Article publié le 02/12/2007 Dernière mise à jour le 02/12/2007 à 21:45 TU
De notre correspondant à Moscou, Alexandre Billette
Le président russe Vladimir Poutine et sa femme Lioudmila, dans un restaurant à Moscou, le 2 décembre 2007.
(Photo : Reuters)
62% des voix pour Russie Unie, 11% pour le Parti communiste qui, dans les circonstances, fera office d'opposition au bulldozer pro-Kremlin... Les ultranationalistes du LDPR de Vladimir Jirinovski (10%), qui soutiennent globalement les politiques du Kremlin, et le Parti Russie Juste (8%), présenté comme « l'aile gauche » du camp Pro-Poutine, auront également des députés.
Thierry Parisot, correspondant de RFI à Moscou
« Il y a toujours de la place pour vous dans mon restaurant, M. le président.»
Le Kremlin avait mis de l'emphase ces derniers jours concernant le taux de participation, craignant une abstention massive après une campagne de matraquage publicitaire et médiatique en faveur de Russie Unie. Avec environ 60% d'électeurs ayant voté, contre 56 % lors des dernières élections législatives, les autorités ne peuvent pas revendiquer une victoire quant à la participation.
Il n'en fallait pas plus cependant pour que le leader de Russie Unie, Boris Gryzlov, annonce, dès les premiers résultats connus, qu'il s'agissait d'un « référendum en soutien de la politique de Vladimir Poutine ». Reste que le chef de l'Etat lui-même avait laissé entendre durant la campagne qu'il souhaiterait bien obtenir pour son parti un score égal ou supérieur à celui qu'il avait obtenu lors des dernières présidentielles : 71 % des voix.Accusations de fraudes et pressions sur les électeurs
La journée de dimanche a été ponctuée de nombreuses accusations de fraudes. Le Parti communiste à lui seul a comptabilisé plus de 10 000 plaintes de la part de ses 300 000 membres répartis à travers le pays.
Thierry Parisot, correspondant de RFI à Moscou.
« Le verdict des observateurs internationaux est sans appel, les élections législatives russes n'ont pas répondu aux critères de l'OSCE en matière d'élections démocratiques. »
Dans le bureau de scrutin de la rue Kravtchenko au sud de Moscou, c'était un peu la pagaille en ce dimanche après-midi. Dans la salle réservée au vote de cette résidence universitaire, on va et vient entre les scrutateurs et les isoloirs, le (long) bulletin de vote à la main, sans trop comprendre le sens du parcours.
Certaines manœuvres sont étonnantes. On va dans l'isoloir, qui n'est pas fermé par un rideau, accompagné de copains, en bavardant. On porte ensuite le bulletin, sans le plier, jusqu'à l'urne dotée d'un lecteur optique qui engloutit les votes sous le regard du responsable, qui peut ainsi voir le choix de l'électeur...
« Vous savez, ces élections sont de toute façon truquées », expliquent Galina et Ioulia, observatrices pour le compte d'une ONG indépendante. Etudiantes à la prestigieuse université MGU, elles ont assisté à un curieux manège ces derniers jours : « Un inconnu a fait le tour de la cité universitaire pour proposer aux étudiants de voter pour la liste de Poutine, contre 1000 roubles (30 euros) ».
Avant même la fermeture des bureaux de vote, les accusations de fraudes diverses ont été nombreuses. « Les élections les moins démocratiques de tous les temps », pour le leader communiste Guennadi Ziouganov, dont le parti a déjà promis de contester les résultats en justice, avec peu de chances de succès ; « le scrutin le plus malhonnête de l’Histoire », pour Boris Nemtsov, un dirigeant du SPS qui a annoncé des arrestations de militants de son parti.
Garry Kasparov, lui, est allé voter mais il a détruit son bulletin de vote devant les caméras en guise de protestation. Il promet de se rendre à la Commission électorale ce lundi soir pour manifester contre un scrutin jugé frauduleux, et pour déposer symboliquement une gerbe de fleur annonçant « la mort de la démocratie en Russie ».
Quel avenir pour Poutine ?
Reste maintenant à voir comment le président Poutine va interpréter ces résultats. A trois mois des élections présidentielles où il ne peut pas, constitutionnellement, se représenter, le chef du Kremlin a laissé filtrer très peu d'informations sur ses intentions à venir. La victoire de son parti ce dimanche lui donnerait, en théorie, la possibilité de revendiquer le poste de Premier ministre, mais la fonction offre peu d'attraits au sein du système politique russe fortement présidentialisé, et Vladimir Poutine a toujours soutenu jusqu'à maintenant qu'il ne souhaitait pas modifier la Constitution pour rééquilibrer les pouvoirs entre le président et le Premier ministre.
Ces derniers jours, de nombreuses hypothèses circulaient sur l'avenir de Vladimir Poutine : président du Conseil national de Sécurité dont les fonctions seraient élargies, voire président du géant gazier Gazprom... Certains caciques de Russie Unie ont même évoqué récemment la création d'un poste de « Leader national », au cadre flou, pour permettre au président actuel de rester aux affaires.
« Au siège de la Commission électorale centrale, le chef Viktor Tchourov assure qu'il n'y a pas eu de violations graves. »
03/12/2007 par Thierry Parisot
« Le dirigeant du parti communiste a appelé le Kremlin a cessé de violer le pays et a annoncé qu'il allait contester les résultats devant la Cour suprême. »
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« Pas de liesse populaire, personne devant le siège de Russie Unie, la rue est déserte. »
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« Bush est certainement embarrassé par les moyens utilisés par son alliés mais il n'a guère le luxe de mettre cette alliance en péril. »
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