Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Banque mondiale

La succession est ouverte

Paul Wolfowitz a démissionné ce 18 mai 2007.  

		(Photo : Reuters)
Paul Wolfowitz a démissionné ce 18 mai 2007.
(Photo : Reuters)
La démission de Paul Wolfowitz suscite de nombreuses réactions, dans l’ensemble, plutôt favorables. Le processus de désignation de son successeur va bientôt démarrer. La nomination du nouveau président de la Banque mondiale devrait être conforme à la tradition. D’où certaines inquiétudes des ONG.

La démission de Paul Wolfowitz est vécue globalement comme une bonne nouvelle. A l’image du ministre allemand des Finances. A quelques heures d'une réunion du G8 à Postdam en Allemagne, Peer Steinbruch a estimé que Paul Wolfowitz avait pris la bonne décision : «Il faut maintenant très vite arrêter de remuer le passé pour rétablir le plus vite possible la réputation et la capacité de fonctionnement de la BM », a-t-il déclaré.

Considéré comme l’artisan de la guerre en Irak, Wolfowitz, à la tête de la Banque mondiale, n’a pas enthousiasmé les pays du Tiers Monde.  Particulièrement en Afrique, un continent auquel l’institution bancaire a demandé sans cesse d’être exemplaire sur sa gestion financière. Dans un objectif de bonne gouvernance, Paul Wolfowitz a aussi imposé des procédures très mal vécues par les pays en développement. Pour Philippe Hugon, enseignant à l'université de Paris X et spécialiste de l'Afrique, cette démission devrait permettre à la BM de redorer une partie de son blason.  «Son départ (de Wolfowitz) est un signe positif. C’est un élément qui va permettre de recrédibiliser la Banque. Sa nomination était déjà apparue comme une provocation».

Chasse gardée de Washington

Les réactions au sein des Organisations non gouvernementales ont témoigné également d’un certain soulagement. Dans les rangs même de la Banque mondiale, le personnel s’est réjoui de cette issue. Dès le début de l’affaire, l’association des employés avait réclamé la démission de son président, estimant que la réputation de la Banque était entachée. Il va falloir «restaurer la crédibilité et ce sera plus facile maintenant que Wolfowitz est parti», a commenté Daniel Owen, coordinateur du développement social au sein de la Banque.

Le départ de Paul Wolfowitz désormais acté, le processus de désignation de son successeur peut démarrer. Traditionnellement, la présidence des deux organisations financières issues des accords de Bretton-Woods (1944) est partagée entre Américains et Européens. Selon une règle non écrite, les Etats-Unis et la Maison Blanche désignent un candidat à la présidence de la Banque Mondiale, l'Europe choisit celui de la direction générale du Fonds monétaire international. Une façon également de respecter la position d'actionnaire le plus important de l' institution que détiennent les Etats-Unis, avec 16, 38 % des droits de vote devant le Japon, l' Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. La nomination doit ensuite être approuvée par le Conseil des gouverneurs qui représentent les 185 pays membres de la Banque.

Ces dernières semaines, plusieurs voix se sont élevées pour remettre en cause cette tradition. Parmi les premiers à réagir, les ONG qui en appellent à un processus plus transparent. «Il faut faire en sorte que le prochain dirigeant soit nommé sur la base du mérite et lors d'un processus transparent. Plus globalement, il faut une réforme globale. Car le fonctionnement actuel ne laisse aucune voix au chapitre des pays en développement, les plus concernés par la banque», a résumé Sébastien Fourmy, membre de l’ONG britannique Oxfam. Même constat à la direction de Greenpeace International. Reste que ce vendredi, l’Allemagne, qui assure la présidence de l’Union européenne, faisait néanmoins savoir que le droit des Etats-Unis à proposer un successeur à Paul Wolfowitz n’était pas remis en cause.



par Myriam  Berber

Article publié le 18/05/2007 Dernière mise à jour le 18/05/2007 à 15:24 TU

Audio

Philippe Hugon

Enseignant à l'université de Paris X Nanterre et spécialiste de l'Afrique

«Le départ de Paul Wolfowitz permet de recrédibiliser la Banque mondiale.»

[18/05/2007]

Sébastien Fourmy

Responsable d' Oxfam France

«Je souhaite une élection ouverte avec plusieurs candidats.»

[18/05/2007]

Articles