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Energie

La protection du climat et l'économie

L’éolien et le solaire devraient créer près de 80 000 emplois dans l’équipement et la maintenance. 

		(Photo : AFP)
L’éolien et le solaire devraient créer près de 80 000 emplois dans l’équipement et la maintenance.
(Photo : AFP)
Ce lundi s’est tenu, à l’Elysée, la première réunion de préparation au « Grenelle de l’environnement » promis par le président Nicolas Sarkozy. L’écologie est prise de plus en plus au sérieux par les politiques conscients que les changements climatiques et l’activité économique sont liés. Une étude réalisée par la Confédération européenne des syndicats et l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie vient à point nommé. Il en ressort que la lutte contre les gaz à effet de serre créera en Europe plus d'emplois qu'elle n'en supprimera.

Plusieurs études scientifiques s’interrogent ces derniers temps sur l’impact du réchauffement climatique. Celle de la Confédération européenne des syndicats (CES), de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie (Ademe) et du cabinet d’expertise français Syndex se penche sur les répercussions potentielles sur l’emploi dans quatre secteurs : la production d’énergie (électricité, pétrole), les industries intensives en énergie (sidérurgie, cimenterie), les transports et le bâtiment-construction. C’est sur la base d’une réduction de l’ordre de 30% à 50% des émissions de CO2 dans l’Union européenne d’ici 2030 que les analyses ont été réalisées.

La lutte contre les gaz à effet de serre créera en Europe plus d'emplois qu'elle n'en supprimera. C’est la conclusion de cette étude qui sera reprise en novembre à Bali lors de la conférence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). L’industrie de la cimenterie et la sidérurgie est la première victime. Ce secteur pourrait perdre 50 000 emplois sur un effectif de 350 000, en raison de délocalisation vers les pays à bas coûts de main d’oeuvre n’appliquant pas de limitation des émissions de CO2. Le secteur du pétrole pourrait également subir une diminution d’environ 20 000 emplois sur un effectif de 120 000.

Le bâtiment, gisement pour la création d’emplois

Mais ces pertes devraient être largement compensées par la création d'activités dans l'énergie. L’éolien et le solaire devraient créer près de 80 000 emplois dans l’équipement et la maintenance. Le transport représente également un énorme potentiel de création d’emplois, grâce notamment à la recherche technologique pour rendre les voitures plus propres. Selon cette étude, le secteur de la construction et du bâtiment constitue le gisement le plus important en matière de création d’emplois. Les experts estiment que la rénovation thermique des bâtiments anciens en plus des nouvelles constructions écologiques devrait créer des emplois directs, pour la plupart non délocalisables, car liés à un territoire. Soit une augmentation de 2,5 millions d’emplois au niveau de l’Europe et 100 000 au niveau national. Les Français, favorables à 70% au respect de l’environnement et à 65% préoccupés par les économies d’énergie, sont de plus en plus disposés à faire des efforts personnels pour réduire leur consommation. Près de quatre sur dix sont désormais prêts à faire des dépenses d’isolation de leur logement.

Alain Juppé, le ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, a rencontré des ONG environnementales et des scientifiques. Seize représentants de neuf organisations de défense de l’environnement, y ont participé : le président de WWF, Daniel Richard, ses homologues de Greenpeace France et des Amis de la Terre, Yannick Jadot et Claude Bascompte, ainsi que celui de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Dans l’après-midi, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont reçu un groupe d’experts, comme le philosophe Edgar Morin, le climatologue Jean Jouzel et le spécialiste de la biodiversité Jean-Marie Pelt. Objectif : préparer le «Grenelle de l’environnement», promis pour cet automne, dont doivent sortir des actions concrètes pour lutter contre le changement climatique.  

Faisant le point de l’évolution de ce débat national, Alain Juppé, le nouveau numéro 2 du gouvernement a rappelé les trois axes retenus pour les réunions à venir : protection de la biodiversité, changement climatique et santé-environnement. Pour ce faire, il faudra relancer la politique de maîtrise de la consommation, sur laquelle l’effort s’est relâché, et travailler à l’efficacité énergétique du bouquet de ressources choisi : limitation des énergies fossiles et développement des énergies renouvelables et thermiques.  

Dans leur ensemble, les militants écologistes ont salué cette réunion «historique». Les appels répétés de Nicolas Sarkozy en faveur d’un «Grenelle» correspondent aux attentes des associations de défense de l’environnement. Pour l’animateur Nicolas Hulot, le promoteur du pacte écologiste, le chef de l’Etat a «dépassionné le débat ». Plus circonspects, Yannick Jadot, le représentant de Greenpeace a estimé que «ce sera dur sur le nucléaire et sur l'agriculture en général, pas seulement sur les OGM, mais sur l'ensemble des pesticides et des polluants». Même constat pour Daniel Richard, le président du WWF qui a tenu à souligner «les désaccords persistants à propos des OGM et du  nucléaire» . En effet, les associations se sont massivement opposées au développement du nucléaire tandis qu’Alain Juppé a réitéré à plusieurs reprises, ces derniers jours, que «l'énergie nucléaire resterait indispensable pour les trois ou quatre prochaines décennies». Tout en rappelant qu’il fallait amplifier «les programmes de développement des énergies renouvelables, solaire, éolienne» qui sont «une source pour de nouvelles activités».



par Myriam  Berber

Article publié le 21/05/2007 Dernière mise à jour le 21/05/2007 à 15:50 TU