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Russie

Medvedev candidat de «Russie unie» à la présidentielle, Poutine Premier ministre

par Dominique de Courcelles

Article publié le 17/12/2007 Dernière mise à jour le 18/12/2007 à 00:46 TU

Le premier vice-Premier ministre russe Dmitri Medvedev a été officiellement désigné ce lundi candidat du parti au pouvoir « Russie unie » pour la présidentielle de mars prochain. Le président Poutine, qui entend conserver le pouvoir, annonce qu’il deviendra son Premier ministre.

Le premier vice-Premier ministre russe Dmitri Medvedev (d) pendant son allocution devant le Congrès de son parti sous l'oeil attentif du président Vladimir Poutine.(Photo : Reuters)

Le premier vice-Premier ministre russe Dmitri Medvedev (d) pendant son allocution devant le Congrès de son parti sous l'oeil attentif du président Vladimir Poutine.
(Photo : Reuters)

Parmi tous ses dauphins potentiels, le président Poutine a choisi le plus lisse, un homme sans réseau, un compagnon de route depuis 17 ans, qui ne lui fait aucune ombre. Mais Vladimir Poutine qui ne compte pas lâcher le pouvoir si rapidement, a décidé de continuer à l’exercer en devenant le premier ministre de celui qu’il vient de faire Roi. Le « ticket gagnant est en place », la seule incertitude qui demeure : pour combien de temps ?

Il a un nom prédestiné : en russe, « medved », la racine de son nom, signifie ours. Qui n’a entendu parler de l’ours russe ? Autant aimé des enfants que parfois craint des adultes, quand l’ours russe parle ou montre les griffes, personne ne l’ignore. Et par un heureux hasard, l’ours est aussi le symbole de « Russie unie », le parti au pouvoir, celui qui vient de rassembler 64% des voix  russes aux élections législatives du 2 décembre dernier.

Et pourtant, de l’ours Medvedev n’en a visiblement ni le physique ni, semble t-il, le tempérament. D’allure plutôt juvénile, cet homme petit et fluet de 42 ans, ne paie pas de mine. Comme Poutine, il est natif de Saint-Pétersbourg, comme Poutine il est diplômé de l’université de droit de l’ancienne capitale. Et tout démarre pour lui en 1999, il a alors 34 ans, lorsqu’il rejoint Moscou pour diriger la campagne électorale du Premier ministre Poutine, tout juste adoubé par le président Eltsine pour lui succéder à la présidence.

Après la victoire de son mentor, il ne le quitte plus. Il devient alors secrétaire général adjoint du Kremlin, premier vice-Premier ministre et  pas que cela : il cumule cette fonction avec d’autres postes à responsabilité dont celui hautement sensible et politique de président du conseil de surveillance de Gazprom, le numéro un mondial du gaz, et le bras armé du Kremlin, capable d’ouvrir et de fermer les conduites de gaz selon son bon vouloir et à son prix. Réputé libéral dans l’entourage de Poutine, il exprime pourtant rarement une idée personnelle, tant il tient, pour l’instant, à rester dans l’ombre de son tout puissant bienfaiteur.

Et déjà  tout le monde l’adule

Sans même attendre l’onction du parti « Russie unie » –  c’est dire si ce parti est aux ordres du Kremlin – Dmitri Medvedev devient brusquement populaire au lendemain de sa mise sur orbite par le président Poutine. Le temps presse, la présidentielle a lieu le 2 mars prochain, il s’agit pour lui de devenir au moins aussi populaire que Vladimir Poutine puisqu’ils ont décidé, ou plutôt puisque Poutine a décidé, de la jouer en « tandem », en « ticket », à l’américaine.

Trois jours après sa nomination par Poutine, Dmitri Medvedev fait un bond dans les sondages avec une cote de popularité autour de 35%, alors qu’un mois auparavant il était aux alentours de 20%, au même titre que ses challengers malheureux, le Premier ministre Zoubkov, ou Sergueï Ivanov, longtemps considéré comme l’autre dauphin de Poutine. Dans la foulée, le patriarche de l’Eglise orthodoxe, Alexis II, apporte son soutien au « nouveau futur élu » et, encore mieux, au duo entre les amis de 17 ans, qui serait, selon le patriarche, une « bénédiction pour la Russie ».

Le meccano est en place

Dernier acte : Vladimir Poutine répond  favorablement à la demande du futur président qu’il vient de mettre en place. Il sera son Premier ministre. Au lendemain de sa désignation, Vladimir Medvedev avait déjà rempli sa mission : il lui avait proposé de rester comme Premier ministre. Après quelques jours de suspens, au Congrès de « Russie unie », sans craindre le moins du monde l’effet « opération montée de toutes pièces », Poutine accepte de devenir le futur chef de gouvernement de son protégé.

Le nouveau tandem de la Russie est en place. Pour combien de temps? La prochaine étape consistera très vraisemblablement à annoncer des élections présidentielles anticipées avant 2012. Le Premier ministre Poutine pourra alors s’y présenter pour un troisième mandat non consécutif et la boucle sera bouclée. A moins que… A moins que les relations entre les deux amis de 17 ans ne s’embrouillent, et que Poutine ne perde le contrôle de sa marionnette et de son scénario.

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