par Patrick Adam
Article publié le 14/03/2008 Dernière mise à jour le 14/03/2008 à 20:19 TU
Les permis de polluer pourraient devenir payants, si les industries ne réduisent pas leurs émissions de gaz à effet de serre.
(Photo : AFP)
L’objectif est connu depuis un an, mais sa mise en pratique reste à décider. En mars 2007, les pays membres de l’Union européenne s’étaient entendus pour, d’une part réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2020 par rapport à 1990, et d’autre part augmenter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation.
Un objectif d’autant plus ambitieux que la réduction des gaz à effet de serre pourrait être portée à 30% en cas d’accord international. « Nous nous sommes engagés à terminer les négociations sur ce paquet de mesures d’ici la fin de l’année », a déclaré le Premier ministre slovène Janez Jansa dont le pays préside l’Union jusqu’en juillet. Le président de la Commission José Manuel Barroso parle « d’accord de politique générale » tandis que le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering affirme espérer que le paquet législatif soit adopté « au printemps 2009 » juste avant les élections européennes du mois de juin. Le texte auquel seront parvenus les 27 servira alors de base pour un accord international fin 2009 à Copenhague.
Reste à savoir comment mettre en application ce qui reste à l’heure actuel un objectif politique. En janvier la Commission avait détaillé un plan d’action avec des objectifs pays par pays. A Bruxelles, la Commission a fait circuler un texte contenant près d’une trentaine de mesures, elles concernent à la fois les industries et les Etats membres dont certains d’ailleurs réclament des modifications. Alors que le document invite à une redéfinition des valeurs et à un changement de comportement des citoyens, la dernière des mesures préconisées demande par exemple aux « gouvernements nationaux et aux institutions européennes de montrer la voie en réduisant la consommation d’énergie de leurs bâtiments et de leurs parcs automobiles ».
L’ardeur écologique tempérée par l’industrie lourde
Autre exemple, présenté comme l’une des mesures phare de ce plan, le projet de faire payer à partir de 2013 aux entreprises les plus polluantes les fameux « permis de polluer » jusqu’à présent gratuits. Mais d’ici à la fin de l’année, les tractations s’annoncent difficiles. Les Européens sont par ailleurs conscients des risques qu’ils pourraient infliger à leurs industries. Les plus polluantes font planer la menace d’une délocalisation pour faire face à la concurrence venue de pays qui n’ont pas signé d’engagements internationaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
La chancelière Angela Merkel a d’ailleurs plaidé pour « dire, dès 2009, ce qui va se passer et ne pas attendre 2010 pour donner de la visibilité aux industriels ». L’Allemande a obtenu que la Commission prépare en urgence des mesures à même d’éviter le départ vers l’étranger d’industries sales comme le ciment ou la sidérurgie.
José Manuel Barroso se veut rassurant, « nous aurons dans notre législation des mesures pour protéger » ceux qui en auraient besoin. Alors que le président français Nicolas Sarkozy en appelle une nouvelle fois à « un mécanisme qui permettrait de frapper les importations des pays qui ne respectent pas les règles », l’Italien Romano Prodi, dont c’était le dernier sommet européen, met en garde contre la tentation d’une « spirale sans fin de rétorsions ».
Pour les Européens, l’enjeu est de taille. Donner l’exemple à 27, afin que l’Union impose son leadership et parvienne en 2009 à inclure dans un accord global des pays comme les Etats-Unis qui aujourd’hui sont à la traîne.
A écouter
« D’ici fin 2008, les dirigeants européens veulent trouver un accord et ainsi montrer l’exemple à la veille des négociations, au niveau mondial, prévues pour la fin 2009, à Copenhague ».
14/03/2008 par Heike Schmidt
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