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Le Tchad et la Banque mondiale se réconcilient

Producteur de pétrole depuis 2003, le Tchad devrait toucher entre 2 et 6 milliards de dollars pour les vingt-cinq prochaines années grâce au pétrole. 

		(Photo : AFP)
Producteur de pétrole depuis 2003, le Tchad devrait toucher entre 2 et 6 milliards de dollars pour les vingt-cinq prochaines années grâce au pétrole.
(Photo : AFP)

Le Tchad vient de ratifier un nouveau protocole avec la Banque mondiale sur la répartition de ses revenus pétroliers. Après avoir rompu avec l'institution internationale en faisant main basse sur les fonds pétroliers réservés aux générations futures, le régime du président Idriss Deby s’engage aujourd'hui à consacrer à des programmes de réduction de la pauvreté 70% des revenus de l'or noir.


Sept mois après leur divorce, N'Djamena et la Banque mondiale scellent leur réconciliation. L’Assemblée nationale tchadienne a adopté, mercredi 19 juillet, un nouveau projet de loi de finances, qui tient compte d'un protocole d’accord signé avec la Banque mondiale quatre jours plus tôt.

Cette dernière étape marque la fin de l’opposition frontale entre le gouvernement tchadien et la Banque mondiale concernant l’utilisation des revenus pétroliers du pays. Le Tchad s’engage ainsi à consacrer 70% de ses revenus du pétrole à des programmes prioritaires de réduction de la pauvreté. Ces programmes toucheront des domaines tels que la santé, l’éducation, l’agriculture, les infrastructures, le déminage et la bonne gestion des affaires publiques. L’accord prévoit également que les autorités tchadiennes réaffirmeront leur soutien au «collège», qui est l’autorité indépendante chargée de contrôler l’utilisation des revenus pétroliers.

«Les autorités tchadiennes se sont engagées à ce que les revenus du pétrole, et pas seulement les royalties, soient dépensés pour la santé et l’éducation et autres besoins essentiels pour les pauvres », s’est réjoui le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz. «Nous avons une bonne base pour travailler. C’est un grand pas en avant», a-t-il conclu.

Les prêts gelés  sept mois devraient être débloqués

L'enthousiasme de Paul Wolfowitz tranche avec plusieurs mois d’âpres négociations. Fin décembre 2005, le gouvernement avait remis unilatéralement en cause les accords, uniques au monde, qui le liaient à l’institution internationale depuis 1999 en régissant la gestion des revenus pétroliers. Confronté à une crise financière grave et sous la menace des rebelles, le gouvernement souhaitait puiser dans ces ressources pétrolières pour acheter des armes. Ainsi, il avait décidé de supprimer l'une des mesures phares du projet : le fonds pour les générations futures, qui était déposé dans un compte bloqué à Londres où devaient être versés 10% des revenus du pétrole. 

Pour la Banque mondiale, cet accord constituait le fondement de la coopération entre les deux partenaires et, surtout, il devait servir de modèle à travers le monde pour garantir la bonne gouvernance dans le domaine opaque du pétrole. L’organisation internationale avait donc décidé de geler tous les décaissements prévus pour le Tchad, soit 124 millions de dollars. 

En signant le nouvel accord, N'Djamena peut à nouveau compter sur quelque argent frais. En échange, mention est à nouveau faite d'un fonds destiné aux générations futures, mais pour l'instant, de manière nettement moins précise. «Les excédents de recettes par rapport aux prévisions du cadre de dépenses devront être versés dans un fonds de stabilisation pour être utilisé dans le futur», indique en effet le communiqué de la Banque mondiale.



par Sébastien  Farcis

Article publié le 20/07/2006Dernière mise à jour le 20/07/2006 à TU

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Accord sur l'utilisation des revenus pétroliers au Tchad

«Le fonds de stabilisation et le fonds pour les générations futures ce n'est pas la même chose!»

[21/07/2006]

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