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Pakistan

Législatives : le Pendjab, clé du scrutin

Article publié le 17/02/2008 Dernière mise à jour le 17/02/2008 à 22:13 TU

Près des 80 millions de Pakistanais se rendent aux urnes ce lundi dans un contexte de tension et de violence. Les forces de sécurité ont été placées en état d’alerte maximale suite à l'attentat suicide le plus meurtrier de l'année, qui a fait 47 morts samedi dans les zones tribales. Quelque 58 000 soldats ont ainsi été appelés en renfort à Lahore, capitale de la province du Pendjab qui compte le plus grand nombre de sièges à pourvoir.

Enchevêtrement de bannières et d'affiches électorales.(Photo : Claude Verlon)

Enchevêtrement de bannières et d'affiches électorales.
(Photo : Claude Verlon)

De notre envoyé spécial au Pakistan, Stéphane Lagarde

Qui gagnera la bataille du Pendjab ? Malgré la clôture de la campagne officielle samedi soir à minuit, les partisans des principaux partis ont continué de défendre leurs couleurs dimanche, allant jusqu’à provoquer un embouteillage de bannières et d’affiches. Impossible d’y échapper ! Les derniers espaces disponibles à Lahore ont très vite été pris d’assaut. Pour les derniers indécis, la piqûre de rappel a été administrée par des militants parfois venus en famille, en voiture, en triporteur, à vélo, à pied ou même en charrette à bœuf, tous drapeaux dehors et n’hésitant pas à distribuer tracts et autocollants comme s’il s’agissait de pétales de roses.

Enfant portant un drapeau du PML N (Ligue musulmane pakistanaise de Nawaz Sharif). (Claude Verlon/RFI)

Enfant portant un drapeau du PML N (Ligue musulmane pakistanaise de Nawaz Sharif).
(Claude Verlon/RFI)

Car les élections au Pakistan sont aussi une affaire de moyens de transports, d’animaux et de symboles. Là encore, impossible d’échapper à ces signes qui courent les rues et les affiches. Des symboles bien pratiques pour une grande partie des électeurs qui ne lisent pas l’urdu (langue officielle.) Tous les partis politiques se sont mis au dessin. Le coup de crayon en vaut la chandelle : 849 sièges sont à pourvoir dans ces élections générales dont 342 pour l’Assemblée nationale. Le Pendjab est le mieux représenté avec 148 sièges à pourvoir, 61 dans la province du Sindh au Sud, 35 dans les territoires du Nord, 14 dans le Baloutchistan, 12 dans le sud Waziristan et deux dans la capitale, Islamabad. Sans compter les 60 sièges réservés aux femmes et 10 au non musulmans.

L’éléphant du parti des indépendants.(Photo : Claude Verlon/ RFI)

L’éléphant du parti des indépendants.
(Photo : Claude Verlon/ RFI)

Dans chaque district, des triangulaires sont à prévoir. Trois partis se taillent la part du lion, et même quatre si l’on compte « l’éléphant » du parti des indépendants. 

Suite à l’assassinat de Benazir Bhutto (Parti du Peuple Pakistanais), la Ligue Musulmane Pakistanaise (PML-Q) qui roule pour le chef de l’Etat est menacée dans les sondages.

La bicyclette du PML-Q, parti allié au président Musharraf. (Photo : Claude Verlon/ RFI)

La bicyclette du PML-Q, parti allié au président Musharraf.
(Photo : Claude Verlon/ RFI)

 

 La bicyclette, emblème du parti, est donc plutôt bien choisie question rétro-pédalage. Mais les partis d’opposition préfèrent faire référence au « dopage » et notamment à l’utilisation des biens publics et de fonds de l’Etat pour soutenir les candidats proches du pouvoir.

 

 

Le tigre, symbole du Parti de Nawaz Sharif.(Photo : Claude Verlon/RFI)

Le tigre, symbole du Parti de Nawaz Sharif.
(Photo : Claude Verlon/RFI)

La Ligue Musulmane Pakistanaise (PML-N) de Nawaz Sharif a appelé ses militants à se rendre très nombreux dans les bureaux de vote pour surveiller ce qui s’y passe. L'ex-Premier ministre a averti qu'en cas de triche dans les urnes, « la situation tournerait au chaos et conduirait à une sorte d'anarchie ». Selon les leaders du parti à Lahore, 16 bureaux ont été déplacés en ville afin de convenir aux « tactiques » du parti au pouvoir. Ce qui n’empêche pas le mouvement de Nawaz Sharif d’être donné vainqueur dans de nombreux districts au Pendjab. Selon Khawaja Aamer Raza, le porte-parole du PML-N : « La haine est tellement forte contre Musharraf que nos candidats devraient quand même l’emporter ».

Un optimisme que partage le Parti du Peuple Pakistanais (PPP). Le Parti de l’ex-Premier ministre assassinée en décembre dernier devrait rafler une majorité des suffrages dans son fief du Sindh au sud, tout en misant, là encore, sur le Pendjab pour l’emporter.

La flèche du PPP, le parti de Benazir Bhutto.(Photo : Claude Verlon/ RFI)

La flèche du PPP, le parti de Benazir Bhutto.
(Photo : Claude Verlon/ RFI)

Le veuf de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari, qui dirige le PPP, est venu faire son dernier grand meeting à Faisalabad. A Lahore, samedi, il a même rencontré Nawaz Sharif à la mosquée pour évoquer un hypothétique partage du pouvoir.

Unis dans la victoire comme dans la défaite, les deux grands partis d’opposition annoncent leur intention d’appeler ensemble à manifester en cas de fraude massive.

Le loup, symbole du boycott du scrutin, sur cette affiche du parti d'Imran Khan.   (Photo : Claude Verlon/ RFI)

Le loup, symbole du boycott du scrutin, sur cette affiche du parti d'Imran Khan.
(Photo : Claude Verlon/ RFI)

« Les élections seront libres, équitables, transparentes et pacifiques. Nous ne laisserons personne (…) perturber le processus électoral », a prévenu le ministre de l'Information, Nisar Memon. Un avertissement adressé notamment à tous ceux qui appellent au boycott du scrutin, et notamment Imran Khan et ses alliés islamistes de la Jamaat-e-Islami. Depuis l’instauration de l’état d’urgence le 18 octobre dernier, l’ex-vedette du cricket condamne la mise au pas des juges et s’est mis lui-même mis hors-jeu. D’où cette immense affiche déployée lors de son dernier meeting, samedi, devant le fort de Lahore : « Le loup c’est Musharaf qui s’apprête à dévorer les bulletins des électeurs », expliquait alors l’un des porte-parole des islamistes.