multiplié les signes de complicité avant de se quitter. Nicolas Sarkozy a alors salué une dernière fois Jacques Chirac de la main et a attendu que le véhicule de son prédécesseur soit sorti de la cour, avant de rejoindre les nombreux invités qui l’attendaient pour la suite de la cérémonie.

Tenir ses promesses

C’est à ce moment-là que l’on a senti le nouveau président devenir plus grave. Même s’il s’y était préparé depuis longtemps, Nicolas Sarkozy a alors franchi la dernière étape protocolaire avant d’être officiellement investi de la fonction la plus éminente. Cette émotion perceptible parce qu’assez inhabituelle chez lui, n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de prononcer ensuite un discours d’investiture engagé et déterminé.

Il a renouvelé les promesses réalisées durant la campagne électorale en déclarant sa volonté de répondre aux «exigences» des Français et notamment de «réhabiliter les valeurs du travail, de l’effort, du mérite, du respect» qui ont été au cœur de son programme présidentiel. Nicolas Sarkozy a aussi évoqué la «morale», «l’ordre et l’autorité», la «justice», le «changement», «le résultat», la rupture avec «les comportements passés», qu’il a identifiés comme autant de solutions pour répondre aux défis du monde moderne. Il s’est engagé à défendre «l’indépendance» de la France, son «identité», «l’impartialité» de l’Etat, les «droits réels», «l’Europe qui protège», «l’union méditerranéenne», le «développement de l’Afrique», «les droits de l’homme»… Mais il a aussi beaucoup insisté sur deux thèmes un peu plus nouveau dans son discours : le rassemblement et l’ouverture.

Et il n’est pas anodin que Nicolas Sarkozy ait évoqué «l’exigence de rassembler les Français parce que la France n’est forte que lorsqu’elle est unie» dans les premiers moments de son allocution. Depuis son élection, le 6 mai dernier, le nouveau chef de l’Etat a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il était devenu le président de tous les Français et pas seulement celui d’un camp. Ces propos sur le rassemblement font d’ailleurs écho à ceux prononcés par Jacques Chirac, la veille, dans son dernier message aux Français en tant que président de la République.

Le devoir de mémoire

Nicolas Sarkozy a aussi rendu hommage à ses prédécesseurs à l’Elysée au cours de son discours. Du général de Gaulle à Jacques Chirac en passant par Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing mais aussi François Mitterrand. Symboliquement, c’est peut-être l’évocation de ce dernier qui aura le plus de poids puisqu’il s’agit d’un président socialiste dont Nicolas Sarkozy a salué la capacité à «préserver les institutions et incarner l’alternance politique à un moment où elle était nécessaire». Ces propos ont participé à manifester la volonté d’«ouverture» politique d’un Nicolas Sarkozy devenu président de la République. Il a d’ailleurs expliqué dans son discours que, de son point de vue, «au service de la France, il n’y a pas de camp», ajoutant qu’il s’agit d’«un devoir». 

Il est incontestable que Nicolas Sarkozy a voulu marquer cette journée d’investiture de son empreinte et lui donner un caractère très symbolique. C’est pour cette raison qu’il a ajouté aux cérémonies traditionnelles à l’Elysée puis à l’Arc de Triomphe sur la tombe du soldat inconnu, une étape supplémentaire. Il a organisé une commémoration sur la stèle élevée au bois de Boulogne en l’honneur de 35 jeunes résistants français assassinés par l’armée allemande à la veille de la libération de Paris, le 16 août 1944. De cette manière, le chef de l’Etat a voulu rendre hommage à ces «martyrs» qui «incarnent ce qu’il y a de plus noble en l’homme face à la barbarie». Il a aussi voulu envoyer, au premier jour de son quinquennat, un message fort de liberté et d’amour de la France en rappelant à quel sacrifice ces jeunes hommes avaient consenti pour défendre leur cause et leur pays. Nicolas Sarkozy a ainsi donné sa version du devoir de mémoire et défini les valeurs qui l’animeront durant son mandat.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/05/2007 Dernière mise à jour le 16/05/2007 à 14:23 TU