Article publié le 04/02/2008 Dernière mise à jour le 04/02/2008 à 01:23 TU
Le démocrate Boris Tadic a obtenu, de justesse, un second mandat à la tête de la Serbie. Il a battu son adversaire d’extrême droite, Tomislav Nikolic, avec 50,5% des voix, alors que la participation a atteint le niveau record de 67% des inscrits.
De notre correspondant à Belgrade, Jean-Arnault Dérens
Les électeurs avaient bien compris l’importance de l’enjeu, et se sont rendus aux urnes encore plus massivement que lors du premier tour : 67% de participation est un taux très élevé pour la Serbie, où l’on vote souvent fort peu.
À Belgrade, ce sont surtout les électeurs démocrates qui se sont mobilisés. Marija, une jeune photographe n’avait pas voté le 20 janvier : « je savais bien qu’il y aurait un second tour, et comme les programmes des candidats ne m’enthousiasmaient pas, j’ai préféré attendre. Aujourd’hui, par contre, le choix était clair, entre la Serbie de l’avenir et celle du passé. Beaucoup de mes amis ont réagi comme moi », expliquait Marija à la sortie de son bureau de vote, sans cacher son inquiétude sur le résultat final. « J’ai été surprise par l’ampleur du score de Nikolic au premier tour », finit-elle par reconnaître.
Sur le marché de Kalenic, dans le centre de Belgrade, la ministre de la Diaspora, Milica Cubrilo, figure montante du Parti démocratique (DS) de Boris Tadic, se voulait rassurante. « Il fait beau aujourd’hui, le soleil brille, la Serbie ne voudra pas revenir aux ténèbres de l’isolement des années 1990 ». Pour évoquer ce « retour dans le noir », les jeunes démocrates avaient distribué des milliers d’ampoules électriques la semaine dernière.
Cette dramatisation de l’enjeu a payé, assurant finalement la victoire de Boris Tadic, mais d’extrême justesse. En réalité, entre les deux tours, les deux candidats ont réussi à convaincre de nouveaux électeurs.
L’heure des règlements de compte
Alors que des échéances cruciales pour la Serbie vont se précipiter dans les prochaines semaines, avec la probable indépendance du Kosovo, le camp pro-européen sort renforcé de ce scrutin, sans pour autant avoir remporté une victoire éclatante. La coalition gouvernementale est plus fragile que jamais, mais le Premier ministre Vojislav Kostunica, (Parti démocratique de Serbie, DSS), qui avait soutenu Velimir Ilic, le candidat de Nouvelle Serbie au premier tour, ne sort pas affaibli du scrutin.
Dans sa première intervention télévisée, Boris Tadic a tenu à remercier particulièrement les électeurs du Sandzak, de Voïvodine et de Belgrade pour leur soutien. Il n’a en revanche mentionné ni le gouvernement, ni son Premier ministre Vojislav Kostunica qui ne lui avait pas apporté son soutien lors de la campagne. L’heure des règlements de compte pourrait vite venir, mettant à bas la coalition gouvernementale.
Le 7 février, la Serbie doit signer un « accord politique » avec l’Union européenne, que refuse Vojislav Kostunica, qui dénonce le soutien de l’UE à l’indépendance du Kosovo. Il n’est pas certain que le Parti démocratique (DS) de Boris Tadic sorte gagnant du nouveau bras de fer qui s’annonce.
Les partisans du président réélu ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et la fête, qui a commencé peu après 22 heures devant le siège du DS fut de courte durée. Moins d’un millier de personnes étaient rassemblées sur la place de République et à Terazije, dans le centre de Belgrade, pour célébrer la victoire. Dès 23h30, les balayeurs ont commencé à nettoyer la rue qu’abandonnaient les jeunes partisans de Boris Tadic.