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Réchauffement planétaire

Le rapport des experts a été approuvé

Les massifs coralliens, ici la Grande Barrière en Australie, sont menacés par le réchauffement des eaux, à l'origine du blanchiment et de la mort du corail. 

		(Source : Unesco / WHC)
Les massifs coralliens, ici la Grande Barrière en Australie, sont menacés par le réchauffement des eaux, à l'origine du blanchiment et de la mort du corail.
(Source : Unesco / WHC)
Les négociations bloquaient pour des raisons politiques à cause de l’Arabie Saoudite, de la Chine, des Etats-Unis et de la Russie. Ces quatre pays, commercialement très intéressés par l’exploitation du pétrole et du charbon, contestaient les bases scientifiques des paragraphes-clefs du «résumé à l’intention des décideurs», élaboré par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), sur les impacts du réchauffement climatique. L’ensemble des pays représentés a fini par trouver un accord, vendredi matin, à Bruxelles où se tenait la conférence.

Les deux cent quatre-vingt-cinq délégations internationales, mandatées par les cent vingt-quatre gouvernements représentés, ont fini par trouver un terrain d’entente, aux côtés d’une cinquantaine de scientifiques, et adopté le rapport de ces derniers, après en avoir soigneusement étudié, point par point et mot par mot, tous les termes. Ce texte, qui constitue le deuxième volet d’un rapport final attendu à l’automne prochain, est destiné à éclairer les gouvernements de la planète sur les aspects scientifiques ainsi que les impacts économiques et humains du réchauffement planétaire.

Reconnaître les causes, c’est déjà faire un pas pour ralentir le processus... à condition, mais à condition seulement, qu’à la suite du constat, chacun s’engage à prendre des mesures pour remédier à un état de fait. Toutefois, reconnaître la gravité de la situation et reconnaître que l’activité humaine en est responsable, c’est aussi s’exposer, dans les décennies à venir, à rendre des comptes et à régler de lourdes factures : qui paiera, par exemple, l’adaptation du continent africain à la montée du niveau des océans, représentant 5% à 10% du PIB ? Certainement pas les pays pauvres, les plus touchés.

L’un des principaux débats, jeudi, portait sur la liste des éléments devant figurer sur des graphiques qualifiés d’«autoroutes de l’extinction» montrant, pour chaque degré pris sur l’échelle Celsius des températures, l’aggravation des dommages attendus tels que pénuries alimentaires, désertifications, inondations, disparitions de près de 30% des espèces végétales et animales si la température mondiale dépasse 1,5 à 2,5°C , etc.

Ainsi, la Chine s’est opposée, jeudi, à un paragraphe soulignant «le risque très élevé, basé sur de nombreuses observations et preuves dans tous les pays et la plupart des océans, que de nombreux systèmes naturels soient affectés par les changements climatiques». Les Etats-Unis, quant à eux, ont demandé, et obtenu, l’élimination de la quasi totalité des données chiffrées du résumé à l’intention des décideurs et d’un paragraphe indiquant que l’Amérique du Nord «devrait être localement confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de son système socio-économique et culturel».

Instabilité, tensions et conflits entre populations

Pourtant, selon les scientifiques, l’heure est grave. En effet, selon le rapport du Giec, si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas freinées, la pauvreté des pays déjà démunis sera accrue, les pénuries d’eau potable seront aggravées, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires -déjà amorcée- sera accélérée et de nombreuses espèces animales et végétales auront disparu de la planète. Adieu le tigre du Bengale et la tortue des Caraïbes. Adieu l’alerce ou fitzroya, un arbre chilien et argentin de la famille des cyprès, trois fois millénaire.

Victimes de sécheresses ou d’inondations, leurs ressources agricoles et piscicoles réduites, les populations des régions arctiques et subsahariennes, mais aussi celles des méga-deltas d’Asie et des régions côtières, les plus exposées, n’auront quant à elles pas d’autre choix que de migrer, là où la qualité de vie semblera plus clémente. Où iront-ils ? Qui les accueillera ? Instabilité, tensions et conflits à venir entre les populations se profilent en fait, derrière ce rapport du Giec, approuvé par consensus.

Cette volonté d’obstruction des pays les plus pollueurs augure mal des prochains grands rendez-vous internationaux, comme le G8 des pays industrialisés qui devra être consacré au climat, en juin prochain. Le président du Giec, Rajendra Pachauri, espère cependant que l’urgence du rapport attirera «l’attention du monde entier» et appellera une réponse de la part des gouvernements.



par Dominique  Raizon

Article publié le 06/04/2007 Dernière mise à jour le 06/04/2007 à 15:27 TU

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(Photo: EUMETSAT 2002)

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