par Alain Renon
Article publié le 04/01/2008 Dernière mise à jour le 05/01/2008 à 01:06 TU
Pour le PPP, le parti de l'ex-Premier ministre, cette mission de Scotland Yard, qui commence huit jours après l’attentat, est un « exercice qui n'a aucun sens ». De fait, du point de vue purement policier, on voit mal comment les limiers de Scotland Yard pourraient faire progresser l'enquête. Et pour commencer, faire la lumière sur les circonstances exactes de la mort de Benazir Bhutto, qui sont au cœur d’une virulente polémique. A-t-elle été tuée par balle ou par un violent choc de la tête contre son véhicule, provoqué par le souffle de la bombe actionnée juste après les tirs par un kamikaze, comme l'assurent les enquêteurs pakistanais ? Le tireur, tué lui aussi dans la déflagration ayant, selon eux, manqué sa cible. Sur le lieu même de l'attentat, nettoyé à grande eau quelques heures seulement après le drame, aucun indice ne peut plus aider à répondre à cette question. Pas plus que les images, photos ou vidéo, actuellement disponibles.
Autopsie ?
Par ailleurs, rien ne dit que les limiers de Scotland Yard auront accès aux vêtements que portaient la victime ou à l'intégralité du rapport des médecins pakistanais, qui ont procédé à un rapide examen du corps. Effets personnels et documents médicaux aujourd’hui dispersés dans différents services, à Islamabad. Une autopsie mettrait évidemment fin à la controverse. La famille l'avait refusée avant l'enterrement, en affirmant que le pouvoir aurait falsifié le rapport des légistes. Et l’exhumation de la dépouille de Benazir Bhutto s’avère très improbable, le veuf de l’ancienne dirigeante du PPP, Asif Ali Zardari, la conditionnant à une enquête onusienne. Or, l’arrivée des limiers de Scotland Yard signifie clairement que cette hypothèse d’investigation internationale au Pakistan n’a pas été retenue par les grandes puissances.
Soulager Washington
Cette mission est effectivement plus diplomatique que réellement policière. Elle doit permettre au président pakistanais de rejeter les accusations lancées contre ses services. Elle vise aussi à soulager Washington, dont Pervez Musharraf, George Bush l’a rappelé ce jeudi encore, reste l'allié régional incontournable. Quitte à ne jamais savoir, ou ne jamais révéler, qui a tué Benazir Bhutto. En laissant au bien Islamabad accuser al-Qaïda - même si son numéro un présumé au Pakistan, Baïtullah Mehsud, a déjà démenti toute implication - que le PPP mettre directement en cause le proche entourage militaire de Pervez Musharraf, et l'ISI, les puissants services secrets, sans le moindre début de preuve.