par Béatrice Leveillé
Article publié le 28/11/2007 Dernière mise à jour le 28/11/2007 à 17:39 TU
« J'ai le regret de vous dire qu'il n'y a pas eu d'accord avec la Serbie », a annoncé le président kosovar, Fatmir Sejdiu, à l'issue de la dernière séance d'entretiens entre Serbes et Kosovars dans la station thermale de Baden en Autriche.
Les Serbes ont proposé aux Kosovars une large autonomie pour la province au sein des frontières de la Serbie, mais pour Hashim Thaçi, vainqueur des récentes législatives et futur Premier ministre du Kosovo « cette proposition déjà ancienne n’a en son temps entraîné que conflits et meurtres ».
Le discours des Kosovars ne change pas. Ils ont réaffirmé leur position, sans attendre le 10 décembre, date fixée par l'ONU pour la clôture des négociations sur le statut du Kosovo. « Notre souhait est de construire un Etat démocratique » respectant « les valeurs européennes les plus élevées », a précisé le président kosovar ajoutant pour tenter de rassurer la communauté internationale que dans ce nouvel Etat « tous les citoyens seront égaux et qu'une attention particulière sera apportée aux minorités ». Il veut, bien entendu, parler des 100 000 Serbes qui vivent encore dans la province peuplée à 90% d’albanais. Les dirigeants kosovars albanophones, qui ne cachent pas leur intention de déclarer « rapidement » leur indépendance, se disent prêts à coopérer avec tous les pays de la région, y compris la Serbie.
Les menaces de la Serbie
La réplique de la Serbie, qui a déjà évoqué la possibilité d'une sécession des Serbes kosovars est tombée comme un couperet. Le président serbe, Boris Tadic, a déclaré que toutes les décisions qui conduiront le Kosovo à l'indépendance seront annulées et qu’il utilisera pour cela toutes les mesures légales et diplomatiques à sa disposition. Les Serbes souhaitent s’appuyer sur la résolution 1244 de l’ONU. La Serbie ne reconnaît actuellement que cette résolution adoptée en 1999 par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui affirme la souveraineté de la République yougoslave sur le Kosovo.
Pour le Premier ministre serbe, Vojislav Kostunica, une déclaration d’indépendance unilatérale serait un crime contre le droit international « aussi longtemps que cette résolution n'est pas remplacée par une nouvelle résolution, l'ancienne reste valide », a-t-il déclaré. Une fois de plus, les Serbes se tournent vers le Conseil de sécurité où ils disposent d’un solide allié. La Russie, qui a un droit de veto au Conseil de sécurité, a déjà rejeté toute nouvelle résolution qui ouvrirait la voie à l’indépendance du Kosovo.
Du coté de la troïka, le ton est plus dramatique
Américains et Européens pensent que le temps pour la recherche d'un compromis est dépassé et que l'indépendance sous supervision de l'Union européenne est la seule solution viable pour le Kosovo. Pour l'émissaire américain Frank Wisner, « la paix est en jeu ». S’il ne prévoit pas de violence dans l'immédiat, il estime que des tensions évidentes existent dans cette région qui entre à nouveau dans une période très difficile. La Russie réclame, de son coté, un nouveau délai pour la négociation.
Tous ensemble, les membres américains, européens et russes de la troïka ont lancé un appel aux Serbes et aux Albanais du Kosovo pour écarter un recours à la violence.
Les médiateurs de la troïka se rendront, lundi prochain, une dernière fois en Serbie et au Kosovo, avant de remettre leur rapport au Conseil de sécurité des Nations unies.
Président du Parti démocratique du Kosovo, vainqueur des dernières élections
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