Article publié le 08/01/2008 Dernière mise à jour le 09/01/2008 à 17:52 TU
De notre envoyé spécial à Nairobi, Laurent Correau
John Kufuor accueilli par des groupes traditionnels kenyans et la chorale municipale de Nairobi.
(Photo : Laurent Correau / RFI)
C’est en toute fin d’après-midi que l’avion du président John Kufuor s’est posé à Nairobi. Le chef de l’Etat ghanéen a été accueilli au pied de la passerelle par Mwai Kibaki, avec qui il a passé en revue les troupes.
Les deux hommes ont marché jusqu’au salon d’honneur en s’arrêtant devant plusieurs groupes folkloriques. Pas un mot à la presse. Un quart d’heure plus tard, le convoi avait quitté l’aéroport.
Les discussions qui doivent maintenant commencer s’annoncent très difficiles.
Cet après-midi, les opposants du Mouvement démocratique orange ont annoncé les premiers résultats de l’audit qu’ils ont réalisé sur les élections. Selon eux, 471 000 voix ont été ajoutées au score de Mwai Kibaki.
Principal signal d’alarme, selon l’ODM : dans 47 circonscriptions, le nombre de votes pour l’élection présidentielle est très largement supérieur à celui des autres scrutins. « Dans la circonscription d’Embakassi, explique le responsable de l’audit, Dalmas Otieno, 37 000 électeurs sont censés être allés au bureau de vote, avoir reçu les bulletins pour trois scrutins (comme le veut la procédure), mais n’avoir voté QUE pour le président… et être rentrés chez eux ! Ils n’ont voté ni pour leur député, ni pour leurs conseillers ». Et le responsable de conclure : « Cela ne peut vouloir dire qu’une chose : ces votes n’existent pas ».
Le dossier sera présenté au président ghanéen John Kufuor, et le chef de l’ODM Raila Odinga indique d’ores et déjà qu’il ne souhaite pas répondre à l’invitation de Kibaki pour des discussions vendredi prochain.
Le président Kibaki, lui, a décidé de montrer sa fermeté en annonçant dès aujourd’hui la formation de la moitié de son gouvernement, un gouvernement de « large ouverture » avec au poste de vice-président Kalonzo Musyoka, arrivé troisième lors du scrutin du 27 décembre.
«J'ai le plaisir d'annoncer une partie de mon gouvernement, a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée. En nommant le gouvernement, j'ai tenu compte de l'importance de maintenir le pays uni, pacifique et prospère ainsi qu'une direction forte de large ouverture ». Une façon de faire comprendre aux chefs de l’ODM qu’une place les attend s’ils le souhaitent. Mais une façon surtout de répéter que Kibaki ne reviendra pas sur l’essentiel : sa réélection à la présidence.