Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Espagne

La campagne électorale suspendue

par Patrick Adam

Article publié le 07/03/2008 Dernière mise à jour le 08/03/2008 à 10:57 TU

José Luis Zapatero au moment où il apprend l'assassinat au Pays Basque d’un ancien élu socialiste.(Photo : Reuters)

José Luis Zapatero au moment où il apprend l'assassinat au Pays Basque d’un ancien élu socialiste.
(Photo : Reuters)

Les Espagnols voteront dimanche pour élire leurs trois cents cinquante représentants au Congrès et désigner un futur chef de gouvernement. Malgré une économie au ralenti et une droite très agressive sur la question de l’immigration, le Premier ministre sortant José Luis Zapatero est donné favori.

La campagne électorale aurait du s’achever vendredi soir après les deux grands meetings prévus à Madrid par les socialistes et la droite. L’assassinat au Pays Basque d’un ancien élu socialiste en aura décidé autrement. Aussitôt après l’annonce de ce meurtre le gouvernement socialiste a convoqué tous les partis politiques au Congrès des députés pour une réunion en urgence. La crainte d’attentats menés par les séparatistes basques de l’ETA avait tendu la campagne électorale et, depuis le 21 février, le niveau de sécurité avait été relevé à son niveau maximum. Après ce nouvel assassinat dans le nord du Pays Basque le chef du Parti populaire, Mariano Rajoy, a lancé un appel à l’unité de la nation « pour vaincre l’ETA ».

Cet attentat survenu juste avant le scrutin n’est pas sans rappeler dans une moindre mesure ce qui s’était passé en 2004. A quelques jours des élections, l’explosion de plusieurs bombes dans une gare de Madrid avait fait 191 morts et changé la donne. Après huit années au pouvoir le Parti Populaire avait tenté d’exploiter politiquement cet attentat. Malgré les preuves qui s’accumulaient et désignaient des islamistes comme étant les auteurs, la droite emmenée par José Maria Aznar avait tenté d’imposer une autre version en accusant l’ETA d’en être responsable. Un mensonge qui avait coûté la victoire à la droite.

Rien de commun aujourd’hui mais le dossier basque n’aura cessé d’empoisonné le gouvernement socialiste en offrant à l’opposition d’inépuisables arguments. L’une des grandes promesses de José Luis Zapatero était de refermer le lourd dossier du terrorisme basque. Des pourparlers secrets avaient même été engagés, jusqu’à ce que l’organisation séparatiste, malgré une trêve qu’elle avait elle-même proclamée, fasse exploser une bombe à l’aéroport de Madrid en décembre 2006 tuant deux Equatoriens. Le gouvernement socialiste avait alors abandonné toute velléité de dialogue et remis l’accent sur les seuls volets policier et judiciaire. Mais la droite n’aura jamais pardonné à la gauche d’avoir tenté de négocier, multipliant les attaques contre le gouvernement, les manifestations de rues et refusant la main tendue par le pouvoir au nom de l’unité nationale.

L’appel aux indécis

Mais la question basque, jamais très loin dans le débat politique en Espagne, aura cédé la place à d’autres thèmes au cours de la campagne. En premier lieu l’immigration. Après les années d’expansion économique les indicateurs fléchissent. Le chômage remonte et l’inflation s’envole, du coup la question de l’immigration fait recette. Le PP de Mariano Rajoy en a fait son thème prioritaire et propose un « permis de séjour » à points qui favoriserait les ressortissants d’Amérique latine aux dépens des émigrés de pays arabes.

L’Espagne est le pays d’Europe où la population immigrée a augmenté le plus vite ces dernières années et la droite taxe de « laxiste » un Premier ministre socialiste qui, dans les premiers temps de son gouvernement, avait choisi de régulariser 700 000 sans-papiers pour limiter le travail au noir.

Durant les derniers jours de la campagne les deux formations ont tenté de mobiliser les indécis, principalement la gauche dont les électeurs ont la réputation d’être moins disciplinés. José Luis Zapatero a insisté auprès des jeunes pour qu’ils le soutiennent comme ils l’avaient fait en 2004. D’autant que les réformes du gouvernement socialiste, comme le mariage homosexuel, si elles donnent de l’urticaire aux représentants de l’Eglise sont en revanche soutenues par la jeunesse.

Isaías Carrasco abattu dans sa ville de Mondragón

Avec notre envoyée spéciale à Madrid, Béatrice Leveillé

C'est un ancien conseiller municipal de Mondragón, une ville de 20 000 habitants à 50 kilomètres de Bilbao, qui a été assassiné. Le tueur lui a tiré dans le dos alors qu'il sortait de chez lui. Isaías Carrasco avait 42 ans. Il était père de trois enfants. Une de ses filles a vu l'assassin s'enfuir.

L'attentat est attribué à l'ETA par le ministre de l'Intérieur. Alfredo Pérez Rubalcaba a affirmé que le crime ne restera pas impuni. La campagne électorale, qui devait être clôturée vendredi soir à Madrid par les deux grands partis, a été suspendue. Le Parti socialiste a rappelé qu'il était important dans de telles circonstances de rester solidaire et d'aller voter. Un vote massif serait pour le Parti socialiste la meilleure réponse à cet attentat. A droite, Mariano Rajoy, le candidat du Parti populaire s'est exprimé très rapidement et a déclaré : « C'est un jour de lutte. Il va falloir rester unis et la seule option c'est la déroute de l'ETA ».

Mondragón, ville industrielle du Pays Basque est dirigée par la gauche Abertzale, la gauche indépendantiste, qui n'a pas pu participer à ces élections en raison de ses liens avec l'ETA. Isaías Carrasco n'avait plus de gardes du corps depuis qu'il n'était plus conseiller municipal.

Sur le même sujet

Espagne

José Luis Zapatero, l'actuel chef du gouvernement socialiste (à gauche), et Mariano Rajoy, son rival du Parti populaire (à droite).( Photo : Reuters )

Un duel intense

26/02/2008 à 11:41 TU

Espagne

Le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero (g) et le leader du Parti populaire Mariano Rajoy. (Photos : AFP / Montage : RFI)

Scène de campagne

21/02/2008 à 22:58 TU