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Banque mondiale

Le patron au cœur d’un scandale

Paul Wolfowitz. 

		(Photo : AFP)
Paul Wolfowitz.
(Photo : AFP)
Alors que s’ouvrent à Washington les réunions du G7-Finances, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), une affaire de favoritisme éclabousse le président de la BM, Paul Wolfowitz. Son amie Shaha Riza employée par l’institution aurait reçu des augmentations de salaires hors norme alors qu’elle était détachée au département d’Etat américain. L’association des employés de la banque demande le départ de Paul Wolfowitz.

L’assemblée générale de printemps de la Banque mondiale qui se tient samedi à Washington, s’annonce difficile pour Paul Wolfowitz. Cet ancien collaborateur de George W.Bush, qui a fait de la lutte contre la corruption son étendard, a avoué avoir favorisé sa petite amie. Lorsque Paul Wolfowitz est nommé, en juin 2005, à  la tête de la Banque mondiale, le comité d’éthique du conseil d’administration lui demande de détacher dans une autre organisation Shaha Riza : Paul Wolfowitz entretient une liaison avec cette responsable du département communication pour le Moyen-Orient de la banque. Il s’agit d’éviter tout conflit d’intérêt entre les deux parties.

Six mois plus tard, Shaha Riza est mutée. Elle quitte l’organisation internationale pour rejoindre le département d’Etat. Elle aurait reçu, selon des documents internes de l’institution transmis à la presse, plus de 60 000 dollars d’augmentation de salaire. Le Financial Times a révélé que c’est Paul Wolfowitz, lui-même, qui a demandé cette augmentation, portant les émoluments totaux de sa compagne à quelque 200 00 dollars par an, soit plus que la secrétaire d’Etat Condeleezza Rice.

Une personnalité controversée

Le patron de la Banque mondiale a reconnu les faits et présenté, jeudi, des excuses : «J’ai commis une erreur et je le regrette», a-t-il expliqué tout en soulignant n’avoir jamais «cherché à cacher ses actes». Avant d’ajouter «qu’il accepterait toute solution que lui proposera le conseil d’administration». Dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi, les administrateurs ont affirmé ne pas avoir été informés des augmentations de salaires que ce dernier avait octroyées à son amie Shaha Riza. De son côté, l’association des employés de l’institution a réclamé, jeudi, la démission de Paul Wolfowitz.

Qu’il soit démis ou non de ses fonctions ou qu’il parte de lui-même, la crédibilité de Paul Wolfowitz est d’ores et déjà fortement mise en cause. Cette affaire survient alors que la Banque tient ce week-end à Washington son assemblée semestrielle, parallèlement à celle du FMI. Cet épisode le place en position très précaire pour défendre ses vastes réformes. C’est dans ce contexte extrêmement tendu qu’il va se présenter, samedi, devant les administrateurs de la Banque, c’est-à-dire devant les représentants des 184 pays membres pour leur demander près de 30 milliards de dollars afin de financer les actions qu’il compte mener dans les pays pauvres, et pour lutter contre la corruption, l’une des priorités de son mandat.

Son plan de lutte contre la corruption dans les pays en développement a été adopté il y a quelques semaines après d’âpres discussions. La première mouture de ce plan a été contestée par le conseil d’administration, elle contournait trop les gouvernements nationaux. Depuis son arrivée il y a deux ans à la tête de la banque, la personnalité de cet ancien secrétaire adjoint à la Défense de George W.Bush et principal artisan de la guerre en Irak est très controversée. Plus politicien qu’économiste, l’ancien numéro 2 du Pentagone ne parvient toujours pas à établir le consensus, tant avec les administrateurs de la BM, qu’avec les cadres dirigeants. Plusieurs sont partis alors que dans le même temps,le néo-conservateur américain s’est entouré de collaborateurs de longue date, issus généralement des rangs du parti républicain.

La politique du patron de la banque n’est pas du goût de tout le monde et a aussi provoqué des tensions internationales. En 2006, par exemple, Paul Wolfowitz  a gelé les prêts octroyés au gouvernement du président tchadien Idriss Deby pour n’avoir pas respecté ses engagements. Une partie des bénéfices des pétrodollars devait être destinée à des programmes de lutte contre la pauvreté. Dans un objectif de «bonne gouvernance», le patron de la banque de développement a aussi imposé des procédures policières très mal vécues par les demandeurs d’emprunts. Dans le même souci de «bonne gouvernance»,  le conseil d’administration a rappelé qu’ «il agira rapidement pour déterminer les mesures à prendre » concernant l’avenir de Paul Wolfowitz.



par Myriam  Berber

Article publié le 13/04/2007 Dernière mise à jour le 13/04/2007 à 14:52 TU