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Liberia

La Commission Vérité et Réconciliation poursuit ses audiences poignantes

Article publié le 11/01/2008 Dernière mise à jour le 11/01/2008 à 08:15 TU

La Commission a entendu jeudi le récit de Gladys Arthur, dont la vie a basculé quand elle avait 12 ans. Les audiences sont retransmises en direct à la télévision et à la radio d'Etat.

Avec notre envoyé spécial

Il aura fallu beaucoup de courage à Gladys Arthur pour venir raconter son histoire, face à un public qui a parfois l’indécence de ricaner à l’écoute des atrocités subies par certaines victimes.

La jeune fille a expliqué d’une voie déterminée, parfois entrecoupée de pleurs, comment sa vie a basculé en 90 : « J’avais 12 ans à l’époque, dit-elle, mon père était responsable de la paye pour une entreprise forestière. Un jour, un certain Mongo Miller qui était commandant dans la faction de Charles Taylor, m’a arrêtée, et m’a demandé où ma mère était. Je lui ai dit : à la maison. Il est venu pour prendre notre argent, mais comme les soldats nous avaient déjà pillés, il a dit à ma mère : ou je te tue, ou bien je tue tes enfants. Elle a choisi de se sacrifier pour nous. Alors il l’a poignardée et nous a emmenés, mon frère et moi ».

« Le 1er janvier 91, il m’a demandé pardon, et si je voulais devenir sa femme, poursuit Gladys. Il m’a dit que si je refusais, il me tuerait, puis il m’a violée. En 93 j’ai pu m’échapper, j’ai marché trois jours en brousse, puis je suis partie en Côte d’Ivoire. En 97, des amis m’ont dit que mon père me cherchait, alors je suis rentrée au Liberia. Quelques années plus tard nous avons retrouvé Mongo Miller.

Question d’un commissaire : « Savez-vous ce qu’est devenu votre frère Paul ? » « Oui, répond Gladys, il a 20 ans et vit toujours avec Mongo Miller, qui l’utilise pour cultiver son champs. Je l’ai vu, mais il m’a dit qu’il me rendrait Paul seulement si je lui verse 300 dollars ».