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Moyen-Orient

La feuille de route de George Bush

par Monique Mas

Article publié le 28/11/2007 Dernière mise à jour le 28/11/2007 à 17:28 TU

George W. Bush porte un toast en l'honneur de Mahmoud Abbas et Ehud Olmert.(Photo : Reuters)

George W. Bush porte un toast en l'honneur de Mahmoud Abbas et Ehud Olmert.
(Photo : Reuters)

Après la déclaration conjointe arrachée in extremis à ses hôtes d’Annapolis le 27 novembre, le président américain, George Bush, a retenu à la Maison Blanche le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Et cela pour donner lui-même ce 28 novembre le coup d’envoi aux pourparlers de paix que les deux hommes se sont engagés à faire aboutir d’ici fin 2008. Son mandat expirant en janvier 2009, George Bush préfèrerait visiblement laisser l’image d’un artisan de la paix plutôt que celle d’un faiseur de guerre au Moyen-Orient. Tirant des oubliettes la feuille de route du Quartette international, il reprend la médiation à son compte. A charge pour Olmert et Abbas de respecter le calendrier qu’il leur fixe pour « résoudre les questions pendantes » d’un conflit vieux de soixante ans.

Lu par George Bush, l’engagement commun d’Olmert et d’Abbas est flou quant au fond mais précis sur sa date de péremption : fin 2008. La « déclaration commune » signée « sous les auspices » du président américain n’évoque qu’à mots couverts les sujets qui fâchent (colonies, réfugiés palestiniens ou statut de Jérusalem) et sur lesquels leurs opinions respectives ont des avis tranchés. Relevant au passage la nécessité de combattre « le terrorisme d’où qu’il vienne », le texte se contente en effet d’indiquer qu’il s’agira de trouver une solution à « toutes les questions clefs sans exception, comme spécifié dans les accords précédents ».

A Annapolis, les deux parties se sont engagées à « poursuivre la mise en œuvre de leurs obligations respectives telles qu’assignées par la feuille de route formulée par le Quartette le 30 avril 2003 pour parvenir à une solution à deux Etats », c’est-à-dire la reconnaissance d’Israël par ses adversaires et la création d’un Etat palestinien viable. Leur engagement prenant effet au sortir d’Annapolis, mardi soir, Olmert et Abbas ont promis de s’entretenir à l’avenir deux fois par semaine pour accompagner au mieux les travaux du « comité de pilotage dirigé conjointement par le chef de délégation de chacune des parties » prenantes aux négociations.

Première réunion du comité de pilotage le 12 décembre

Après sa première réunion fixée au 12 décembre prochain, le comité de pilotage devra s’assurer en permanence du bon déroulement des pourparlers dans le sens indiqué par la feuille de route et sous l’égide d’un « mécanisme américain, palestinien et israélien dirigé par les Etats-Unis ». En clair, George Bush promet de veiller au grain, fait nouveau, effectivement, après son absence de sept années sur le dossier israélo-palestinien. « Une fenêtre » dans laquelle il est urgent de s’engouffrer, selon Mahmoud Abbas qui a freiné des quatre fers pour empêcher que le document conjoint fasse mention d’un « Etat juif ». Une telle reconnaissance hypothèquerait encore un peu plus le droit au retour réclamé par les réfugiés palestiniens.

S’il n’est pas explicitement question de gel de la colonisation israélienne dans la déclaration commune, Ehud Olmert prophétise un « compromis douloureux ». De son côté, George Bush a insisté sur la relation fâcheuse entre la montée de « l’extrémisme » et une situation qui enlève tout espoir d’avenir à la jeunesse palestinienne. Israël « doit mettre fin à l’occupation commencée en 1967 », pendant la guerre des Six Jours, dit-il sans ambages. Finalement, la guerre américaine contre le terrorisme passerait donc aussi par la Palestine et aux yeux du président américain soucieux d’écarter le Hamas au pouvoir à Gaza, un paramètre très important sera « la nature de l’Etat palestinien » qu’il s’agit de créer au plus vite.

Conférence des donateurs à Paris le 17 décembre

Si le président américain reprend le flambeau des négociations sur les contours territoriaux, institutionnels et démographiques d’un « Etat palestinien viable », il attend des bailleurs de fonds qu’ils le dotent des ressources financières nécessaires sinon suffisantes. A Annapolis, George Bush s’est porté en quelque sorte garant de la faisabilité de l’entreprise. A défaut, et si Annapolis avait dû être taxée de fiasco, les donateurs auraient hésité à venir à Paris, comme prévu le 17 décembre prochain. Tel n’étant pas le cas, ainsi que l’espérait la diplomatie française, « la dynamique créée à Annapolis permettra de voir, concrètement, comment progresser à la fois vers la reconstruction économique et vers la mise en place des institutions palestiniennes ».

George Bush en appelle aussi aux Etats arabes qu’il est parvenu à convaincre de venir à Annapolis. Il leur demande de « normaliser leurs relations avec Israël et de joindre les actes à la parole pour prouver qu’ils croient qu’Israël et son peuple ont une place permanente au Moyen-Orient ». Venu avec en poche le Plan de paix arabe de 2002, l’envoyé de l’Arabie Saoudite renvoie sans surprise toute « normalisation » à la conclusion effective d’un accord israélo-palestinien.

La Syrie et le Liban au menu à Moscou début 2008

De son côté, Damas avait accepté de participer à la conférence d’Annapolis en rappelant que la Syrie serait intraitable tant que ne lui serait pas restitué le plateau du Golan sous occupation israélienne depuis 1967 et annexé en 1982. Intéressé à isoler le plus possible son nouvel ennemi numéro un, l’Iran, George Bush a inscrit le Golan à l’agenda d’un autre round de pourparlers prévus à Moscou cette fois, début 2008.

Compte tenu des relations toutes particulières que la Russie entretient avec Téhéran, sur la question de la nucléarisation militaire notamment, cette réunion s’annonce à entrées multiples. Côté syrien, elle posera bien évidemment la problématique libanaise enferrée sur la question du partage du pouvoir entre communautés confessionnelles concocté soixante ans plus tôt avec l’ancienne puissance mandataire française.

Comme le souligne la chancelière allemande, Angela Merkel, la détermination nucléaire de l’Iran « soulève une grande préoccupation » pour la sécurité d’Israël et de la région. Mais à son avis, Annapolis représente une « chance d’une nouveau processus de négociations », la possibilité, selon elle,de voir se réaliser le « rêve d’une cohabitation pacifique ». La balle est dans le camp du trio d’Annapolis.

Samir Al Taki, directeur du Centre syrien d'études pour l'Orient

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