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Crise en Amérique latine

Première concession prudente d’Alvaro Uribe

par Stefanie Schüler

Article publié le 07/03/2008 Dernière mise à jour le 07/03/2008 à 20:24 TU

Le président colombien a reconnu ne pas avoir prévenu l’Equateur du raid contre les FARC. Au sommet du Groupe de Rio, qui se tient ce vendredi à Saint Domingue, il a rencontré pour la première fois depuis le début du conflit ses adversaires, les présidents équatorien et vénézuélien, Rafael Correa et Hugo Chavez. La République Dominicaine, qui préside cette année ce forum régional, s’est efforcée d’afficher un certain optimisme. Mais les tensions qui pèsent sur la rencontre sont extrêmes.

La photo de famille des chefs d'Etat prise avant le début du sommet du Groupe de Rio.(Photo : Reuters)

La photo de famille des chefs d'Etat prise avant le début du sommet du Groupe de Rio.
(Photo : Reuters)

« Je reconnais que je ne l'ai pas informé de l'opération ». Voilà ce qu’a déclaré Alvaro Uribe en ouverture du sommet du Groupe de Rio à l’adresse de son homologue équatorien Rafael Correa, ce vendredi à Saint Domingue. Un aveu qui pourrait annoncer un tournant dans la grave crise entre la Colombie et l’Equateur ainsi que le Venezuela, déclenchée par un raid militaire de l’armée colombienne contre un camp des FARC en territoire équatorien. « Je suis prêt à demander pardon, car nos hélicoptères sont entrés en territoire équatorien », a même ajouté le président colombien à la surprise générale, alors qu’il avait jusqu’ici toujours nié avoir violé l’espace aérien de son pays voisin.

Mais malgré cette volonté affichée de la part du chef d’Etat de la Colombie de calmer les très fortes tensions qui pèsent sur l’Amérique latine, il est resté toutefois fidèle à sa ligne dure contre la guérilla : Alvaro Uribe a ainsi justifié le raid durant lequel le numéro deux des FARC, Raul Reyes a été tué, déclarant qu'il s'agissait d'une opération contre « l'un des plus sombres terroristes de l'histoire de l'humanité ». Et les autorités équatoriennes n’ont pas été mises au courant, parce que la Colombie n’avait « pas eu la coopération du président Correa en matière de lutte contre le terrorisme ».

C’est la première fois qu’Alvaro Uribe, Hugo Chavez et Rafael Correa se retrouvent dans un même lieu depuis que la grave crise diplomatique a éclaté entre eux samedi dernier.

A Saint Domingue, qui accueille cette année les 21 chefs d’Etat des pays membres du Groupe de Rio, on se veut optimiste : « Le sommet pourrait être le théâtre approprié à tout type de médiation », a avancé prudemment le vice-ministre des Affaires étrangères dominicain, José Manuel Trullols. « C’est un cadre propice au dialogue et à la concertation politique ».     

Le Groupe de Rio

Le Groupe de Rio a été crée en décembre 1986. C’est un mécanisme de consultations politiques qui vise à une meilleure coopération entre les différents pays d’Amérique latine.

Depuis ce jeudi, le Groupe de Rio s’est élargi à deux nouveaux pays, Haïti et le Guyana, ce qui porte le nombre des pays membres à 21.

L’organisation tient ses origines du Groupe de Contadora. Cette initiative conjointe de la Colombie, du Mexique, du Venezuela et du Panama avait, au cours des années 80, œuvré à la pacification de l’Amérique centrale, alors ravagée par des conflits militaires.

 

Dans le cadre de ce sommet du Groupe de Rio, les pays d’Amérique latine se retrouvent entre eux, c'est-à-dire sans les Etats-Unis. Selon certains diplomates, ce facteur pourrait bien augmenter les chances pour trouver une issue à la crise. Lors du conseil de l’Organisation des Etats américains (OEA) mardi et mercredi à Washington, ses membres n’ont en effet pas été capables de se mettre d’accord sur une ligne commune pour sortir du conflit, car les Etats-Unis, proches alliés de la Colombie, n’ont pas accepté une condamnation explicite de l’action militaire colombienne. En conséquence, l’OEA n’a pu se mettre d’accord que sur la reconnaissance d’une « violation de la souveraineté » de l’Equateur.

A Saint Domingue, en revanche, Alvaro Uribe se trouve seul parmi ses homologues latino-américains. « La présence américaine en Colombie complique beaucoup les relations de ce pays avec ses voisins », explique Jose Botafogo, le directeur de Cebri, un groupe de réflexion spécialisé dans la politique étrangère, basé à Rio de Janeiro. « Personne en Amérique du Sud est à l’aise avec une forte implication des Etats-Unis dans la région ».

Même son de cloche chez Celso Amorim, ministre des Affaires étrangères brésilien : « Plus nous arrivons à contenir cette crise à l’intérieur de l’Amérique latine, plus nous avons une chance de trouver une solution et d’éviter une polarisation de toute la région (entre l’allié des Etats-Unis, à savoir la Colombie, et le camp anti-américain constitué du Venezuela et ses alliés, notamment le Nicaragua, Cuba, la Bolivie et l’Equateur, ndlr) ».

Dans les coulisses du sommet, les deux parties opposées tentent chacune de convaincre les pays modérés du Groupe de Rio du bien fondé de leurs positions : Alvaro Uribe de l’urgence de son combat contre les terroristes FARC, Hugo Chavez et Rafael Correa de l’urgence à condamner clairement la Colombie pour son raid militaire qui relève, selon eux, de « terrorisme d’Etat ».

Le sommet du groupe de Rio se prolonge

« Tous les pays latino-américains condamnent l'incursion équatorienne. »

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07/03/2008 par Jean-Michel Caroit