par RFI
Article publié le 05/02/2008 Dernière mise à jour le 05/02/2008 à 08:56 TU
Le centre de la ville de Ndjamena est désert. Des milliers de Tchadiens fuient le pays.
(Photo : AFP)
L’accalmie sur le front militaire est difficile à interpréter. S’agirait-il de la préparation de nouveaux combats à venir dans Ndjamena et autour de la capitale tchadienne ? Oui, si on s’en tient aux déclarations des rebelles, qui affirment avoir opéré un repli stratégique après les violents combats de samedi et dimanche et attendre des renforts venus de l’est.
Du côté des autorités tchadiennes, on indique que la situation dans la capitale est sous contrôle. L’armée est visible aux différents points névralgiques. La réalité décrite par les journalistes présents sur place, c'est que les rebelles ont bel et bien quitté Ndjamena. Loin de leurs bases, renonceraient-ils à poursuivre les coups de boutoir au cœur du régime d’Idriss Deby ? Pas si sûr. Environ 200 combattants naviguaient hier entre Massaguet et Djermaya, à plus de 50 kilomètres au nord-est de la capitale. Ils attendraient des renforts. Mais selon certaines sources, c'est plutôt un millier de rebelles soudanais du MJE, alliés du président Deby, qui seraient en route vers Ndjamena et qui tenteraient d'empêcher les rebelles tchadiens de rejoindre leurs bases, à plusieurs centaines de kilomètres.
L’Onu condamne, la France hausse la voix
A l’initiative de la France, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté hier un texte qui soutient le président du Tchad, Idriss Deby, et condamne l'attaque des rebelles. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité et a mis en garde les rebelles tchadiens. De son côté Washington a demandé au gouvernement soudanais de mettre fin à tout soutien aux rebelles tchadiens. Mais Khartoum continue de nier toute implication directe dans les combats au Tchad.
Chef de la diplomatie française
« Nous n'avons pas l'intention de mettre les troupes françaises en alerte plus qu'elles ne le sont et d'entamer des opérations militaires. »
Il n’y a pas encore de bilan précis des victimes des combats du week-end. Le premier chiffre avancé par des organisations humanitaires fait état d’au moins 500 blessés.
Les dégâts matériels sont importants. Aux abords de la présidence, les traces de destruction sont visibles : des vitres brisées, des impacts de balles et d'obus sur les façades, des arbres sectionnés ou encore des véhicules calcinés témoignent de la violence des combats.
Les habitants de Ndjamena ont quitté la ville par dizaines de milliers vers la localité voisine de Kousseri, au Cameroun. Des hommes et des femmes soulagés mais aussi brisés. Certains d'entre eux sont anéantis par les drames qu'ils viennent de vivre.
« Aucune assistance humanitaire ne vient en aide à ces dizaines de milliers de déplacés. Seuls quelques membres de la Croix rouge camerounaise font leur possible. »
Antonio Guterres, le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, se dit « préoccupé » par cette situation humanitaire qui pourrait devenir encore plus critique.
Concernant les expatriés, 936 personnes ont déjà été évacuées vers le Gabon par l'armée française. Près de 230 autres sont encore à Ndjamena et attendent leur évacuation. Hier, 200 Français ont encore été rapatriés. Ils sont arrivés à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, en provenance de Libreville, au Gabon. Il y avait également 163 étrangers dans l'avion. Certains des évacués du Tchad sont encore au Gabon. Ils ont choisi d'y rester, espérant vite rentrer à Ndjamena, si la situation s’apaise.
Ministre français de la Défense
La France a signé avec le Tchad un accord de coopération militaire selon lequel nous apportons le soutien logistique, la santé, la formation, mais en aucun cas il ne s'agit d'un accord de défense.
05/02/2008 par Frédéric Rivière
Président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme
Il est inacceptable qu'il y ait un amalgame entre l'opposition démocratique et l'opposition militaire. La Fédération internationale des droits de l'homme a toutes les raisons de craindre pour la vie des opposants politiques tchadiens arrêtés.
05/02/2008 par Catherine Ninin