par Frédérique Misslin
Article publié le 26/11/2007 Dernière mise à jour le 26/11/2007 à 18:05 TU
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert (g) avec le président américain George W. Bush, ce lundi, dans le Bureau oval à la Maison Blanche.
(Photo : AFP)
Rassembler les acteurs clés du conflit proche-oriental dans une même pièce pour 24 heures, est-ce une condition suffisante pour garantir le succès d’Annapolis ? Les impasses sont les mêmes qu’à Camp David, il y a 7 ans, à savoir : le partage de Jérusalem, les frontières du futur Etat palestinien et la question des réfugiés. Saëb Erakat ne s’attend guère à une solution miracle. Pour le principal négociateur palestinien « pas besoin de réinventer la roue », il faut mettre en œuvre une solution à deux Etats. Sous quelle forme précisément, et selon quel calendrier ? Les réponses viendront peut-être après Annapolis. C’est en tout cas l’espoir des participants.
George Bush a réaffirmé dimanche son « engagement personnel » à résoudre le conflit israélo-palestinien. Certes le président américain n’a pas précisé jusqu’à quel point il souhaite intervenir, certes l’administration américaine a revu ses objectifs à la baisse ces derniers mois mais George Bush espère tout de même un accord partiel à Annapolis. Un succès lui permettrait, un an avant la fin de son mandat, de compenser le mauvais bilan de sa politique en Irak. Un dossier qui explique sans doute l’attentisme du président américain ces sept dernières années sur le front du conflit israélo-palestinien. Annapolis sera aussi l’occasion pour George Bush de consolider ses liens avec les pays arabes, pour mieux isoler l’Iran. De ce point de vue la venue aux Etats-Unis des représentants saoudiens et syriens représente déjà une victoire pour la diplomatie américaine.
Embarrassé par des affaires de corruption, pas vraiment remis de son échec au Liban à l’été 2006, Ehud Olmert se bat aujourd’hui pour sa survie politique. La marge de manœuvre du Premier ministre israélien à Annapolis sera donc limitée. Toute concession faite aux Palestiniens pourrait faire éclater l’actuelle coalition et mener à des élections anticipées en Israël. Ehud Olmert a donc montré quelques signes de bonne volonté avant la réunion, il a par exemple fait libérer quelques centaines de prisonniers, a annoncé le futur gel des colonisations mais ces gestes restent d’une portée essentiellement symbolique.
Mahmoud Abbas est sans doute celui qui a le plus à perdre à Annapolis. Le président de l’Autorité palestinienne a pourtant dû freiner ses ambitions ses dernières semaines. Au départ, les Palestiniens réclamait une conférence qui aborderait tout de suite les questions de fond, aujourd’hui Mahmoud Abbas souhaite juste un calendrier. Il voudrait que la question du statut des territoires soit réglée avant la fin du mandat de George Bush mais les Israéliens ne veulent pas parler d’échéancier pour l’instant. Le Fatah de Mahmoud Abbas a perdu les dernières élections législatives, l’administration présidentielle a dû renoncer à la bande de Gaza après le coup de force du Hamas en juin dernier. Si le président de l’Autorité palestinienne ne rentre pas à Ramallah avec des éléments tangibles qui attestent que la création d’un Etat palestinien est en bonne voie, il est à craindre que les violences reprennent. Quant au Hamas, un éventuel échec à Annapolis lui permettrait de renforcer son assise.
Contre-sommet à Gaza
En effet, les principaux acteurs du conflit ont été invités aux Etats-Unis à l’exception du Hamas. Pour marquer sa différence, le mouvement islamiste organise depuis lundi à Gaza une « conférence du refus ». « Les décisions qui seront prises à Annapolis n’engageront pas le peuple palestinien », a prévenu le porte-parole du mouvement, Fawzi Barhoum. Il estime que Mahmoud Abbas se compromet inutilement avec Israël. Mais, la large participation arabe à la réunion constitue surtout un revers pour le Hamas. Les nouveaux maîtres de Gaza ont très mal accueilli la décision de la Syrie d’aller aux Etats-Unis. C’est en effet à Damas que Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas a trouvé refuge.
L’Iran s’est également montré très critique vis-à-vis de cette conférence internationale. Le guide suprême iranien, Ali Khamenei a prédit son échec. Selon lui, la réunion est organisée au profit des Israéliens et non des Palestiniens. Téhéran a bien tenté ces derniers jours de convaincre le camp arabe de ne pas se rendre à Annapolis, sans succès. En dépit des coups de téléphone que Mahmoud Ahmadinejad a passé au roi d’Arabie Saoudite et au président syrien, il n’y aura pas de boycott. Damas et Riyad participeront à la conférence.
Forte présence arabe
La large participation des pays arabes réjouit Washington mais aussi Israël. « Pas un seul Palestinien ne peut conclure un accord avec l’Etat hébreu sans le soutien du monde arabe. C’est la leçon que nous avons apprise après Camp David », a rappelé le chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni.
L’administration Bush a donc infléchit ses positions notamment vis-à-vis de la Syrie. Depuis des mois, à intervalle régulier, les Américains accusent le régime de Bachar al-Assad de soutenir le terrorisme et aujourd’hui Washington se félicite de la participation syrienne. Damas a pourtant beaucoup tergiversé avant d’accepter l’invitation. C’est finalement le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad qui se rendra aux Etats-Unis. Cette décision a été prise à la dernière minute puisque les Américains ont finalement accepté que la question du Golan soit abordée. Les négociations de paix syro-israéliennes sont gelées depuis 7 ans.
Selon un diplomate arabe, les Etats-Unis auraient proposé aux pays arabes la création d’un comité de suivi au terme de la conférence d’Annapolis et la tenue d’une seconde réunion en janvier, à Moscou cette fois, pour traiter outre du dossier israélo-palestinien, des volets syrien et libanais du processus de paix. Mais Israël ne semble pas prêt à s’engager sur ces différents points. C’est bien ce qui gêne l’Arabie Saoudite. Les autorités saoudiennes ont finalement décidé de participer à la réunion d’Annapolis mais le Royaume ne cache pas ses réticences. « Nous avons accepté pour ne pas rompre le consensus arabe », affirment les Saoudiens qui ont toujours refusé de reconnaître l’Etat hébreu. Dans le Maryland, pour la première fois, le prince Saoud al-Fayçal, ministre des Affaires étrangères saoudien, sera assis à la même table qu’un Premier ministre israélien. Le scepticisme reste pourtant de mise.
Les opinions publiques doutent, elles aussi, de la réussite d’Annapolis. Côté israélien, 71% de la population estime que la rencontre se soldera par un échec, c’est le résultat d’un sondage publié la semaine dernière par le Yediot Aharonot. Même proportion de pessimistes côté palestinien puisque seulement 30% croient au succès de la conférence. La majorité redoute que la réunion ne se solde par une simple photo de famille.
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