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Niger

La majorité parlementaire explose

Le Premier ministre nigérien Amadou Hama (à gauche) a remis vendredi 1er juin sa lettre de démission au président Mamadou Tanja. 

		(Photo : AFP)
Le Premier ministre nigérien Amadou Hama (à gauche) a remis vendredi 1er juin sa lettre de démission au président Mamadou Tanja.
(Photo : AFP)
«Aujourd’hui, le gouvernement s’est écroulé. Je veux en féliciter l’opposition qui a réussi un travail de maître parce que la chose la plus improbable dans une majorité de 88 -députés sur 113- vient de se réaliser». C’est par ces mots que le Premier ministre Amadou Hama a reconnu la chute de son gouvernement. La motion de censure, déposée samedi dernier, par quatorze députés sur les 25 que compte l’opposition parlementaire, a été soutenue par la mouvance présidentielle. De nombreux députés se sont désolidarisés de leur camp pour apporter un appoint substantiel à l’opposition.

La motion de censure a recueilli 62 voix pour et 51contre. Le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), parti présidé par le Premier ministre, qui compte 47 députés, n’a pas résisté à la vague de contestation déclenchée par l’opposition. Malgré ses appels à la solidarité pour soutenir le gouvernement, Amadou Hama a été mis en minorité et n’a pu que constater l’éclatement de la mouvance présidentielle. Toutefois, il a tenu à dire aux vainqueurs d’aujourd’hui d’avoir le triomphe modeste. «La motion de censure est passée, cela ne veut pas dire que notre régime est tombé, ce n’est qu’un gouvernement qui est tombé», a-t-il relativisé. Il s’est aussi empressé de réaffirmer le soutien total du MNSD au président de la République Mamadou Tandja.

Le refus du Premier ministre de répondre aux convocations de la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, à propos de l’affaire MEBA (ministère de l’Education de base et de l’alphabétisation) était à l’origine de la motion de censure déposée par les députés de l’opposition. Au-delà des clivages politiques, les députés ont été sensibles aux arguments de lutte contre la corruption, l’impunité et la notion de responsabilité politique martelées par l’opposition parlementaire. Cette cinquième motion de censure a eu raison d’Amadou Hama, Premier ministre depuis 2000. Le fidèle du président de la République, dauphin déclaré, connaît aujourd’hui un bégaiement de sa carrière politique.

Le citoyen Amadou Hama

La commission d’instruction de la Haute Cour de justice ne se privera pas maintenant de convoquer le citoyen et justiciable, comme le commun de Nigériens, qu’est redevenu Amadou Hama. La chute de son gouvernement ouvre de nouvelles pages à remplir dans le lourd dossier du Plan décennal du développement de l’éducation (PPDE), dont les fonds auraient été détournés par des ministres avec la complicité de nombreux fonctionnaires. L’un des ministres écroués laisse entendre que les malversations financières n’auraient pu être possibles sans la couverture des services du Premier ministre. Amadou Hama s’en défend et parle de «machination». Les magistrats qui étaient entrain de boucler leur dossier pourront maintenant le rouvrir et travailler à la manifestation de la vérité.

Mais, le souci du président de la République est ailleurs. Faut-il dissoudre ou non l’Assemblée nationale  comme il en a le pouvoir et convoquer des élections législatives dans les 45 jours ? Cette option est peu probable. Au vu de ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale le président de la République ne devrait pas prendre le risque d’un renversement de majorité qui l’obligerait à une cohabitation. Il devrait faire le choix de la nomination d’un nouveau Premier ministre, dans le même parti majoritaire à l’Assemblée nationale, le MNSD, pour l’accompagner, si possible, jusqu’au bout de son second mandat, à la fin 2009.      



par Didier  Samson

Article publié le 01/06/2007 Dernière mise à jour le 01/06/2007 à 15:47 TU