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Pakistan

Polémique sur la mort de Benazir Bhutto

par  RFI

Article publié le 29/12/2007 Dernière mise à jour le 29/12/2007 à 20:36 TU

La controverse prenait de l’ampleur, samedi, sur les circonstances de la mort de Benazir Bhutto, deux jours après l'attentat qui lui a coûté la vie et qui a plongé le Pakistan dans l’incertitude politique. La thèse gouvernementale, selon laquelle l’opposante n’a reçu aucune balle, provoque la colère de ses partisans. Dans l'après-midi, le gouvernement pakistanais s'est dit prêt à exhumer le corps de Benazir Bhutto si son parti le souhaite, pour déterminer les causes exactes de sa mort.

Les émeutes qui ont suivi la mort de Benazir Bhutto ont fait au moins 38 morts en deux jours et provoqué des dizaines de millions de dollars de dégâts, a annoncé samedi le ministère pakistanais de l'Intérieur.


Les envoyés spéciaux de RFI, Stéphane Lagarde et Manu Pochez, sont arrivés à Karachi. Témoignages alors que la ville est en deuil.

Deuil national au Pakistan

« La situation est très critique, les magasins, les stations d'essence, tout est fermé ».

écouter 0 min 52 sec

29/12/2007 par Stéphane Lagarde


Sur les lieux de l'attentat dans la banlieue d'Islamabad, le 27 décembre 2007.(Photo : AFP)

Sur les lieux de l'attentat dans la banlieue d'Islamabad, le 27 décembre 2007.
(Photo : AFP)

« J'ai vu qu'elle avait une blessure par balle à la tête et une autre, causée par la sortie de la balle, de l'autre côté de la tête ». La porte-parole de Benazir Bhutto, Sherry Rehman, assure qu'elle a lavé le corps de la présidente du PPP avant l'enterrement et elle dément catégoriquement la version délivrée par le ministère de l'Intérieur.

Vendredi, le porte-parole du ministre avait assuré, sur la foi des médecins qui ont effectué l'autopsie de la défunte, que madame Bhutto avait succombé des suites d'un choc violent à la tête alors qu'elle tentait de se protéger des balles du tueur.

Menace évidente

Selon la version gouvernementale, Benazir Bhutto n'a donc été touchée par aucun projectile. Et sa mort serait, en quelque sorte, accidentelle.

Jean-Luc Racine

Directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Pakistan

« C'était presque inévitable que la polémique vienne se greffer sur cet événement. Et en réalité il y a un empilement de polémiques. »

Cette thèse provoque évidemment la fureur des militants du parti de Mme Bhutto qui accusent le pouvoir de l'avoir tuée (indirectement au moins) en ne mettant pas à sa disposition les moyens de protection qu'elle réclamait, alors qu'il pesait sur elle une menace évidente.

Il faut se rappeler que son retour d'exil, fin octobre, avait été marqué par un double attentat suicide, parmi les plus sanglants de l'histoire du Pakistan. Il y avait eu 139 morts. Ce jour-là, Benazir Bhutto avait miraculeusement échappé à la mort.

Jean-Luc Racine

Directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Pakistan

« Le Pakistan héberge un nombre considérable d'organisations. [...] Donc il peut y avoir beaucoup de responsables possibles au delà de la seule étiquette al-Qaïda. »

Le démenti d’al-Qaïda


Selon l'un des ses porte-parole, Baïtulla Mehsud, le chef présumé d'al-Qaïda au Pakistan « n'est pas impliqué dans l'attentat » contre Benazir Bhutto. En conséquence, selon lui, « c'est un complot du gouvernement, de l'armée et des services de renseignement ».

Ce démenti est la réponse du groupe islamiste radical aux accusations formulées vendredi par les autorités qui ont clairement dénoncé al-Qaïda comme responsable de l'attentat dans lequel Benazir Bhutto a perdu la vie.

Le ministère de l'Intérieur affirme avoir intercepté une communication téléphonique dans laquelle Baïtulla Mehsud félicite un de ses hommes après l'attaque.

Son coup de téléphone aurait permis de localiser le terroriste dans les zones tribales du nord-ouest du pays, là où précisément Washington estime qu'al-Qaïda et les talibans afghans ont reconstitué leurs forces, avec le soutien des tribus pakistanaises fondamentalistes, parmi lesquelles, celle des Mehsud, justement.

Lors du carnage du 18 octobre – dont Mme Bhutto de retour d'exil avait miraculeusement réchappé –, les autorités avaient déjà procédé de la même manière, en accusant al-Qaïda.

Le mobile invoqué par Islamabad est cohérent : la présidente du PPP avait promis d'éliminer la menace islamiste du pays, ce qui en faisait une cible toute désignée pour les groupes radicaux.

Pakistan

Javed Iqbal Cheema, ministre de l'Intérieur pakistanais, calme le jeu concernant l'assassinat de Benazir Bhutto.(Photo : Reuters)

Lendemains incertains

29/12/2007 à 06:19 TU