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Kenya

Elections historiques dans le calme

Article publié le 27/12/2007 Dernière mise à jour le 27/12/2007 à 18:07 TU

Alors que les violences survenues durant la campagne électorale laissaient craindre un scrutin agité, aucune échauffourée n’a été signalée durant la journée du vote. 14,2 millions de personnes devaient élire leur président, les 210 députés ainsi que 2 484 élus locaux. La mobilisation a été sans équivalent dans l’histoire du pays, à tel point que de nombreux bureaux de vote sont restés ouverts au-delà de 17 heures, l’heure officielle de clôture.

A Naivasha, on attend pour voter.(Photo : Stéphanie Braquehais/RFI)

A Naivasha, on attend pour voter.
(Photo : Stéphanie Braquehais/RFI)

De notre correspondante au Kenya, Stéphanie Braquehais

Devant les bâtiments de l’école primaire Model, à Limuru, fertile région productrice de thé et de fleurs, un des bastions des Kikuyus, l’ethnie du président Mwai Kibaki, situé à 35 kilomètres au nord-ouest de Nairobi, une file de plusieurs centaines de personnes s’étend jusqu’au chemin en terre, dépassant largement le portail. Il n’est pourtant même pas 6 heures du matin, l’heure officielle d’ouverture des bureaux de vote.

Ce quinquagénaire raconte qu’il s’est levé au milieu de la nuit pour arriver parmi les premiers, vers 4 heures du matin. « Je veux être certain de pouvoir voter. Et vous voyez, les gens sont plutôt disciplinés, ils attendent leur tour. Mais aujourd’hui, il n’y a qu’un objectif pour tous les Kenyans : voter ! ». A l’intérieur de la classe, transformée en bureau de vote pour l’occasion, les agents de la commission électorale s’agitent pour mettre en place les derniers préparatifs.

Des bandes jaune, rouge et bleue sont collées sur chacune des trois urnes de couleur noire, correspondant respectivement au vote des élus locaux, du président et des députés. Des urnes qui ont au préalable été ouvertes devant les électeurs présents pour attester de l’absence de fraude. Une dizaine d’observateurs des différents partis, assis sur des chaises, font face aux électeurs qui passent chacun à leur tour prendre un fichier, cocher dans l’isoloir la case correspondante au candidat choisi, puis revenir pour tremper son auriculaire dans un pot d’encre bleu indélébile.

Un énorme défi pour le pays

A une cinquantaine de kilomètres de là, à Naivasha, au cœur de la Rift Valley, la même affluence est visible partout. Certains, lassés de l’attente, s’assoient silencieusement sur la pelouse, ouvrent le journal du matin et s’épuisent en conjectures à voix basse avec leurs voisins. Sous des tentes, 3 bureaux de vote comprenant chacun 800 votants ont été installés.

Les préparatifs sont en cours depuis une semaine, et Daniel Kimani, le responsable des agents de la Commission électorale est soulagé par la tournure des événements. « Ces élections sont un énorme défi pour le pays. Je dirai que c’est 50-50. Nous avons fait de notre mieux pour nous montrer neutres. C’est au peuple de faire son choix librement. Le seul problème, ajoute-t-il, c’est que nous manquons cruellement de matériel. La commission électorale n’a pas d’argent pour nous payer des chaises, des tables, nous avons dû emprunter tout cela à la population. De plus, les lampes à gaz reçues ce matin ne fonctionnent pas. Alors je me demande comment on va compter les bulletins si les bureaux ferment après 17 heures… », interroge-t-il.

Etant donné l’affluence historique, la Commission électorale a prolongé le vote de deux heures supplémentaires. Après des semaines de campagne marquées par des cas de violences, la Commission des droits de l’homme ayant recensé 70 personnes mortes en raison de conflits dus aux élections depuis le mois de juillet, le jour J, aucune irrégularité ni cas de violences majeurs n’ont finalement été relevés, selon le chef de la mission d’observation de l’Union européenne, Alexander Graf Lambsdorff.

Dans tout le pays, 60 000 policiers ont été déployés dans 28 000 bureaux de vote. A Nairobi, une légère polémique est née dans la matinée, après que Raila Odinga, le principal candidat contre le président sortant Mwai Kibaki, du Mouvement orange démocratique eut tenté d’aller voter dans sa circonscription de Langata, dans l’est de la capitale, où se situe l’un des bidonvilles les plus peuplés du pays, Kibéra.

Le leader de l’opposition n’a tout simplement pas trouvé son nom sur la liste et s’est dès lors empressé d’accuser le gouvernement et le PNU, Parti de l’union nationale de Mwai Kibaki, de délibérément l’empêcher d’être élu.

Il est vrai que l’enjeu de cette circonscription est de taille puisque selon la loi kenyane, un candidat ne peut être élu président que s’il a également remporté les législatives dans son fief. Depuis plusieurs semaines, le camp ODM s’inquiétait des possibles tentatives de faire échouer la candidature de leur égérie. Le PNU a aussitôt publié un démenti expliquant qu’il s’était tout simplement trompé de bureau de vote, celui-ci accueillant les votants de A à N…