Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Liban

Les combats reprennent à Nahr al-Bared

Des nouveaux affrontements entre soldats libanais et jihadistes dans le camp de réfugiés palestiniens ont fait au moins 14 morts et 18 blessés ce vendredi. Lors des combats, les chars de l’armée ont progressé aux abords de Nahr al-Bared où les membres du groupuscule islamiste Fatah al-Islam se sont retranchés depuis treize jours, piégeant ainsi des milliers de civils palestiniens. Les observateurs s’attendent désormais à l’assaut du camp par l’armée.

Bien que le commandement militaire libanais s’en défende, les signes annonçant un combat décisif se multiplient autour du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared. 

		(Photo : AFP)
Bien que le commandement militaire libanais s’en défende, les signes annonçant un combat décisif se multiplient autour du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared.
(Photo : AFP)

Il est 7 heures du matin (heure locale), ce vendredi, au camp de réfugiés palestiniens Nahr al-Bared, dans le nord du Liban, quand les combattants du Fatah al-Islam commencent à tirer. Leurs cibles : les positions de l’armée libanaise et la route qui relie Tripoli à la frontière syrienne. C’est le déclenchement d’une nouvelle spirale de violence alors que les dernières 24 heures avaient été d’un calme relatif.

«L'armée a riposté aux tirs d'une manière précise aux canons de char et aux obus de mortier dans un acte de légitime défense tout en tentant d'épargner les civils», a déclaré, dans la matinée, un porte-parole militaire. Les soldats libanais pilonnent, en effet, au canon de char et aux mortiers les positions des extrémistes. Celles-ci se trouvent, semble-t-il, essentiellement à l’entrée nord de Nahr al-Bared. Les forces militaires ont l’ordre de prendre sous leur feu des bâtiments qui servent de fortifications aux membres du Fatah al-Islam à l’intérieur du camp. «L’armée tente d’empêcher les miliciens d’utiliser les hauts bâtiments pour tirer sur l’armée. Nous contrôlons à présent ces positions», a ajouté le porte-parole militaire. Nombreuses colonnes de fumée noir s’élèvent d’ailleurs dans le ciel au-dessus du camp. Toutes les dix minutes un obus tombe. C’est en tout cas ce que rapportent les journalistes, tous tenus à distance de l’entrée nord du camp où les combats font rage.

Alors que des officiers avaient affirmé aux journalistes qu’un commando de l’armée avait pu pénétrer à l’intérieur du camp, ces informations ont été démenties par le commandement de l’armée dans l’après-midi. «Il est évident qu'il s'agit du début d'une offensive de l'armée», estime une source palestinienne ayant des contacts dans le camp, ajoutant qu'il semblait y avoir des victimes civiles.

Combat décisif ?

L’armée libanaise se prépare-t-elle à l’assaut de Nahr al-Bared ? Le commandement militaire libanais s’en défend. Néanmoins, les signes annonçant un éventuel combat décisif se multiplient : depuis deux jours, deux hélicoptères de combat survolent le camp et ses alentours à basse altitude. Pas plus tard que jeudi, le général Michel Souleimane, commandant en chef de l’armée, avait inspecté les positions de ses militaires près de Nahr al-Bared.

La presse avait rapporté des informations selon lesquelles des renforts seraient acheminés en direction du camp dans le nord du Liban. «Une vingtaine de véhicules militaires, dont des chars, (sont en) mouvement sur l’axe routier sud-nord qui mène au camp, et (prennent) de nouvelles positions», a par exemple indiqué un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Ces informations ont également été immédiatement démenties par l’armée. Tandis que la communication des militaires semblent marquée par une extrême prudence, Abbas Ziki, représentant de l’OLP au Liban, a déclaré vendredi après avoir rencontré le Premier ministre libanais Fouad Siniora, que «des mesures concrètes seront prises pour qu'il soit mis fin à la prise en otage du camp (par le Fatah al-Islam)».

Impasse

Les affrontements ont repris alors qu’une tentative de médiation menée par des religieux proches du Hamas semble aujourd’hui dans l’impasse : d’un côté le gouvernement libanais exige la reddition des assassins de 27 militaires tués dans leurs positions à la lisière de Nahr al-Bared, le 20 mai. De l’autre, le Fatah al-Islam refuse toujours de livrer ces personnes impliquées dans l’attaque contre les soldats.

Bien quelle soit fragile, la trêve, en vigueur depuis le 22 mai, a permis à des milliers de Palestiniens de fuir le camp et de se mettre à l’abri des combats. Mais selon l'Agence des Nations unies pour les secours et les travaux aux réfugiés de Palestine (Unrwa) quelque 5 000 réfugiés se trouvent toujours à l’intérieur de Nahr al-Bared.

Le Liban est profondément divisé après la création mercredi par l'Onu du tribunal chargé de juger les assassins de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Le chef de la majorité parlementaire antisyrienne, Saad Hariri, a tendu la main à l'opposition prosyrienne en l'appelant au dialogue «sans conditions préalables» pour former un gouvernement d'union.

La Syrie, quant à elle, a fait savoir qu’elle ne coopérera pas avec le tribunal international imposé par les Nations unies. «La Syrie a réitéré à plusieurs reprises que le tribunal ne concerne que le Liban. La Syrie n'abandonnera pas sa souveraineté», a indiqué le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, lors d’une conférence de presse ce vendredi à Damas. 



par Stefanie  Schüler

Article publié le 01/06/2007 Dernière mise à jour le 01/06/2007 à 15:42 TU