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Proche-Orient

Gaza : une enclave sous emprise israélienne

par Frédérique Misslin

Article publié le 22/01/2008 Dernière mise à jour le 22/01/2008 à 21:45 TU

Un million et demi de personnes vivent à Gaza, sur une bande de terre de 360 km2. Coincés entre la mer Méditerranée et Israël, les habitants de Gaza sont aujourd’hui pris entre deux feux. La prise de contrôle de cette enclave palestinienne par le Hamas en juin 2007 a provoqué un durcissement de la politique d’isolement et du blocus économique imposés par Israël. La bande de Gaza est plus que jamais totalement dépendante des Israéliens notamment pour la fourniture de l’électricité et du carburant.

(Carte : Devrim Alpoge/RFI)

(Carte : Devrim Alpoge/RFI)

Si les militaires israéliens ont quitté la bande Gaza à l’été 2005, l’Etat hébreu continue de facto de contrôler l’économie palestinienne et les déplacements de population. Une clôture délimite strictement la frontière entre Israéliens et Palestiniens. Il existe six points de passages, cinq de ces terminaux sont contrôlés par Israël et les 11 km de bordure avec l’Egypte ne constituent pas vraiment une alternative pour les habitants de Gaza. Ils ne possèdent ni port, ni aéroport et leur économie est totalement dépendante de l’Etat hébreu. Premier exemple, la monnaie officielle utilisée dans les territoires palestiniens est le shekel. Par ailleurs, l’Etat hébreu récolte la TVA et les droits de douane sur les produits à destination de Gaza et doit les reverser tous les mois à l’Autorité palestinienne. Mais les Israéliens peuvent tout à fait stopper ces transferts d’argent par mesure de rétorsion. Ce scénario s’est produit juste après la victoire du Hamas aux dernières élections, en janvier 2006. 

Gaza : « entité ennemie »

Avant la deuxième Intifada, Gaza exportait des produits agricoles vers Israël et notamment des fraises, la main d’œuvre palestinienne était également utilisée dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture côté israélien. La fin des années 90 a été marquée par les fermetures répétées des frontières entre Gaza et Israël pour des motifs sécuritaires. Les flux de personnes et de biens se sont progressivement taris. La situation s’est encore détériorée après la prise de pouvoir du mouvement islamiste, en juin dernier, la bande de Gaza étant qualifiée depuis lors par les Israéliens « d’entité ennemie ». Selon l’ONU, plus de 150 roquettes Qassam ont été lancées depuis Gaza vers Israël entre les 16 et 18 janvier. C’est dans le cadre de représailles que l’Etat hébreu a décrété un blocus total du territoire. Or, Gaza dépend totalement d’Israël pour son approvisionnement en carburant et en électricité.

L’organisation israélienne de défense des droits de l’homme Gisha estime les besoins en électricité de la population à Gaza à 240 mégawatts. Selon cette association, Israël en temps normal en fournit 120, l’Egypte 17 et l’unique centrale palestinienne 80. Les coupures de ces derniers jours ont eu des conséquences sur le secteur sanitaire évidemment mais aussi sur l’éclairage public et, plus dramatique, sur l’approvisionnement en eau des camps de réfugiés qui s’effectue habituellement grâce à des pompes… électriques. A cela s’ajoute depuis 5 jours le manque d’essence qui perturbe les transports, les services de secours et le ramassage des ordures.

Des restrictions quotidiennes

Il y a encore quelque temps Gaza importait 9 000 catégories de produits différents, aujourd’hui Israël n’en autorise plus qu’une trentaine et uniquement lorsqu’il s’agit de nourriture, d’hygiène ou de médicaments. Depuis juin 2007, Israël bloque régulièrement le passage des marchandises et des personnes aux cinq points de contrôle qui sont sous son autorité (Erez, Karni, Nahal Oz, Sufa, et Kerem Shalom). Karni, par où transite habituellement la grande majorité des marchandises qui entrent ou sortent de Gaza a été particulièrement touché par les restrictions. Des rapports de l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires et de l’organisation palestinienne pour le commerce (Paltrade), montrent que les exportations ont été totalement stoppées et qu’à l’exception de quelques produits de base (farine, sucre, huile, riz et sel), les importations de marchandises restent minimes.

L’été dernier à Karni, l’Etat hébreu acceptait de laisser passer le chargement de 50 à 60 camions par jour mais uniquement 2 jours par semaine. Les produits frais transitent généralement par le terminal de Sufa, Nahal Oz est le point d’arrivée de l’essence et du gaz, quant au point de passage d’Erez, il permet normalement aux Palestiniens d’entrer et de sortir du territoire. Rafah constitue la seule porte de sortie des habitants de Gaza vers l’étranger. Depuis 3 ans, c’est officiellement le seul terminal qui n’est pas sous contrôle direct israélien. Le passage est administré par l’Autorité palestinienne mais des observateurs de l’Union européenne y sont postés et l’Etat hébreu contrôle les candidats au passage par caméra vidéo. Côté égyptien, les autorités sont bien décidées aujourd’hui à garder ce poste frontière fermé. En dépit du blocus, le Caire veut surtout éviter tout afflux de réfugiés sur son territoire.

Les voies de communications avec l’extérieur :
(sources Paltrade)

1) Point de passage d’Erez : permet l’entrée et la sortie des diplomates, des hommes d’affaires, des employés d’organisations humanitaires, des journalistes et des civils ayant besoin de soins médicaux.

2) Terminal de Karni : principal point d’entrée des marchandises (céréales, produits de première nécessité) en décembre 2007 il a été ouvert 8 jours.

3) Terminal de Soufa : point d’entrée notamment des produits frais. Il a été ouvert 12 jours en décembre 2007.

4) Point de passage de Kerem Shalom : permet l’importation et l’exportation des marchandises et le passage de l’aide humanitaire. Il a été ouvert 23 jours en décembre 2007.

5) Terminal de Nahal Oz : point d’entrée du carburant et du gaz. Il a été ouvert 24 jours en décembre 2007.

6) Rafah : seule porte de sortie vers l’étranger pour les Palestiniens. Depuis juin 2007, ce poste frontière est fermé la quasi-totalité du temps. L’entrée et la sortie de 2 000 personnes ont été autorisées au moment du pèlerinage à la Mecque en décembre 2007.