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France / Tchad

Arche de Zoé: oeuvrer pour réparer

Les deux avocats, Me Gilbert Collard et Me Mario Stasi, de l'Arche de Zoé devant la prison où sont détenus leurs clients. 

		(Photo : Reuters)
Les deux avocats, Me Gilbert Collard et Me Mario Stasi, de l'Arche de Zoé devant la prison où sont détenus leurs clients.
(Photo : Reuters)
Vive tension entre Paris et Ndjamena après la déclaration de Nicolas Sarkozy qui a promis publiquement qu'il irait chercher « tous les Français qui restent, quoi qu'ils aient fait ». Les Tchadiens n'ont pas apprécié que le président français donne le sentiment qu'il ne respecte pas leur souveraineté. La réaction a été vive et, de Washington où il se trouve actuellement, Nicolas Sarkozy a dû modérer son propos en expliquant qu'il ne ferait rien sans l'accord de Ndjamena.

Après les propos tenus par Nicolas Sarkozy, le mécontentement s'est exprimé au Tchad, dans la rue, mais aussi en France, dans le cadre de l'Assemblée nationale où les élus de tous bords se sont dits très perplexes quand aux conséquences des initiatives présidentielles que certains jugent intempestives et d'autres dangereuses pour les ressortissants français détenus à Ndjamena. L'UMP François Goulard a ainsi estimé que le voyage du Président pour aller chercher les journalistes et les hôtesses de l'air espagnoles était une erreur diplomatique, « erreur qui affaiblie la position de la France en Afrique », a t-il dit. Quant aux socialistes, ils ont été sans concession. Le député Arnaud Montebourg, considérant que notre diplomatie faisait de très sérieuses embardées, alors que Jean Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, soulignait qu'à force d'en faire beaucoup, « Nicolas Sarkozy en faisait trop ».

Ces propos étaient surtout motivés par la dernière parole présidentielle prononcée en Bretagne. « J'irai chercher tous les français, quoi qu'ils aient fait », avait-il dit, ce qui avait eu pour effet immédiat de faire surréagir les responsables Tchadiens soucieux de leur opinion publique déjà très remontée contre les membres de l'Arche de Zoé et contre la France. Résultat, le ministre tchadien de la Justice, Albert Pahimi Padacké, a expliqué que si en France le Président est en mesure de décider à la place du juge, au Tchad, en revanche, c'est impossible car la Constitution ne le permet pas, ce qui revient à rappeler à Nicolas Sarkozy ses devoirs de réserve. Une position renforcée un peu plus tard par le Président Idriss Deby lui-même qui a souligné que « justice sera bien rendue dans son pays », ce qui fait craindre pour les membres de l'Arche de Zoé puisque l'affaire prend de plus en plus l'aspect d'un bras de fer entre les deux pays, bras de fer qui pourrait provoquer, craignent certains magistrats et certains avocats, un refus tchadien définitif du dessaisissement du dossier au profit de la France, comme cela est possible et comme ils le souhaitent. D'ailleurs après l'échange verbal au plus haut niveau, Maître Gilbert Collard, l'avocat de l'Arche de Zoé présent à Ndjamena, a convenu que la déclaration de Nicolas Sarkozy compliquait la vie de la défense qui doit, a-t-il ajouté « désormais oeuvrer pour réparer dans le respect de la justice et de la population tchadienne ».

La machine s'est emballée

Nous comprenons bien que les différents protagonistes sont allés au-delà de là où ils voulaient aller pour de simples raisons de gestion de leurs opinions publiques respectives. Nicolas Sarkozy parce qu'après avoir tergiversé et donné l'impression qu'il ne s'intéressait guère au sort des membres de l'Arche de Zoé, s'est brusquement souvenu qu'un Président doit protection et secours à tous les ressortissants français et a fait le forcing pour rattraper le coup, ce qui a été ressenti au Tchad comme une volonté de traiter négligemment un pays africain. Et Idriss Deby qui a, dès l'affaire rendue publique, porté de graves accusations sur des trafics d'organes et de réseaux pédophiles, donnant ainsi aux Tchadiens les plus nationalistes, le sentiment que l'affaire était exploitable au-delà de leurs espérances. Différences de perception et différences de traitement, hier soir, après ces échanges peu amènes, Nicolas Sarkozy a dû tempérer son propos. Son porte-parole, David Martinon, a précisé que bien entendu, le président français irait chercher tous les Français, quoi qu'ils aient fait... mais avec l'accord de Ndjamena...



par Patrice  Biancone

Article publié le 07/11/2007 Dernière mise à jour le 07/11/2007 à 17:14 TU