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Affaire Arche de Zoé

RFI avait rencontré les protagonistes en août dernier

Le 25 août dernier, un reportage de Sarah Elzas était diffusé sur les ondes de RFI, dans nos émissions en langue anglaise. Notre journaliste avait suivi pendant plusieurs semaines les préparatifs de l’opération d’une association alors inconnue et baptisée « l’Arche de Zoé ». Celle-ci projetait d’aller chercher une centaine d’enfants, des « orphelins du Soudan » et de les emmener en France. Tous les risques d’une opération « complexe et peu orthodoxe » étaient déjà pointés dans ce document que nous vous proposons d’écouter, dans sa version originale (ci-dessous, les principales informations du reportage).


Ces enfants qui devaient partir en France ont été recueillis dans un orphelinat d'Abéché. 

		(Photo : Reuters)
Ces enfants qui devaient partir en France ont été recueillis dans un orphelinat d'Abéché.
(Photo : Reuters)

RFI a rencontré pour ce reportage quatre « familles d’accueil » qui, par le biais de l’association Arche de Zoé, s’apprêtaient à recevoir un jeune « orphelin du Darfour ». L’une d’entre elles explique qu’elle a déjà choisi le nom de l'enfant et le nouveau papier peint de la chambre qui devait l’accueillir.

On peut entendre également Eric Breteau, le président de l’association, rencontré le 9 juillet, raconter sa première visite au Darfour, quelques mois auparavant, et sa conviction que rien ne pouvait être fait pour aider les enfants sur place : ils devaient être emmenés en Europe. Un des membres de l’Arche de Zoé renchérit en expliquant que l’urgence prévaut et qu’il n’est plus temps de demander des autorisations.

Eric Breteau

Extrait de l’interview d'Eric Breteau, du 9 juillet 2007, par Sarah Elzas

«La seule solution pour sauver la vie de ces enfants, c’est de les évacuer de la zone de conflit, c’est de les mettre à l’abri. Et une fois qu’ils sont à l’abri, on pourra discuter plus longuement avec les Nations unies, avec le gouvernement soudanais pour trouver des solutions.»

On assiste à une réunion de l’association en juin dernier à Paris, qui présente aux familles l’opération qui va être lancée. Pour Eric Breteau, « cette opération est parfaitement légale, basée sur la déclaration universelle des droits de l’Homme, la déclaration des droits de l’Enfant, et la convention de 1951 sur les droits des réfugiés ». Durant la même réunion, il est expliqué aux « accueillants » que les autorités françaises ne renverraient pas les enfants, que les familles pourraient demander l’asile en leur nom, et que 5 ans plus tard, ces enfants pourraient obtenir la nationalité française ; les formalités d’adoption seraient alors possibles.

Car de l’adoption, il en est déjà longuement question, même si l’Arche de Zoé affirme que ce n’est pas son objectif, on apprend qu’elle s’est tout de même tournée vers des familles qui avaient déjà obtenu l’agrément officiel pour adopter en France. Un « recrutement » effectué via internet, ciblant des familles qui cherchaient un enfant depuis longtemps « parce qu’elles étaient bien plus prêtes ». L’une de ces familles affirme d’ailleurs avoir été attirée par l’opération de l’Arche de Zoé parce qu’elle y voyait un moyen de « contourner le long et désespérant processus officiel de l’adoption en France ». Cette même famille va finalement abandonner, par peur de se voir confier un enfant malade…

L’attitude des autorités françaises est également évoquée. Aucun représentant du ministère des Affaires étrangères n’avait souhaité s’exprimer à notre micro. Nous citions le communiqué sur le site du Quai d’Orsay mettant en garde les familles sur le fait que des enfants soudanais ne pouvaient être adoptés qu’avec l’autorisation des autorités soudanaises. Mais un membre de l’association avait alors affirmé à notre journaliste qu’une réunion discrète avait eu lieu avec des membres du ministère des Affaires étrangères et que ceux-ci auraient officieusement « laissé faire » l’opération.

A plusieurs reprises durant le reportage, la présidente de l’association Enfance et Familles d’adoption (EFA) Janice Peyré, met en garde contre tous les risques que comporte l’aventure de l’Arche de Zoé. Elle s’inquiète de savoir si les enfants emmenés en France seront bien des orphelins, rappelant des précédents dramatiques après le génocide du Rwanda.

Le reportage s’achève sur l’attente des familles, qui devaient recevoir en octobre un message leur indiquant où et quand elles recevraient « leur » enfant. On connaît aujourd’hui la triste fin de l’histoire.



par RFI

Article publié le 01/11/2007 Dernière mise à jour le 01/11/2007 à 18:40 TU