Mondialisation
Du Mali à l’Allemagne : les Alter contre le G8

Photo : AFP
Des dizaines de milliers d’opposants à la mondialisation ultra-libérale manifestent, depuis samedi, à Rostock, dans les environs d’Heiligendamm, dans le nord-est de l’Allemagne. Venus de tous les coins du pays, sous les bannières de « Bush à Guantanamo » ou le « G8-tueur de climat », des milliers d’altermondialistes - allant des communistes aux anarchistes en passant par des écologistes- défilent pour protester contre le 33ème sommet du G8, qui se déroule, dans cette station balnéaire des rives de la Baltique.
Ces manifestations s’accompagnent à partir de mercredi, et pour trois jours, d’un contre-sommet dont l’ordre du jour est calqué sur celui de la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés. L’aide au développement du continent africain et l’adoption d’objectifs contraignants pour lutter contre le réchauffement climatique constituent les deux dossiers prioritaires du G8. Sur chacun de ces thèmes, les représentants des ONG de développement, de l’environnement et des droits de l’homme (comme l’organisation Oxfam, le mouvement Attac ou encore le syndicat allemand IG Metall) vont avancer des contre-propositions au « libéralisme effréné» du G8, même s’ils ne publieront aucune déclaration finale.
Une future «Banque du sud »
« Non aux politiques néolibérales » ou encore « l’Afrique n’est pas une marchandise à vendre ». Depuis lundi, les tambours des altermondialistes résonnent également à Sikasso, au sud de Bamako. Plus d’un millier de représentants d’associations de Côte d’Ivoire, du Bénin, de la Guinée, du Niger, du Sénégal et d’Europe sont présents au Mali pour ce sommet alternatif au G8. Pendant cinq jours, les altermondialistes discuteront de l’annulation de la dette, des organismes génétiquement modifiés -considérés comme un danger pour l'agriculture africaine- et d’une alternative aux politiques de la Banque mondiale et du FMI. L’idée d’une future «Banque du sud » pour contrecarrer les effets «néfastes» de la Banque mondiale, considérée comme une banque de riches, devrait être ainsi évoquée. En février dernier, le chef d’Etat vénézuélien Hugo Chavez a lancé cette idée pour promouvoir la solidarité entre pays latino-américains. Le projet a d’ores et déjà reçu le soutien de l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et depuis peu du géant brésilien.
L’accroissement de l’aide à l’Afrique devrait figurer en bonne place à l’ordre du jour de ce «Sommet des pauvres ». En juin 2005, lors du G8 écossais de Gleneagles, les pays participants s’étaient engagés à consacrer à l’aide aux pays pauvres au moins 0,51% de leur PIB en 2010 et 0,7% en 2015. Mais les pays riches ne tiennent pas leurs promesses pour l’aide à l’Afrique. Si l'on en croit la Banque mondiale, les montants accordés aux programmes de développement pour de nombreux pays africains sont restés quasi-inchangés. En 2005, la moyenne de l’aide au développement du G7 (le G8 moins la Russie) n’était que de 0,30% du PIB. En 2005, l’un des artisans de l’annulation de la dette des pays africains était le Premier ministre britannique Tony Blair. A la veille du sommet d’ Heiligendamm, il a encore appelé ses homologues à «prendre position en faveur du continent le plus pauvre» à la fois en termes «d’aide, de lutte contre les pandémies, de résolution des conflits et du maintien de la paix».
par Myriam Berber
Article publié le 05/06/2007 Dernière mise à jour le 05/06/2007 à 14:44 TU