par RFI
Article publié le 25/02/2008 Dernière mise à jour le 26/02/2008 à 14:02 TU
Des graves incidents se sont produits lundi dans plusieurs villes camerounaises, sur fond de grève des transporteurs contre la hausse des prix de l'essence. Si le mouvement a été bien suivi et si la journée a été calme à Yaoundé, il y a eu des incidents ailleurs : à Bafoussam, Kumba et Buéa mais surtout à Douala, la capitale économique du pays, où des milliers de contestataires ont défilé de manière incontrôlée. De nombreuses scènes de pillage ont eu lieu et il y a eu des victimes. La situation s’est calmée dans la soirée, mais la tension était toujours perceptible. Les syndicalistes qui se sont entretenus avec le Premier ministre ont décidé de reconduire leur mouvement.
La grève des transporteurs contre l’augmentation des prix du carburant et la hausse des prix de plusieurs produits de première nécessité s’est transformée en une insurrection générale à Douala, où des saccages et des pillages se sont produits dans certains quartiers : hôtels, restaurants, stations-service n’ont pas résisté à la fureur des casseurs. Autre cible des manifestants : des édifices administratifs, mairies et sous-préfectures ont été incendiés. Dans cette ambiance survoltée il était difficile de distinguer entre simples actes de vandalisme et mouvements de revendication politique. Il n’était plus seulement question de la hausse des prix des carburants. La population cherche à comprendre les raisons de cette flambée de violence qui aurait provoqué plusieurs morts.
Selon le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement il y a eu un mort lundi matin à Douala. Jean-Pierre Biyiti Bi Essam a ajouté que des bandes incontrôlées ont brûlé six stations services. Il a admis qu'il y a une grogne sociale, mais n'exclut pas que ces manifestations contre la hausse des prix peuvent être récupérées par les politiques.
Ministre camerounais de la Communication.
« Le bilan actuel c'est un mort, un mort à Bonaberi, c'est un quartier de Douala. »
Le parti du président Paul Biya a dénoncé les « violences aveugles » qui ont eu lieu à Douala. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a présenté ses condoléances aux « familles endeuillées » et a appelé la population à « ne pas céder à la panique ».
La situation dans la capitale politique du Cameroun, Yaoundé, a été plus calme, même si le mot d’ordre de grève y a été bien suivi. Les commerces étaient ouverts et les voitures particulières pouvaient rouler. L’intersyndicale a été reçue par le Premier ministre mais les syndicalistes n’ont pas obtenu de satisfaction. Ils demandaient notamment une révision de l’augmentation du prix du carburant, moins 16 centimes comme auparavant, ce qui n’a pas été accordé pour le moment. Une nouvelle réunion entre les syndicats des transporteurs et le ministre des Transports et prévue pour mercredi. Les syndicalistes ont annoncé une reconduction de leur mouvement.
La France a appelé ce lundi à un débat « pacifique et démocratique » au Cameroun. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pascale Andréani, a aussi déploré « l'issue dramatique qu'a connue la manifestation de samedi », à l'appel du SDF, le Social Democratic Front, principal parti de l’opposition camerounaise qui avait organisé un rassemblement contre le projet de révision de la Constitution qui autoriserait le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, à briguer une nouveau mandat.
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26/02/2008
Président du Synata, le syndicat camerounais des chauffeurs de taxi, et porte-parole du collectif des syndicats des transports
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26/02/2008 par Emmanuel D'Abzac
« J'ai garé ma voiture quelque part, et j'ai vu 500 mètres plus loin qu'il y avait des barricades, j'ai voulu négocier avec ces gens mais ils s'en sont pris à moi... J'ai eu la vie sauve grâce à la police »
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