Article publié le 06/01/2008 Dernière mise à jour le 07/01/2008 à 10:02 TU
Le docteur Anyang Nyongo du Mouvement démocratique orange propose trois extraits de la Bible à méditer.
(Photo : Laurent Correau / RFI)
Gospel Lighthouse Church. Une tente au milieu de zones en construction. La prière ici est militante. Justus Wanjala, le prédicateur habituel de cette église, est l’un des membres de « Church For Change », l’Eglise pour le changement, un groupe de religieux qui a soutenu la candidature de Raila Odinga. Il s’appuie sur le pupitre en verre, s’enflamme, et dans une référence claire aux élections, enfile les citations bibliques sur le bien volé qui est rendu à son propriétaire : « Si quoi que ce soit nous a été dérobé, cela nous reviendra! Merci Jésus ! ».
Une partie de l’état-major de l’ODM, le Mouvement démocratique orange de Raila Odinga est venu. Les politiques expliquent qu’ils demandent à Dieu de rendre justice au pays. Le secrétaire général de l’ODM, le Dr Anyang Nyongo, soumet à l’assistance trois extraits de la Bible qui lui semblent à méditer dans le contexte actuel.
Le président de « Church For Change », le révérend William Abuka, est appelé sur l’estrade et prend le micro. Il demande à plusieurs opposants de se lever et les fait applaudir. Il invite l’assistance à faire un geste d’imposition des mains pour les bénir. « Nous ne pouvons pas rester neutre, explique-t-il à la fin de la cérémonie, parce que quelque chose de très mauvais s’est déroulé lors de l’élection pendant le comptage des bulletins de vote. Nous devons aller du côté du droit ».
Plus tard, dans l’après-midi, c’est une autre tonalité qui prévaut à la All Saints Cathedral, où une prière rassemblant toutes les églises chrétiennes est organisée. Ici, on n’a pas encore choisi l’un des deux candidats. Des jeunes demandent pardon pour les violences de ces derniers jours. Un prêtre en pleurs qui revient d’Eldoret dit l’amour qu’il a pour son pays.
Il est question dans les prières de paix, de solidarité mais aussi (et peut-être surtout) d’unité de la nation : « Nous devons demander pardon à Dieu pour toutes ces divisions tribales explique une femme. Demandons à Dieu de nous réconcilier, en une seule nation… ‘un seul Kenya’ comme le dit notre hymne national ». L’hymne kenyan est d’ailleurs entonné, à la demande de l’archevêque anglican, à la fin de la prière… Comme si, pendant cette journée, certains Kenyans avaient aussi cherché à surmonter leurs divisions.
Des médiations qui piétinent
Après deux jours de médiation, la diplomate américaine Jendayi Frazer reste discrète sur les résultats de ses efforts. Elle est censée rester jusqu’à ce lundi soir, et pour l’instant, elle semble bien n’avoir pas eu plus de chance que le prix Nobel de la paix Desmond Tutu.
Ce dimanche matin à Orange House, le siège de son parti, Raila Odinga a répété qu’il n’acceptait pas la constitution d’un gouvernement d’union nationale. « C’est une insulte pour la population de ce pays, a-t-il dit, car Kibaki n’a pas gagné l’élection »… « Je suis celui qui pourrait lui proposer de rejoindre un gouvernement de coalition, a déclaré Odinga… Mais je ne l’ai pas fait ».
Le pouvoir, lui, reste silencieux mais sa fermeté se mesure au déploiement massif de forces de l’ordre aux entrées du parc Uhuru, rendant impossible toute manifestation.
Le président ghanéen John Kufuor doit rencontrer les deux parties en ce début de semaine pour tenter malgré tout de trouver une solution. Son intervention était souhaitée par Raila Odinga… et Kibaki a finalement dû accepter la visite du Ghanéen, après avoir décliné à la fin de la semaine dernière une proposition de médiation.