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Kosovo

Les forces internationales butent sur les antagonismes kosovars

par François Cardona

Article publié le 18/03/2008 Dernière mise à jour le 18/03/2008 à 18:38 TU

La tension reste vive au nord du Kosovo, où de violents affrontements ont opposé les soldats des forces internationales à des Serbes. Ces heurts mettent en lumière le rôle des forces internationales au Kosovo, impuissantes à faire taire les armes, alors même que la mission de l’Union Européenne doit prochainement se déployer dans le nouvel Etat kosovar.

Face à face à Mitrovica ce 18 mars entre un Serbe du Kosovo et un soldat de l'Otan.(Photo : Reuters)

Face à face à Mitrovica ce 18 mars entre un Serbe du Kosovo et un soldat de l'Otan.
(Photo : Reuters)

Après les violences de ce début de semaine, les plus graves depuis la proclamation de l'indépendance du Kosovo le 17 février dernier, la police de la Mission de l'ONU (MINUK) s'est retirée du nord de Mitrovica, peuplé majoritairement de Serbes ; les Albanais résidant au sud. La force de l'OTAN (KFOR) est en revanche restée dans la partie nord de la ville. Les soldats de l’Alliance Atlantique assument donc seuls le maintien de l’ordre dans cette zone.

La situation très confuse qui règne dans le nord du Kosovo inquiète les Européens, car ils doivent y envoyer prochainement une mission civile pour guider l’indépendance du nouvel Etat et remplacer la MINUK (mission intérimaire des Nations unies au Kosovo), chargée du maintien de l’ordre. Sur place, la KFOR (Kosovo Force), envoyée par l’OTAN, constitue le plus important dispositif militaire. L’envoi de ces deux forces au Kosovo a été décidé le 10 juin 1999, par le Conseil de sécurité de l’ONU, via la résolution 1244.

36 pays participent à la KFOR

Actuellement un peu moins de 16 000 soldats de la KFOR sont présents dans l’ex-province serbe. Leur mission est large : prévenir la reprise des hostilités, assurer le maintien de l’ordre, surveiller les frontières, assurer la liberté de circulation, superviser le déminage… Les effectifs militaires ont été largement réduit, puisqu’en 2000 près de 46 000 soldats portaient le sigle de la KFOR. Aujourd’hui 36 pays participent à cette force. L’Italie est en tête avec plus de 2 500 hommes, suivie de l’Allemagne et de la France, mais on y retrouve aussi le Maroc, l’Azerbaïdjan, les Etats-Unis, la Turquie, la Suède, ou encore l’Ukraine. Et c’est le Français Xavier de Marnhac qui commande cette force de l’OTAN depuis le 1er septembre 2007.

2 000 policiers onusiens

Outre cette importante force militaire, le Kosovo accueille également une force civile sous mandat de l’ONU. La MINUK comprend un peu plus de 2 000 policiers, envoyés par 47 pays. Les Etats-Unis sont les premiers contributeurs avec 214 personnes, suivis du Pakistan, de l’Ukraine et de la Roumanie. Y participent également le Royaume-Uni, la France, la Turquie mais aussi le Népal, le Zimbabwe, le Malawi, la Jordanie, ou encore le Kirghizistan.

La mission de la MINUK ? Assurer les fonctions administratives au Kosovo aussi longtemps que nécessaire, relever l’économie, faciliter la reconstruction du pays, défendre et promouvoir les droits de l’homme… et, jusqu’à la déclaration d’indépendance du Kosovo, faciliter un processus politique visant à déterminer le statut de l’ex-province serbe. Un vaste programme, loin d’être achevé.

EULEX : gérer l’indépendance

En dépit de la présence de ces quelque 18 000 soldats et policiers étrangers sur le sol kosovar, la situation sécuritaire reste tendue, voire explosive, comme l’ont démontré les événements violents de Mitrovica en début de semaine.

L’Union européenne doit pourtant prochainement envoyer une mission civile de 1 900 policiers et juristes (EULEX), qui doivent théoriquement prendre le relai de la MINUK d’ici à mi-juin. EULEX, dirigée par le Français Yves de Kermabon, sera soutenue par 1 000 fonctionnaires kosovars.

Mission européenne en « stand-by »

Mais pour le moment, les conditions d’un tel déploiement européen, surtout dans le nord du Kosovo, ne semblent pas réunies, comme le confirmait à demi-mot ce mardi le nouvel émissaire de l'UE, Pieter Feith : « Nous avons toujours l'intention de déployer la mission dans l'ensemble du territoire du Kosovo ». Pour des raisons de sécurité, le mois dernier, l'UE a retiré une petite équipe d'avant-garde implantée au nord de Mitrovica.

Seul un petit groupe d’experts et de chefs d’unités est déjà présent à Pristina, où est installé le QG d’EULEX. La Serbie refuse catégoriquement le déploiement d’une telle mission, dont l’objectif est d’aider le Kosovo à gérer l’indépendance. Et les violences qui ont visé les membres de la KFOR et de la MINUK au début de la semaine à Mitrovica semblent donc exclure, pour le moment, un déploiement du personnel d’EULEX dans le nord du nouvel Etat.

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