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Venezuela

Oui ou non à Chavez, le pays dans l’expectative

par François Meurisse

Article publié le 02/12/2007 Dernière mise à jour le 02/12/2007 à 05:47 TU

Ce dimanche, seize millions de Vénézuéliens sont appelés aux urnes pour approuver ou rejeter par référendum le projet de réforme de la Constitution présenté en août par le président Hugo Chavez. Le nouveau texte prévoit un large volet social mais aussi un élargissement des pouvoirs du chef de l’Etat. C’est ce second point qui a créé la polémique ces dernières semaines et soulevé les craintes des opposants politiques mais aussi de certains « chavistes » historiques. Et pour la première fois en neuf ans de pouvoir, Hugo Chavez n’est pas certain de la victoire avant même le scrutin.

De notre correspondant à Caracas

Quelque seize millions de Vénézuéliens sont appelés aux urnes ce dimanche, pour approuver ou rejeter la réforme de la Constitution.(Photo : AFP)

Quelque seize millions de Vénézuéliens sont appelés aux urnes ce dimanche, pour approuver ou rejeter la réforme de la Constitution.
(Photo : AFP)

Samedi midi, dans le centre de Caracas, un vendeur de hot-dogs et un client sympathisent : « Il faut voter demain ».  « Ah ça, oui, il faut voter… pour le oui ». Silence : le commerçant est un partisan du Non.

« Si la réforme passe, Chavez va serrer la vis dès le début de l’année 2008. Il veut se maintenir au pouvoir, comme Fidel à Cuba. » « Parce que tu crois qu’aux Etats-Unis il y a une démocratie ? Tu devrais mieux lire la réforme ». L’échange s’arrêtera là mais témoigne de la passion et de la tension qui règnent dans les rues de la capitale quelques heures avant le référendum sur la réforme constitutionnelle.

A quelques encablures de là, l’avenue Bolivar, la plus grande artère de la ville, porte encore les stigmates des gigantesques manifestations de clôture de campagne de jeudi – pour le Non – et de vendredi – pour le Oui. Les opposants au nouveau texte rejettent en bloc la possibilité de se présenter aux élections un nombre de fois illimité pour le président de la République, la suppression de l’autonomie de la Banque centrale, l’instauration d’une « économie socialiste » ou encore les pouvoirs élargis accordés au chef de l’Etat : nomination de vice-présidents pour des situations ou des régions particulières, mandat de 7 ans au lieu de 6, etc.

Ceux qui défendent la réforme mettent, eux, l’accent sur son volet social : semaine de travail à 36 heures, attribution aux conseils de quartiers de budgets pour gérer localement des problèmes, inscription dans le marbre constitutionnel du « pouvoir populaire » et des « missions », les ambitieux programmes sociaux du gouvernement.

Hugo Chavez, lui, a opté pour une autre stratégie : rassembler sur son nom et contre son traditionnel ennemi, « l’empire américain ». « Celui qui vote Oui vote pour Chavez, celui qui vote Non, vote George W. Bush », a-t-il lancé à la tribune jeudi. Pourquoi une telle attitude ? Peut-être parce qu’il sait que son image et son charisme séduisent plus que le texte qu’il porte.

« Nous ne sommes pas des traitres »

Au cours des dernières semaines, l’opposition politique - toujours sans leader, sans programme et sans base militante – a été rejointe dans son refus du projet de réforme par plusieurs nouveaux acteurs.

C’est d’abord un mouvement étudiant, né en juin contre le non-renouvellement de la concession de la télévision d’opposition RCTV, qui a lancé l’offensive du Non. Se rendant tour à tour à l’Assemblée nationale, au Tribunal suprême de justice, la plus haute juridiction du pays, et au Conseil national électoral, ils ont dans un premier temps chercher à faire reporter le référendum de dimanche. « Le président Chavez a mis huit mois pour élaborer cette réforme et nous, nous en avons moins de trois pour en débattre », déplorait Yon Goicoechea, l’un des leaders du mouvement. Las, les étudiants n’ont pas obtenu gain de cause.

Membres de la coalition chaviste à l’Assemblée, les sociaux-démocrates du petit parti Podemos ont eux aussi fait acte de dissidence. Attaché à la propriété privée, leur leader Ismael García estime que la réforme ne la garantit pas suffisamment. « Ce texte présente de grandes contradictions et confisque les valeurs démocratiques. Nous continuons à soutenir ce processus mais pas la réforme. Nous ne sommes pas des traitres. » Une allusion directe au qualificatif qu’a employé à leur égard le président Chavez.

« Un coup d’Etat contre la Constitution de 1999 »

Mais le vrai coup de tonnerre de la campagne a été l’œuvre, il y a moins d’un mois, du général Raúl Baduel, ministre de la Défense de 2004 à juillet dernier. Compagnon d’armes de Chavez lors de son putsch raté en 1992, il avait aussi été l’artisan de son retour au pouvoir le 13 avril

2002 après l’éphémère coup d’Etat contre lui. Mais selon Baduel, cette réforme « est un coup d’Etat contre la Constitution de 1999 » et il appelle à voter Non. Sans grand charisme, il aspire désormais à un entrer dans la vie politique nationale mais son influence, notamment au sein de l’armée, est difficilement quantifiable.

Ces différentes défections peuvent-elles mettre en danger Chavez dimanche ? Probablement pas car dans les classes les plus marginales de la société, la popularité du chef de l’Etat ne faiblit pas ou très peu. Un « petit » succès du Oui serait malgré tout un camouflet après neuf ans de pouvoir. Mais même si les instituts de sondages prévoient un résultat serré, force est de reconnaître qu’ils se sont beaucoup trompés lors des onze derniers scrutins, tous emportés haut la main par le président.

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