par Anne Toulouse
Article publié le 29/11/2007 Dernière mise à jour le 29/11/2007 à 15:27 TU
Tandis que la plupart des sondages réalisés ces derniers mois pour l'élection présidentielle donnent la sénatrice Hillary Clinton en tête des intentions de vote, selon une enquête de l’institut Zogby, la candidate démocrate serait battue dans tous les cas de figure par un candidat républicain.
Mike Huckabee, ex-gouverneur de l’Arkansas et candidat républicain, a dû être le premier surpris lorsqu'il a lu que, si l'élection présidentielle avait lieu aujourd'hui, il l'emporterait sur Hillary Clinton. Un sondage publié par l'institut Zogby donne en effet la sénatrice de l'Etat de New York battue dans tous les cas de figure par un candidat républicain. En revanche, dans presque tous les cas de figure, les candidats républicains seraient battus par Barack Obama ou John Edwards.
Ces résultats laissent les observateurs perplexes, dans la mesure où les autres sondages donnent au contraire Hillary Clinton en tête des intentions de vote. Par exemple, si l'on prend la moyenne des enquêtes d’opinion réalisées ce mois-ci, Hillary Clinton battrait Mitt Romney avec 50% des votes contre 39 au candidat républicain.
Dans le sondage Zogby, en revanche, elle serait battue à 43% contre 39, le reliquat étant les indécis. Le score de Mike Huckabee contre Hillary Clinton n’est même pas quantifié dans les autres enquêtes, tant l`affrontement parait improbable. Lors des primaires républicaines il ne recueille que 9,5% des intentions de vote.
Des méthodes contestées
Un tel écart amène à s`interroger sur les méthodes de l`institut Zogby, qui est pourtant très connu aux Etats-Unis, surtout il faut bien le dire par ses erreurs dans le domaine électoral. Lors des deux dernières campagnes, la présidentielle de 2004 et les législatives de 2006, il s’est royalement trompé dans ses prédictions.
Cela n`a pas semé le doute dans l`esprit de John Zogby, qui a fondé l`institut en 1984. Son site internet continue à affirmer qu’il détient la bonne méthode pour analyser l`opinion. Elle consiste à solliciter ceux qui se plaignent de ne jamais être interrogés dans les sondages. Des volontaires s’inscrivent sur internet et l`institut sélectionne son échantillon parmi eux. La démarche est donc inverse de celle des autres instituts de sondages, qui ont l`initiative de l`échantillon de personnes interrogées. De plus les autres instituts fonctionnent par téléphone, ce qui permet de rectifier la mauvaise interprétation d’une question, alors que le sondage Zogby a été réalisé uniquement sur internet.
L'éclatement des sondages
Mais au delà de la fiabilité des résultats, la lecture des sondages sur les campagnes électorales américaines est un exercice qui prête à confusion. Il y a d`abord la formulation de la question. Par exemple, si l’on demande : « Quel est le candidat le plus susceptible d’être élu ? » les personnes interrogées vont répondre immanquablement : Hillary Clinton et Rudy Giuliani, mais cela ne veut pas dire qu’elles vont voter pour eux.
Il y a aussi l`éclatement des sondages. Une élection présidentielle américaine se décompte Etat par Etat, puisque le vainqueur n`est pas forcément celui qui a recueilli le plus de voix, mais celui qui a remporté le plus grand nombre de grands électeurs. Il en est de même pour les primaires. A près d’un mois du démarrage de ce processus de sélection, de nombreux sondages analysent l`état de l`opinion en Iowa, au New Hampshire, au Nevada et en Caroline du Sud, les quatre Etats qui votent les premiers pour choisir les candidats.
Ces résultats locaux ne reflètent pas du tout la moyenne nationale. Par exemple du côté républicain, Mitt Romney arrive en tête des intentions de vote sur trois de ces quatre Etats, alors qu’il n’en recueille que 12% sur la moyenne nationale. Du côté démocrate, alors que Hillary Clinton a une avance historique de 20 points sur l`ensemble des autres candidats, un sondage ABC-Washington Post lui donnait, le week-end dernier, quatre points de retard sur Barack Obama dans l’Iowa. Ce différentiel n’est plus dû à une divergence de méthode, mais à des particularités locales. Il peut néanmoins influencer l`élection dans la mesure où le succès appelle le succès et l’échec appelle l’échec.
De bons scores dans les premières primaires peuvent créer un appel d’air pour un candidat. En janvier 2004, le succès de John Kerry en Iowa l’a littéralement propulsé comme candidat désigné du Parti démocrate, alors que trois mois plus tôt il recueillait moins de 10% des intentions de vote sur le plan national.
Il faut également prendre en compte la catégorie de personnes interrogées. Au Etats-Unis, l’usage veut que ceux qui s’inscrivent sur les listes électorales déclarent l’appartenance à un parti, démocrate ou républicain. Les autres sont, par défaut, classés dans la catégorie « indépendants ». Certaines sondages sont réalisés auprès des électeurs démocrates ou républicains, d’autres sur l`ensemble des personnes qui ont l’intention de voter, d’autres encore sur ceux qui sont inscrits sur les listes électorales. Ce dernier groupe est extrêmement volatile, car aux Etats-Unis on peut s’inscrire jusque dans le mois qui précède le scrutin.